1.6. La formation et l'installation des jeunes
agriculteurs
La formation des jeunes agriculteurs est un volet de l'action
de modernisation des structures de production entreprise en 1977 dont la
concrétisation débuta en 1980. Il s'agissait essentiellement
d'aider les jeunes du milieu rural à s'orienter vers l'agriculture et
à s'y consacrer afin de participer pleinement à l'effort national
engagé pour l'amélioration et l'accroissement de la production.
Cinq Centres de formation de jeunes agriculteurs (CFJA) à raison d'un
par Région, furent alors ouverts. Dans ces centres, devaient être
formés pendant deux ans, 500 jeunes (garçons et filles) d'un
niveau scolaire au moins égal à celui de la classe de
3è. Il s'agit des centres de Zionvonou dans le Maritime,
d'Adéta dans les Plateaux, d'Attéda dans la Kara, de Barkossi
dans les savanes, et de Kambolé dans la centrale. A l'issu de la
première vague de formation, 408 jeunes seulement ont pu mener la
formation jusqu'à terme, le reste l'ayant abandonné. Ainsi ces
408 jeunes agriculteurs modernes formés furent repartis à partir
de février 1983 sur toute l'étendue du territoire dans des zones
à vocation agricole et pris en charge par les projets en cours
d'exécution de ces zones ou par les DRDR de ces localités. L'Etat
les accompagnait dans leur installation par les aides sous forme de bourse ou
sous forme alimentaire, ou aussi sous forme d'intrants ou de travaux de
génie rural. C'est ainsi que de mars à décembre 1983,
chacun de ces jeunes avait reçu 5 000 FCFA par mois, pour un coût
total de 20 400 000 FCFA91.En dépit de tous ces moyens
d'accompagnement, les résultats de la production de ces jeunes
après une campagne ne donnèrent pas de résultats
encourageants comme le montre le tableau n°2.
53
91 Rapport annuel, DRDR, 1983, p. 146-148.
54
Tableau n° 2:Prestation des jeunes agriculteurs
modernes de la campagne agricole 1983-1984 pour la culture du
maïs
Régions
|
Zones et effectif de jeunes agriculteurs (JA)
|
Maïs
|
Observation
|
Sup. (ha)
|
Prod. (kg)
|
Maritime
|
Mission Tové (187)
|
92
--
|
|
Rendement médiocre
dan l'ensemble
|
Togodo (15)
|
28,5
|
14,34
|
Agomé-Glouzoou (12)
|
10
|
4800
|
Plateaux
|
Wahala (10)
|
10
|
5 000
|
Rendement très faible
|
Kpélé (16)
|
24,75
|
11 450
|
Centrale
|
Alibi (8)
|
8
|
200
|
Résultat médiocre sauf à Kamboli où
il est passable
|
Kamboli (8)
|
8
|
8 004
|
Lama-tessi (10)
|
10
|
7 500
|
Blitta (29)
|
6
|
1 902
|
Savanes
|
Borgou (15)
|
15
|
22 600
|
Résultat assez
encourageant
|
Kara
|
Agbassa (10)
|
-
|
-
|
Renseignements non
parvenus
|
Kabou (24)
|
-
|
-
|
Source : Rapport annuel, DRDR, 1983, p.
147.
De l'analyse des résultats de ce tableau, il est clair
que l'opération d'installation de jeunes agriculteurs ne fût pas
une réussite malgré tous les efforts
déployés93.De toutes les zones d'installation des JA,
seule celle de Borgou dans les Savanes donna des résultats assez
encourageants alors que c'est la zone qui accueillit le plus petit nombre de
JA. En effet, cette région n'eut qu'une seule zone d'installation de 15
JA contre deux zones de 24 JA de la Kara, quatre zones de 54 JA de la Centrale,
deux zones de 26 JA des Plateaux et deux zones de 204 JA de la Maritime aux
résultats somme toute décevants. L'hypothèse d'une
mauvaise répartition des JA ne saurait donc être
écartée, mais les principaux problèmes de cet échec
sont selon le rapport annuel de la Direction générale du
développement rural de
92Les jeunes agriculteurs de la zone de Mission
Tové ne produisaient exclusivement que du riz faute de terres
sèches.
93Schwartz (1989, p. 101) remarque que leur
installation, théoriquement assurée par l'État, pose
cependant tellement de problèmes qu'en août 1988 ils ne sont plus
que 298 à ne pas avoir abandonné.
55
l'année 1983,les suivants : la précipitation et
l'improvisation totale de l'installation des JA est la principale cause. «
Aucune structure d'encadrement n'était préparée
à accueillir les JA de telle sorte que dans beaucoup de cas, le
démarrage de la campagne a été tardif
»94. Mis à part les difficultés de logement,
d'eau de boisson et de conditions climatiques, le problème de moyens de
production reste le plus palpitant d'entre-deux. En effet, « aucune
prévision financière ou autre n'est faite au niveau des
structures d'encadrement pour leur permettre d'apporter l'assistance
matérielle nécessaire aux jeunes, particulièrement en ce
début où ces derniers sont dépourvus de tout »
95.A toutes ces raisons, il faut aussi mentionner que la politique
d'installation des JA a ignoré l'approche participative des jeunes
concernés, comme le signale Y. Nagnango96 « Est-ce
que les jeunes-là ont dit qu'ils voulaient retourner à la terre ?
Il fallait motiver les jeunes, que les volontaires se dégagent pour
qu'on les forme... les gens décident seuls dans leur bureau, c'est ce
qui a fait que cette politique a capoté ».
L'amorce de la modernisation agricole ayant pour objectif le
dégagement d'excédents céréaliers, il avait paru
important de penser à la transformation de ceux-ci afin de garantir la
sécurité alimentaire.
|