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Politiques agricoles et sécurité alimentaire au Togo (1977-2008).

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par Halourou MAMAN
Université de Lomé - Master en Histoire économique et sociale 0000
  

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1.4. Le développement de l'élevage et son impact du la production agricole

La promotion de l'élevage dans la logique de la révolution verte répondait à deux impératifs. Eponger dans un bref délai le déficit en protéines animales auquel faisait face le pays afin de compléter l'autosuffisance alimentaire, et procurer des animaux de trait pour la culture attelée. La philosophie de la révolution verte considère que l'élevage constitue son second volet après la production végétale. Ainsi, une large diffusion des bienfaits de l'élevage a été faite durant les années quatre-vingt, notamment par des sensibilisations et des séminaires extraordinaires à travers tout le territoire. Cette politique d'incitation et de sensibilisation voulait mettre en application les recommandations du 6èm congrès national du RPT portant sur la production agro-pastorale. À l'issue de ce congrès, le Général Eyadema appelait tous ses compatriotes à traduire dans les faits lesdites recommandations. Le message du Général Eyadema à ce conseil était très illustratif : « ...l'autosuffisance alimentaire serait incomplète si la production agricole79 n'est pas suivie de la production animale »80. A l'issue de ce conseil, il lança un appel solennel à tout Togolais quel que soit son rang social ou son niveau d'éducation, à veiller à la croissance de la production agropastorale. Pour ce faire, diverses mesures aussi bien institutionnelles que techniques ont été mises en place. Ainsi cinq inspections régionales de vétérinaires à raison d'une par région ont été créées. Celles-ci coordonnent et centralisent les activités des inspections préfectorales installées dans toutes les préfectures du pays. L'objectif principal de ces institutions était d'assurer la santé animale par des campagnes de vaccination. Sur le plan technique, cinq centres d'élevage ont été mis à contribution, à savoir : le Centre de recherche et d'élevage d'Avétonou-Togo (CREAT), créé en 1964 grâce à une coopération germano-togolaise, il fut restructuré à partir de 1977 suivant la logique de l'heure. Ainsi, le centre étendit ses activités à la recherche sur la trypnotolérance bovine81. A partir de 1980, le centre se dota d'un programme de vulgarisation et distribua sous forme de crédit des bovins (de race n'dama et locale) et des petits ruminants de race djallonké aux paysans de la zone d'Agou alors sous-préfecture. L'élevage sous palmerais de la SONAPH, créé en 1982 visait à utiliser les bovins pour le nettoyage des palmeraies de la Société pour un meilleur développement des palmiers à huile, et à valoriser les sous-produits

79 Ici, la production agricole sous-entend la production végétale.

80 Discours du G. Eyadema, lors du 6èm congrès national du RPT, du 03 au 08 Décembre 1982.

81 C'est d'ailleurs à partir de cette date qu'il devient le Centre de recherche et d'élevage. Avant cette date, il ne faisait que des activités d'élevage.

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agro-industriels. Le ranch Bena-développement, une société mixte germano-togolaise, créée en 1971 dans la région des plateaux, avait pour objectif dans le cadre de le politique d'autosuffisance alimentaire, de produire de la viande de boucherie pour l'alimentation des centres urbains. Le centre produit aussi du porc. La capacité d'entretien du centre était estimée à 10 000 têtes de bovins sur une superficie de 27 000 km2, mais il n'utilisait que 5 000 ha en 1985, pour une production globale de 2 000 têtes, dont 240 porcs qui étaient livrés mensuellement82.Le ranch de l'Adélé dans le centre du pays assurait une production de taureaux N'dama réputés à la fois pour l'attelage, la consommation et surtout pour sa résistance à la trypanosomiase, alors que celui de Namiélé situé dans l'extrême nord du pays notamment dans les Savanes fournissait de bons boeufs de trait. L'élevage à cycle court conduisit les dirigeants à initier un programme nommé « projet petits ruminants ». Ce projet disposait de plus de 2 000 ovins. Il entrait dans la logique de la politique d'encouragement à l'élevage des volailles, des caprins, des porcins et des assins. A la fin du quatrième quinquennat en 1985, l'inventaire des troupeaux était le suivant : 207 792 têtes de porcins, 401 181 têtes de bovins (y compris ceux importés) et 649 565 têtes d'ovins-caprins83. Le fait que le nombre d'ovin-caprins soit supérieur à ceux de toutes les autres bêtes vient corroborer l'option prise par les dirigeants de réduire dans un bref délai le déficit protéique par le développement du petit élevage à cycle court84.

Pour stimuler la production toute entière, l'Etat avait aussi misé sur les intrants agricoles. 1.5. La vulgarisation des intrants

La vulgarisation des intrants de type moderne se résume à des semences sélectionnées, de l'engrais et des insecticides. C'est par définition la constituante de base de toute révolution verte. La production de semences sélectionnées (maïs, riz, sorgho, niébé, arachide, soja) est assurée depuis 1977 par la Ferme semencière de Sotouboua,mais aussi par certaines des structures de type administratif ou para-administratif d'encadrement du milieu rural, et aussi par des « paysans semenciers ».Les semences améliorées voient leur production s'accroître d'une façon notoire. De 1978 à 1981, la production du maïs sélectionné est passée de 248 tonnes à 436 tonnes, celle du sorgho de 2 tonnes à 153 tonnes, celle du riz de 98 tonnes à 354 tonnes et celle des arachides de

82 PROPTA, 1988, p. 71.

83 Ministère du plan et de l'industrie : 20 ans d'effort de planification pour le développement du Togo, p. 63.

84 Pour plus d'informations, lire Maman, 2011, p. 95.

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16 tonnes à 153 tonnes85. Quant aux engrais et aux insecticides, importés en totalité, ils coûtent chers, même si l'engrais vivrier est subventionné à 50 % par l'État depuis 197586. Pour mieux réussir la politique d'engrais, l'Etat avait créé depuis 1976 le Service national des engrais et de moyens de production. Ce service se chargeait de l'élaboration et de la définition de la politique en matière d'engrais et moyens de production. Il se chargeait aussi de la diffusion au niveau des utilisateurs des thèmes techniques indispensables à l'optimisation de l'engrais. Outre ces attributions, le service des engrais s'occupait de toutes les transactions et opérations ayant trait à la commande, la vente et la distribution des engrais, produits phytosanitaires, et appareils de traitement. Il avait aussi la responsabilité de la gestion des ressources financières provenant de diverses sources. En 1983, ce service fit de nombreuses réalisations. Depuis sa création, le service avait réalisé jusqu'ici 3 000 parcelles de démonstration qui jouèrent pour beaucoup dans la sensibilisation des populations paysannes. Une trentaine de magasins ont été construits dans les zones à vocation de production vivrière et cédés aux DRDR de ces localités87. Ceci augmenta la consommation des engrais au niveau national. En effet, les importations d'engrais sont passées de 5400 tonnes en 1977 à 24 000 tonnes en 198188. Les pesticides quant à eux étaient plutôt bénéfiques aux producteurs de culture de rente notamment les cotonculteurs. En effet, en 1985, un paysans togolais qui décide de produire du coton bénéficiait mis à part de l'engrais-coton (NPKSB), de l'insecticide, un pulvériseur à piles de type ULV contre une contribution forfaitaire de seulement 600 FCFA89. L'essor que le coton avait pris à cette époque en surclassant les produits traditionnels d'exportation (le café et le cacao) en est le principal motif. Les importations des insecticides sont passées de 240 000 tonnes en 1978 à 675 000 tonnes en 1981, soit une progression spectaculaire de 181,125 %, même si l'essentiel est utilisé par les cotonculteurs90.

85 Ministère du plan et des mines, Stratégie de développement à moyen terme, 1984, p. 16.

86 En conséquence, Schwartz montre qu'en 1987-1988, pour une culture aussi importante que celle du maïs par exemple, le stade III d'encadrement tel que défini par les responsables de l'agriculture togolaise (utilisation par les paysans de semences sélectionnées et de fumure) ne touche, suivant les régions, que de 2,5 % (régions des Plateaux et des Savanes) à 11,8% (région Maritime) des superficies emblavées.

87 Rapport annuel, DRDR, 1983, pp. 162-163.

88 Ministère du plan et des mines, Stratégie de développement à moyen terme, 1984, p. 16.

89 Schwartz, 1996, p. 3.

90 Ministère du plan et des mines, Stratégie de développement à moyen terme, 1984, p. 16.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote