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Politiques agricoles et sécurité alimentaire au Togo (1977-2008).

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par Halourou MAMAN
Université de Lomé - Master en Histoire économique et sociale 0000
  

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1.3. Le développement de la culture attelée

L'attelage constituait aussi un autre volet de la modernisation agricole tant prêchée par les pouvoirs publics. Cette pratique avait été initiée depuis longtemps et avait gagné la confiance des paysans de l'extrême Nord du pays. Ce qui n'était pas le cas au Sud. Dans la politique de la révolution verte, on chercha surtout à l'intensifier dans les zones où elle existait déjà et à la propager dans celles où elle n'existait pas encore. Les matériels d'attelage étaient initialement produits et distribués par le Centre de recherche d'élevage et d'agriculture d'Avétonou (CREAT), qui vulgarisait l'association agriculture-élevage. Mais à partir de l'année 1982, pour une meilleure prise en charge de la culture attelée, l'Etat décide de la création de deux organismes en la matière. Le premier, l'Unité de production des matériels agricoles (UPROMA), installé à Kara devait s'occuper de la fabrication des matériels nécessaires à l'attelage. Le second, Projet pour la promotion de la traction animale (PROPTA) installé à Atakpamé se chargeait de vulgariser les matériels produits par l'UPROMA dans les milieux paysans. Cet organisme coordonne aussi toutes les actions liées à cette pratique et des programmes connexes. En plus de ses sections purement administratives, le PROPTA dispose au niveau national de cinq divisions techniques chargées de la coordination du suivi sanitaire des animaux de trait, de la distribution des animaux, de l'approvisionnement et de l'amélioration de l'équipement de traction animale, de la formation technique ainsi que des activités de contrôle et d'évaluation. Grâce aux actions conjuguées de ces deux organismes, la traction animale va connaître un essor spectaculaire comme le montre le graphique 1.

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Graphique n °1:Evolution de l'attelage au Togo de 1978 à 1984

4500

4000

3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

0

1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985

Source : Réalisé par nous, à partir de Klutse A., Amegbeto K., et Westneat A., 1987 : 343.

Ce graphique montre que d'un peu plus de 1 000 en 1978, le nombre de d'attelages en atteignant les 4 195 en 1984 avait presque quintuplé. Mais il est clair que sur ce fort taux de croissance (303, 36 %) de l'attelage au Togo, le taux d'adoption n'était pas le même d'une zone à une autre, sur la même période, comme le montre le graphique 2.

Graphique n° 2: Taux de d'adoption de la culture attelée au Togo de 1978 à 1984

5 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Savanes Kara/Central Plateaux Maritime

Source : Réalisé par nous, à partir de Klutse A., Amégbéto K., Westneat A., 1987 : 343.

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D'une façon plus significative, les paysans de la région des Savanes ont atteint un taux proche de 7 %. Cependant dans les régions de la Kara et du Centre ce taux avoisine 1% alors que les agriculteurs de la région Maritime et de la Région des Plateaux n'ont montré qu'un faible intérêt pour cette technologie. Plusieurs raisons expliquent l'assise de la culture attelée dans la région des Savanes. Les sols de la région des Savanes sont généralement légers et les champs sont plats et ouverts; ce sont des conditions favorables aux animaux plus petits et moins chers, disponibles au Togo. La végétation de cette région (Savanes) est clairsemée et ceci permet de débarrasser facilement les terrains des souches, des buissons et des roches. Cette caractéristique facilite beaucoup la transition du travail à la houe à celui de traction animale. Les paysans de la région ont été eux-mêmes propriétaires de troupeaux de bovins depuis longtemps. Cette familiarité avec ce type de bétail facilite sa préparation et son utilisation pour la traction animale. En plus, le nombre d'animaux provenant du Burkina Faso et du Niger est plus élevé chez les agriculteurs des Savanes que chez les paysans du Sud. Par conséquent, les prix des animaux sont plus bas dans le Nord. Par contre dans le sud du pays, les conditions d'emploi d'animaux paraissent un peu pénibles que dans le sud.

En effet, pour B. Akondo75., au sud, les sols sont lourds, ce qui rend difficile le dessouchage de la terre, alors que celle-ci constitue une étape importante avant le labour, car c'est elle qui balise la voie à celui-ci. L'une des raisons du faible taux d'adoption de la culture attelée dans le sud était aussi la non adaptation des boeufs trait aux conditions climatiques, et l'absence de soins adéquats pour y remédier. Les témoignages suivants en sont illustratifs : « Les animaux (de trait) apportés du nord vers le sud, ne supportaient pas le climat... Le personnel soignant n'était pas à mon avis à la hauteur...» (Y. Nagnango76). « J'ai encore le matériel de traction, mais sans les boeufs. Ils sont morts par ce qu'ils ne supportaient pas le climat » (K. Abolo77). Certaines zones comme la plaine du Mô, n'ont même pas été concernées par la politique d'introduction de la culture attelée. En effet, selon notre enquête menée dans le village de Djarkpanga (dans la plaine du Mô), auprès d'un ancien producteur du coton, on peut retenir ceci : « Il n'y a eu ici, aucune politique de l'attelage et de mécanisation agricole. L'accès même à notre village ne fut possible que grâce aux pistes de desserte pour le transport du coton » (S. Tchédré78).De ce qui précède, il est clair que le

75 B. S. Akondo, ingénieur agricole, ancien Chef régional de la protection des végétaux à Kara, entretien du 24 mai 2014 à17h 05, à son domicile à Agoé.

76 Y. Nagnango., ingénieur agricole, et Directeur exécutif de la Centrale des producteurs de céréales (CPC) du Togo, entretien du 28 mai 2014 à 12 h03, dans son bureau à Tsévié.

77 K. H. Abolo, producteur agricole, président de l'Union des producteurs de céréales du canton d'Agbélouvé (UGPCC), entretien du 28 mai 2014 à 16 h 15, à son domicile à Agbélouvé.

78 S. G. Tchédré, ancien producteur de coton, entretien du 31 mai 2014 à 10 h 00, à Djarkpanga.

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développement de la culture attelée passe nécessairement par la promotion de l'élevage, et les promoteurs de la révolution verte ne l'avaient pas ignoré.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci