WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Politiques agricoles et sécurité alimentaire au Togo (1977-2008).

( Télécharger le fichier original )
par Halourou MAMAN
Université de Lomé - Master en Histoire économique et sociale 0000
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2. La promotion d'une agriculture motorisée

Afin de « produire plus pour dépendre moins de l'extérieur », il fallut que l'agriculture togolaise passe du stade de subsistance à celui de dégagement d'excédents vivriers (pour la commercialisation ?). Pour cela, il fallait transformer ce secteur dominé essentiellement par l'énergie humaine avec l'usage de la houe, de la hache ou de la machette entre autres. C'est pourquoi la motorisation de l'agriculture était l'un des soucis majeurs des promoteurs de la révolution verte. Aussi décidèrent-ils dès 1977, d'acquérir un impressionnant parc de matériels agricoles très diversifiés allant des petits appareils maniables à la main aux gros tracteurs et aux bulldozers. Ce parc contenait dès sa mise en place, 332 tracteurs, 88 unités de transports, 48 unités de terrassement, 31 bulldozers, et plus de 1000 accessoires (herses, charrues, semoirs...)71. Les tracteurs servaient à emblaver des grandes surfaces pour des cultures telles que le coton ou le maïs qui nécessitent de grands espaces. Les bulldozers s'occupaient des infrastructures rurales et les unités de transports permettaient de desservir les zones même les plus reculées. Le cliché 1 montre un tracteur, l'une de ces machines en activité.

Cliché n °1: Un tracteur, outil technique de la révolution verte dans un champ, en 1983

Source : La Nouvelle Marche n° 994 du lundi 15 mars 1983, p. 11.

71 Pour plus d'informations, lire A. Schwartz, 1989, p. 100.

46

Mais les ORPV et les DRARAC qui avaient en charge la gestion de cet grand parc n'ont pris qu'une seule année pour mettre la moitié des matériels en mauvais états. Elles ont été loin de leurs objectifs qui étaient de valoriser le parc, plutôt, elles l'ont réduit à néant72. C'est ce qui précipita la création de la Société togolaise d'exploitation de matériels agricoles (SOTEXMA) en 1978 pour prendre le relais. Celle-ci, étant une société d'économie mixte, changea de formule de gestion du matériel, qui est désormais loué à tout intéressé, qu'il soit privé ou public aux fins de travaux de labour et d'entretien des routes de desserte dans le domaine du génie rural. Mais elle subira le même sort entraînant ainsi sa dissolution en 1982 pour n'avoir pas pu équilibrer ses fonds. En 1984 la Société de gestion du matériel agricole (GEMAG), dirigée par un Européen, avait pris les nouvelles charges d'entretien de ce parc devenu boiteux depuis 1978, mais le nombre de matériel ne cessa de chuter au jour le jour, pour cause de mauvaise gestion et des pannes répétées73 (Maman, 2011 : 83-85). Nombreuses sont les causes qui expliquent l'échec de la tentative de mécanisation agricole au Togo pendant la période de la révolution verte. Selon Y. Nagnango74, les paysans n'ont pas été associés à la politique de mécanisation durant la révolution verte. Il pense aussi que cette politique a manqué d'accompagnement tout au long de la chaîne du travail. Pour lui, « Il faudrait que le paysan exprime lui-même, son désir de posséder le tracteur, dans ce cas sa gestion et son entretien seront d'une efficacité importante... il faudrait aussi que le champ du paysan soit d'abord accessible... on aurait dû introduire d'abord, les engins de dessouchage des champs, ensuite le labour... il fallait aussi accompagner le tracteur des pièces essentiels de rechange ». Il apparaît donc que la politique de mécanisation agricole voulue par la révolution verte, n'avait donc pas suivi une démarche participative, qui associe le producteur qui est le premier concerné. Elle a aussi souffert du manque d'une politique de développement des pistes rurales afin de rendre les champs et les zones de production agricole accessibles aux tracteurs et aux autres engins de transport des denrées produites. L'entretien des engins de labour ne fut aussi pas efficace, un tracteur dans une ferme, sans mécanicien, et sans les pièces de rechange réduit à néant l'effort du paysan. En effet, l'agriculture togolaise, est essentiellement pluviale. Le paysan doit donc se soumettre au rythme de la pluviométrie des saisons (cf. chap. 1). Donc, après la tombée d'une pluie par exemple, le paysan dispose de

72 Pour plus d'informations, lire A. Schwartz, 1989, p. 100.

73 Le GEMAG avait fait preuve d'une gestion indélicate du parc de matériels que l'Etat lui avait confié, conduisant ainsi à sa liquidation judiciaire en 1988. Après sa liquidation, seuls quelques tronçonneuses et une presse hydraulique cédées respectivement à 16 millions et 4,5 millions, avaient été retrouvées (FICAO, faillite GEMAG, assemblée des créanciers, du 7 juin 1991, annexe 5.

74 Y. Nagnango., ingénieur agricole, et Directeur exécutif de la Centrale des producteurs de céréales (CPC) du Togo, entretien du 28 mai 2014 à 12 h03, dans son bureau à Tsévié.

47

deux à trois jours pour labourer son champ, après cette période la terre se sèche rendant ainsi le labour pénible. Mais, si dans cette période du lendemain de la tombée de la pluie, il advenait que le tracteur est crevé - sur la route parce qu'elle n'est pas tracée, ou n'existe même pas- ou tombé en panne, cela déprogramme le paysan, parce que, ni les pièces de rechange, ni le mécanicien ne sont pas sur place. Il faudra alors attendre d'autres pluies pour espérer labourer. Le paysan prend donc du retard sur la pluviométrie, sa production reste menacée. En dehors de la mécanisation, la traction animale aussi fut entreprise.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe