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La dématérialisation des dossiers de travail du commissaire aux comptes.

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par Jean Frédéric VEFOUR
cnam-intec - DSCG 2012
  

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3.1.3 Les critères d'évaluation de la qualité perçue

Les critères d'évaluation de l'audit externe peuvent être décomposés en deux catégories :

~ Les indicateurs qui cherchent à déterminer la qualité perçue par le marché de l'audit, tels que la réputation et la taille du cabinet d'audit.

~ Les indicateurs qui cherchent à déterminer la qualité intrinsèque de l'audit externe. Cette approche consiste à évaluer la structure organisationnelle du cabinet en tant que condition interne de la qualité de la prestation donnée par celui-ci.

3.1.3.1 La qualité perçue

On considère généralement que l'indépendance de l'auditeur est étroitement lié aux deux points suivants :

~ la réputation

~ la taille

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Jean-Frédéric VÉFOUR

La réputation Au moment du choix d'un auditeur externe les firmes peuvent se différencier de leurs concurrents par le choix de la qualité de l'auditeur. Tous les auditeurs n'ont pas la même signature, la même réputation. La réputation devient alors un argument de choix, un signal de qualité. Plus ce signal est important plus, l'auditeur sera en mesure de vendre ses prestations à un prix élevé (Fodil et al., 2007). De nombreuses études tentent à démontrer qu'il existe une corrélation entre la réputation de l'auditeur et les variables d'agence.

Ainsi pour préserver sa réputation, source de revenus importants, les grands auditeurs seraient incités à produire des rapport d'audit de qualité d'un niveau supérieur à ceux des petites structures.

On distingue généralement les cabinets faisant parti d'un réseau mondial (les Big-Four) des petits cabinets n'appartenant pas à de tel réseau (les non Big-four).

En fait, l'hypothèse de la réputation s'inspire de la théorie du signal. En effet, lorsque plusieurs détenteurs d'information privée sont en concurrence, la partie la mieux informée doit envoyer un message crédible à la partie sous-informée afin de la convaincre de la qualité de sa prestation (Le Duff et al., 1999) 4.

Les firmes du Big-four sont donc plus crédibles que les cabinets non Big-four. Selon Lennox (1999) on constate que les marchés financiers sanctionnent les entreprises qui remplacent un auditeur Big-four par un non Big-four.

Pour McCracken (2003), les grandes firmes d'audit dépensent des sommes d'argent considérables à court terme pour défendre leur réputation. Elle observe qu'en cas de litige même les entités disposant de moyens financiers importants, leur permettant, en principe, de se défendre convenablement dans un procès, préfèrent raccourcir les délais des litiges et trouver une fin rapide au conflit par la négociation.

D'après Chaney and Philipich (2002), à long terme, la perte de réputation, entraîne une diminution des capacités de la firme d'audit à conquérir de nouvelle clientèle et à conserver sa clientèle actuelle.

Skinner and Srinivasan (2009) ont étudié la chute du cabinet d'audit ChuoAoyama au Japon. Cette société d'audit est affiliée au groupe PricewaterhouseCoopers (PwC). Les Big-N sont présents au Japon (Cf. Table 3.1) 5. En mai 2006, l'agence de contrôle japon-naise, Financial Services Agency (FSA) a suspendu le cabinet d'audit ChuoAoyama de toutes ces opérations sur le marché pendant deux mois. Cette décision inédite faisait suite à l'implication de l'auditeur dans une gigantesque fraude comptable impliquant la société Kanebo Ltd., une grosse société dans les cosmétiques.

Selon les auteurs, durant cet événement, la société PwC n'a cessé de prendre des mesures pour défendre sa réputation non pas seulement au Japon mais aussi au niveau mondial. Allant de l'envoi de spécialiste américain et britannique au Japon au début de la crise à son retrait pur et simple du Japon en 2006.

Plus généralement, on constate que les grandes firmes sont très sensibles à la réputation de leur auditeur. Ainsi, dès que les premières rumeurs de fraude, ChuoAoyama, a perdu sa clientèle. Les Tableaux 3.2 et 3.3 nous montrent l'impact des rumeurs de fraude sur la clientèle de ChuoAoyama; dès 2006 la quasi totalité de la clientèle l'a quitté pour rejoindre un concurrent 6. En outre, les auteurs montrent que la probabilité de changer d'auditeur est plus importante dans les grandes firmes ayant un fort market-to-book ratios; en effet, ce type d'entreprise, qui est davantage concernée par les coûts d'agence, est plus demandeuse d'audit de grande qualité (Cf Table 3.3), elles veulent envoyer des signaux forts aux investisseurs sur les marchés.

4. EGM, p. 1146.

5. Réalisé à partir des informations de Skinner et ali.

6. Issues avec la table 3.3 de Skinner et ali.

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Jean-Frédéric VÉFOUR

TABLE 3.1 Big-5 au Japon

Réseau japonnais Big-5 ou(Big-4 à partir de 2002)

Asahi Andersen

AZSA KPMG

ChuoAoyama/Misuzu/Aarata PwC

ShinNihon Ernst & Young

Tohmatsu Deloitte

TABLE 3.2 Répartition du nombre de clients sur le marché japonnais entre les big Five

Pour les partisans de la théorie de la réputation, les contentieux en cas de contestation du rapport d'audit de l'auditeur sont des signes forts qu'il faut éviter. En conséquence, moins un cabinet d'audit est sujet à la contestation des ses rapports, plus son opinion d'audit est de qualité, plus sa réputation est grande.

La domination des Big-four sur l'ensemble des grands marchés de la planète semble plaider en faveur de la théorie de la réputation.

Pourtant, selon Lennox, l'hypothèse de la réputation n'est pas confirmée par les études empiriques. Ainsi, contrairement aux prédictions de cette hypothèse depuis des décennies, on constate que les contentieux à l'encontre des Big-four ont considérablement augmenté.

Cette situation prouve donc que la réputation n'est pas l'élément majeur qui détermine le choix des entreprises lorsqu'elles doivent désigner un auditeur légal.

La taille

There is now a great deal of evidence that large audit firms provide higher

quality audits and offer greater credibility to clients' financial statements than

TABLE 3.3 Répartition des clients entre les Big-5 au Japon en fonction de leur poids de capitalisation de marché

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Jean-Frédéric VÉFOUR

TABLE 3.4 Nombre de critiques, nombre de clients, taille moyenne des clients et nombre d'entreprises en difficulté en Angleterre de 1987 à 1994

small audit firms (Lennox, 1999).

Selon (Pige, 2003) même si la taille n'est pas en soi un indicateur de compétence, il n'en demeure pas moins une variable estimative de l'indépendance de l'auditeur et donc de la qualité de l'audit.

Pour les partisans de cette hypothèse, les grandes firmes d'audit auraient beaucoup plus à perdre que les petites; ce qui les inciterait à adopter une attitude plus conforme aux intérêts des investisseurs. Ils sont plus incités à produire des rapport de qualité en raison de l'importance des litiges auxquels ils doivent faire face en cas d'erreur. Plus un auditeur est de taille importante plus il risque de faire face à un contentieux important (Dye, 1993).

Contrairement aux affirmations de l'hypothèse de la réputation, l'hypothèse de la taille considère qu'il y a une corrélation positive entre la taille de l'auditeur et le nombre de contentieux dont-il a à faire face.

Les cabinets de grande taille sont plus aptes à faire face au coût d'un audit de qualité. Ils ont la surface financière leur permettant de faire face aux investissements nécessaires.

Ils disposent de moyens humains et matériels importants et ils développent des systèmes de surveillance mutuelle très robustes pour limiter les problèmes d'agence.

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Jean-Frédéric VÉFOUR

Lennox (1999) a étudié toutes les publications 7 concernant les sociétés cotées du Royaume Unis de 1987 à 1994. La table 3.48 synthétise les critiques, le nombre de clients, la taille moyenne et le nombre d'échecs par société d'audit. On constate que le rapport des auditeurs sont remis en cause lorsqu'ils n'ont pas su prévenir une faillite ou alors en cas de fusion lorsque les acquéreurs considèrent qu'il y a une surévaluation des comptes et qu'ils ont trop payé la transaction. Par ailleurs, contrairement aux prédictions de l'hypothèse de la réputation, on constate que les critiques à l'encontre des auditeurs ne se traduisent pas par une baisse de clientèle ou par une diminution de leurs honoraires. Ce qui signifierait, d'après Lennox, que la réputation n'explique pas la supériorité des grands auditeurs.

Cette étude examine les effets de la critique des rapports d'audit sur la demande d'audit et les relation entre la taille de l'auditeur et le nombre de contentieux. Pour l'auteur, tout semble conclure que l'hypothèse de la taille de l'auditeur a un pouvoir explicatif plus important que l'hypothèse de la réputation dans la motivation du choix d'un auditeur par un client. Malgré leur plus grande fiabilité les grands cabinets sont davantage sujet à contentieux de la part de leur client. Cette conclusion est contraire à celle de l'hypothèse de la réputation.

D'après Lennox les clients font les choix des grands cabinets car il savent que ces derniers seront en mesure de faire face aux coûts des poursuites judiciaire.

Plusieurs autres études ont présenté la taille du cabinet comme une garantie implicite de la qualité des travaux d'audit réalisés. Selon DeAngelo (1981), les cabinets de grande taille, disposant d'un portefeuille clients important et diversifié, seront moins vulnérables aux pressions d'un client particulier. En fait, l'auditeur sait qu'il risque une perte plus importante de son revenu si ses manipulations sont découvertes et révélées dans le marché de l'audit.

Les Big-four disposent d'un portefeuille client diversifié qui leur permette de ne pas dépendre d'un client particulier pour l'obtention de leurs honoraires, par conséquent ils sont moins dépendant que les non Big-four lors de la formulation de leur opinion d'audit. Ainsi, selon certains auteurs, l'information concernant les honoraires permet d'apprécier la relative liberté dont peut disposer l'auditeur au moment de la rédaction de son rapport d'audit. Les honoraires de vérification représentent le coût économique de la mission d'audit. Ce coût varie avec la taille et la complexité de l'entité soumise à vérification ainsi que le risque qu'elle représente.

Certains auteurs estiment de l'utilisation des montants d'honoraires en valeur absolue constitue un critère d'analyse de l'indépendance pertinent. En effet, les montants d'honoraires permettent d'évaluer le poids des honoraires perçus par l'auditeur par rapport à son chiffre d'affaires et donc sa dépendance économique vis à vis de son client. Le risque de perdre une fraction d'honoraires importante est supposé diminuer l'indépendance de l'auditeur. A l'inverse plus ce dernier dispose d'une clientèle large et varié, plus l'on pourra présumer de son indépendance vis à vis de l'audité.

Les cabinets d'audit ne font pas toujours que de l'audit légal des comptes. Compte tenu de la technicité de la profession elles exercent aussi des activités annexes. Ces missions annexes aux activités de contrôle sont des activités supports (Pige, 2003). Comme on peut le voir avec la table 3.5 9 ces activités occupent une place plus ou moins importante selon les cabinets d'audit en France .

Certains auteurs utilisent le ratio des honoraires de non-audit sur le total des hono-

7. Ses sources sont des rapports d'audit, comptes annuels, rapports de gestion, ... provenant de microfiches de l'université de Warwick ainsi qu'une étude menée par le Department of Trade and Industry (DTI) du magazine the Economist.

8. Issue de l'article de Lennox.

9. Table reconstituée à partir de La profession comptable n?290.

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TABLE 3.5 Chiffre d'affaires par activité de quelques réseaux d'audit en France

raires comme indicateur de la capacité des honoraires de non-audit à diminuer l'indépendance. Quand le ratio augmente, les auditeurs sont plus susceptibles de compromettre leur indépendance.

Les honoraires d'audit, et les honoraires de non-audit permettent de mesurer la dépendance économique d'un auditeur par rapport à un client donné.

Les honoraires des missions de non-audit permettent également d'évaluer si la proportion et la magnitude de ces missions sont de nature à obérer l'indépendance de l'opinion émise sur les comptes faisant l'objet de l'audit légal car ils sont supposés entraîner une perte d'impartialité et d'objectivité (Audousset-Coulier, 2009).

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