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Les stratégies d'adaptation des populations au changement climatique dans le sahel Burkinabe. Cas de Belgou dans la province du Seno.

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par Mamadou KABRE
Université de Ouagadougou - MaàŪttrise en Géographie (Option rurale) 2007
  

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3.3.3.2 - Les conséquences sur les activités humaines

La péjoration des conditions climatiques affecte les activités humaines. A Belgou, ses impacts se perçoivent dans l'agriculture et l'élevage, principales activités de la région.

3.3.3.2.1 - Les conséquences sur l'agriculture

L'agriculture à Belgou est pluviale. Elle est donc tributaire des précipitations. La tendance à la baisse généralisée et les variations pluviométriques constatées ces dernières années ont des répercussions sur l'agriculture. On assiste alors à une modification du calendrier agricole, à l'introduction de nouvelles cultures, à une baisse des productions.

- une adaptation du calendrier agricole

Les populations enquêtées affirment avoir constaté un recul du début de la saison pluvieuse ; ce qui entraîne une modification du calendrier agricole. Les semis qui marquent le début de l'activité agricole dans le village commençaient auparavant dans le mois de mai, correspondant à la tombée des premières précipitations. Mais de nos jours, les semis débutent en juin avec des reprises de semis jusqu'en juillet.

Cette modification du début des activités n'engendre pas un grand bouleversement du cycle de travail. Les paysans se sont adaptés en remplaçant les anciennes variétés à cycle long (4-5 mois) par des variétés hâtives (3-4 mois).

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- L'abandon et l'introduction de nouvelles cultures

De nos jours, les principales spéculations cultivées à Belgou sont : le petit mil, le sorgho, le maïs, le niébé, et le sésame. D'après les anciens du village, le pois de terre était cultivé dans le terroir. Mais depuis vingt cinq ans environ, cette culture a été abandonnée. Les vieux n'attribuent pas cet abandon au seul facteur climatique. Ils pensent que la jeunesse est devenue paresseuse. Selon eux, lorsqu'on invite les jeunes à la culture de cette plante, ils renoncent pour cause de fatigue aux travaux des champs de sorgho et de mil.

Des spéculations citées plus haut (le sorgho et le maïs) peuvent être considérées comme de nouvelles cultures dans le village. L'introduction de la culture du sorgho date des années 1970, car selon Bolwig S. (1998), le sorgho n'était pas mangé au village avant 1970. Mais il est maintenant devenu le produit de récolte le plus important. Cela voudrait dire que c'est après les sècheresses de 1973-1974 que les populations se sont intéressées à la culture du sorgho.

Le maïs est cultivé sur de petites portions et consommé frais. Les difficultés alimentaires rencontrées en 2004 ont poussé les Rimaybé à la consommation de la farine de maïs qu'ils achetaient au marché de Falangountou. Certains estiment que le maïs procure plus de farine que le mil et le sorgho. Sa culture pourrait alors gagner du terrain.

- La fluctuation des productions

Les quantités de céréales produites au cours des saisons dépendent des conditions climatiques, de la qualité des sols et du paquet technologique appliqué. A Belgou, selon la population locale, la production céréalière varie d'une saison à une autre et elle lie cela aux variations et au changement climatiques. En effet, durant ces dernières décennies, l'on a constaté des déficits pluviométriques qui interviennent pour la plupart en milieu de campagne agricole. Cela expose les plantes au stress hydrique qui occasionne souvent le jaunissement et même l'assèchement.

A cela s'ajoute les pauses pluviométriques qui sont devenues plus longues et s'annoncent généralement au stade de l'épiaison. Ce sont les phénomènes les plus redoutés par les agriculteurs car une longue pause pluviométrique peut compromettre toute la récolte.

-L'envahissement rapide des champs par les adventices

L'un des problèmes rencontrés par les agriculteurs est la pousse rapide des herbes dans les champs, plus particulièrement ceux situés sur les sols argileux. Les propriétaires des champs expliquent cette prolifération rapide des herbes par le fait qu'il y a des périodes où les

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pluies se succèdent jour après jour et cela ne leur permet pas de sarcler les champs à temps. Les herbes profitent donc de ce contretemps pour envahir les champs. Les champs situés sur les sols argileux sont pratiquement dans la zone de bas-fond. L'infiltration lente de l'eau dans ces types de sol fait qu'ils sont en permanence humides ; ce qui fait pousser rapidement les herbes. A cela, il faut ajouter le fait que l'hilaire, instrument de sarclage des villageois, n'est pas adapté au travail de ce type de sol.

- La difficile germination des semences

Souvent les très grandes quantités d'eau et les faibles précipitations enregistrées en début de saison ne facilitent pas la germination des semences respectivement dans les zones de bas-fond et de haut de pente. Cette situation s'explique par le fait que les trop grandes quantités d'eau pourrissent les graines mises en terre.

Toutes ces difficultés amenuisent l'activité agricole et mettent les producteurs dans l'incertitude totale jusqu'en fin de saison.

3.3.3.2.2 - Sur l'élevage

Les problèmes rencontrés au niveau de l'élevage sont d'ordre alimentaire, sanitaire, commercial, ainsi que la baisse quantitative et qualitative du cheptel.

-Le problème d'abreuvement

Belgou ne dispose pas d'un point d'eau permanent. Cela met les animaux et les éleveurs dans une situation difficile, surtout lorsqu'on enregistre des déficits pluviométriques au cours de l'année. En année de mauvaise pluviométrie, les deux points d'eau du village constitués de bouli (photo 4) et du cours d'eau s'assèchent rapidement. Leur dessèchement rapide s'explique aussi par leur faible capacité de rétention car ils sont très ensablés. A cela s'ajoute le nombre élevé de demandeurs surtout en saison sèche pour l'abreuvement de leurs animaux.

-La persistance des maladies

Les variabilités climatiques ont aussi des répercussions sur la santé des animaux. Lors de nos entretiens, les populations ont fait remarquer un certain nombre de problèmes sanitaires. La période de transition entre la saison sèche et la saison des pluies est la période des maladies diarrhéiques. Cela s'explique par le changement brusque du régime alimentaire des animaux

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qui passe de la consommation du fourrage sec à celle du fourrage frais. Pendant la période de l'harmattan, les animaux sont très affectés par les maladies respiratoires.

Photo 4 : Vue partielle du bouli de Belgou

Source : cliché de l'auteur, Août 2007

-L'insuffisance de fourrage

Les défaillances pluviométriques et la dégradation des sols empêchent le fourrage de pousser convenablement. La réduction de la zone pastorale et le nombre élevé du cheptel sont aussi des facteurs qui rendent le fourrage insuffisant. Le village de Belgou et son voisin Ekewe disposent d'une zone pastorale. Cependant le manque de terrains agricoles pour les voisins de Ekewe a poussé ces derniers à empiéter sur la zone pastorale.

L'exploitation collective des résidus de récolte, notamment les tiges de mil a connu une mutation. Durant ces dernières décennies, on a constaté que les tiges sont devenues commercialisables. Ainsi, après chaque récolte, les tiges sont ramassées et stockées dans le but premier de nourrir les animaux. Au cas où la saison prochaine s'annonce rapidement avec disponibilité de fourrage, le reste est vendu.

Selon le responsable de l'élevage, en 2005 la vente de tiges a causé des problèmes aux éleveurs. Pensant à l'installation définitive de la saison pluvieuse certains éleveurs ont vendu

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le reste de leurs stocks et se sont retrouvés en difficulté suite à un arrêt brusque des précipitations.

Le manque de fourrage oblige souvent les Peuhls à la transhumance. Ces longs déplacements épuisent les animaux et les expose au vol.

-La perte de forme et la mort des animaux

Le manque de fourrage, l'insuffisance d'eau et la persistance de certaines maladies ont un impact sur la conformation des animaux. Cela s'observe surtout en saison sèche où on assiste à l'amaigrissement du cheptel. En année de sècheresse prolongée, on assiste parfois à la mort des animaux comme au cours des décennies 1970 et 1980. Certains témoins affirment que presque tout le cheptel du village a été décimé lors de la sècheresse de 1973-74.

-La chute du prix des animaux

En année de mauvaise pluviométrie, les paysans ne comptent que sur leur cheptel pour faire face au déficit alimentaire. Cependant, ils rencontrent beaucoup de difficultés liées au prix des animaux sur le marché. Ainsi, lorsqu'il y a une famine ou un déficit de production céréalière, les commerçants baissent les prix des animaux. N'ayant pas le choix, les paysans bradent leurs animaux afin de subvenir aux besoins à la famille. Selon un commerçant, il n'y aurait pas braderie mais plutôt des prix justifiés par la mauvaise conformation des animaux.

Les problèmes qui découlent du changement climatique sont multiples. Ils se rencontrent dans presque tous les secteurs d'activités du village. Mais les secteurs les plus touchés sont l'agriculture et l'élevage. Face à toutes ces difficultés, les populations tentent tant bien que mal de trouver des solutions. Ils développent donc des stratégies pour s'adapter au changement et à la variabilité climatiques.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard