3.3.3 - Les conséquences selon la perception des
villageois
Les conséquences du changement climatique et de la
variabilité climatiques sont multiples et très
diversifiées. Ces phénomènes affectent les hommes, les
animaux et les ressources naturelles.
3.3.3.1 - Les conséquences sur les ressources
naturelles
Les populations estiment que les sols, la
végétation et la faune sont les principaux éléments
naturels affectés par le phénomène.
3.3.3.1.1 - La végétation
Toutes les personnes interrogées ont souligné
que la végétation à Belgou a connu une régression
notable surtout depuis les grandes sècheresses des années
1973-1974 (djiguilé) et 1983-1984. Lors de ces
sècheresses, les arbres ont payé un lourd tribut. Plusieurs
d'entre eux se sont desséchés à cause du manque d'eau et
de l'attaque de certains insectes nuisibles. De ce fait, le parc arboré
est devenu clairsemé et plusieurs arbres parmi les plus grands ont
disparu. Avant, « la végétation était si dense que
les gens avaient des difficultés pour la traversée » dit-on
; aujourd'hui elle est très clairsemée. La dégradation
actuelle de la végétation est un phénomène qui,
d'après la population locale, n'a jamais été connue par
leurs ancêtres. Tout le monde s'accorde pour attribuer la principale
cause de la dégradation à la rareté des pluies au cours
des 20 à 30 dernières années (Bolwig S., 1998). Ainsi 20%
des populations interrogées
60
estiment que la végétation est moyennement
dégradée tandis que 75% pensent qu'elle est très
dégradée.
La dégradation de la végétation a des
répercussions sur les populations ainsi que le bétail. La
disparition ou la raréfaction de certaines espèces oblige les
populations à se déplacer sur de longues distances pour
satisfaire certains besoins. C'est le cas de la recherche de bois de chauffe,
de plantes pour la pharmacopée, de plantes pour l'alimentation.
A Belgou la végétation est la principale source
de fourrage pour les animaux. La détérioration de cette ressource
rend très précaire l'activité pastorale à cause de
la pénurie de fourrage qui en résulterait.
Les populations n'ont pas oublié de mentionner que la
forte croissance démographique et l'augmentation du cheptel participent
à la dégradation de la végétation. Pour elles, la
demande en bois énergie est corrélée à l'effectif
de la population ; la croissance démographique augmente donc la pression
sur les arbres et arbustes, les exposant à la coupe. Le rythme souvent
très élevé des coupes ne facilite pas la reconstitution
des réserves. Pour le responsable de l'environnement, si la
détérioration de l'environnement continue, on assistera à
une modification profonde des formations végétales ainsi
qu'à l'avancée du désert.
3.3.3.1.2 - Les sols
Selon la population, le niveau de fertilité globale des
sols est moyen. Elle pense qu'il existe un lien entre la dégradation du
couvert végétal et la baisse de la fertilité des sols. Car
la dégradation du couvert végétal entraîne de facto
une accélération de la dynamique érosive. Les sols
étant moins bien protégés par le couvert
végétal, les formes d'érosion éolienne et hydrique
deviennent de plus en plus actives (Ministère de l'économie et du
développement, 2006). Les enquêtes réalisées ont
relevé l'existence de ces deux types d'érosion dans le terroir.
Mais selon les paysans, l'érosion hydrique sévit plus dans la
zone que l'érosion éolienne. La baisse de la fertilité du
sol est aussi liée à l'extension des champs de cultures. En effet
les superficies emblavées sont passées de 178,5 ha en 1996
à 314 ha en 2006, soit une augmentation de 135,5 ha en dix ans. Les sols
auparavant mis en jachère pour retrouver leur potentiel agronomique sont
aujourd'hui cultivés chaque année. Cette surexploitation entraine
l'appauvrissement des sols. Selon l'analyse diachronique de l'occupation des
terres de la zone d'étude, de 1992 à 2000 on observe :
61
? une augmentation des superficies des sols limono-argileux,
limono-sableux, sablo-limoneux à tendance sableuse et
sablo-gravillonnaires ;
? une régression des superficies des sols hydromorphes
argilo-limoneux et des sols minéraux bruts, gravillonnaires sur
lithosols (Tableau 5).
Tableau 5 : La dynamique des états de surface du
sol entre 1992 et 2000
États de surface du sol
|
Superficie 1992 (ha)
|
Superficie 2000 (ha)
|
Évolution (ha)
|
Sols hydromorphes argilo-limoneux
|
1880,11
|
406,12
|
-1474
|
Sols limono-argileux
|
1338,26
|
1465,05
|
127
|
Sols limono-sableux
|
1422,00
|
1851,30
|
429
|
Sols sablo-limoneux à tendance sableuse
|
1346,38
|
3146,33
|
1800
|
Sols sablo-gravillonnaires
|
1471,14
|
2185,30
|
714
|
Sols minéraux bruts, gravillonnaires sur lithosols
|
1875,81
|
279,90
|
-1596
|
Source : Images composées fausse couleur RGB 453 de
Landsat4 (1992) et Landsat7 (2000)
Figure 1 : Évolution des types d'états de
surface du sol de la zone du site : octobre 1992 et août 2000
Belgou
Belgou
Sols hydromorphes argilo-limoneux
Sols limono-argileux
Sols limono-sableux
Sols sablo-limoneux à tendance sableuse
Sols sablo-gravillonnaires
Sols minéraux bruts, gravillonnaires sur lithosols
Limite approximative du terroir de Belgou
Système de projection : WGS 1984 UTM Zone 31
Source : Images composées fausse couleur RGB 453 -TM
de Landsat4 (1992, OUATTARA I., 2008
62
63
3.3.3.1.3-La faune
D'après l'historique du village, Belgou était
une zone très giboyeuse où on rencontrait les gros et petits
gibiers. Aujourd'hui, la faune à Belgou se résume par la
présence de quelques varans, de perdrix, de tourterelles, de rats, de
francolins et d'oiseaux migrateurs. La disparition de la faune est l'une des
conséquences de la dégradation des formations
végétales. En effet, l'absence d'une couverture dense
empêche les animaux d'avoir des logis. Cela entraîne le
départ des animaux du terroir vers des zones plus boisées. Aussi,
avec la croissance de la population, on assiste à l'arrivé d'un
nombre de plus en plus élevé de braconniers. Ces derniers
abattent les animaux et cela participe à la disparition de la faune.
|