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Les stratégies d'adaptation des populations au changement climatique dans le sahel Burkinabe. Cas de Belgou dans la province du Seno.

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par Mamadou KABRE
Université de Ouagadougou - MaàŪttrise en Géographie (Option rurale) 2007
  

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3.3.3 - Les conséquences selon la perception des villageois

Les conséquences du changement climatique et de la variabilité climatiques sont multiples et très diversifiées. Ces phénomènes affectent les hommes, les animaux et les ressources naturelles.

3.3.3.1 - Les conséquences sur les ressources naturelles

Les populations estiment que les sols, la végétation et la faune sont les principaux éléments naturels affectés par le phénomène.

3.3.3.1.1 - La végétation

Toutes les personnes interrogées ont souligné que la végétation à Belgou a connu une régression notable surtout depuis les grandes sècheresses des années 1973-1974 (djiguilé) et 1983-1984. Lors de ces sècheresses, les arbres ont payé un lourd tribut. Plusieurs d'entre eux se sont desséchés à cause du manque d'eau et de l'attaque de certains insectes nuisibles. De ce fait, le parc arboré est devenu clairsemé et plusieurs arbres parmi les plus grands ont disparu. Avant, « la végétation était si dense que les gens avaient des difficultés pour la traversée » dit-on ; aujourd'hui elle est très clairsemée. La dégradation actuelle de la végétation est un phénomène qui, d'après la population locale, n'a jamais été connue par leurs ancêtres. Tout le monde s'accorde pour attribuer la principale cause de la dégradation à la rareté des pluies au cours des 20 à 30 dernières années (Bolwig S., 1998). Ainsi 20% des populations interrogées

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estiment que la végétation est moyennement dégradée tandis que 75% pensent qu'elle est très dégradée.

La dégradation de la végétation a des répercussions sur les populations ainsi que le bétail. La disparition ou la raréfaction de certaines espèces oblige les populations à se déplacer sur de longues distances pour satisfaire certains besoins. C'est le cas de la recherche de bois de chauffe, de plantes pour la pharmacopée, de plantes pour l'alimentation.

A Belgou la végétation est la principale source de fourrage pour les animaux. La détérioration de cette ressource rend très précaire l'activité pastorale à cause de la pénurie de fourrage qui en résulterait.

Les populations n'ont pas oublié de mentionner que la forte croissance démographique et l'augmentation du cheptel participent à la dégradation de la végétation. Pour elles, la demande en bois énergie est corrélée à l'effectif de la population ; la croissance démographique augmente donc la pression sur les arbres et arbustes, les exposant à la coupe. Le rythme souvent très élevé des coupes ne facilite pas la reconstitution des réserves. Pour le responsable de l'environnement, si la détérioration de l'environnement continue, on assistera à une modification profonde des formations végétales ainsi qu'à l'avancée du désert.

3.3.3.1.2 - Les sols

Selon la population, le niveau de fertilité globale des sols est moyen. Elle pense qu'il existe un lien entre la dégradation du couvert végétal et la baisse de la fertilité des sols. Car la dégradation du couvert végétal entraîne de facto une accélération de la dynamique érosive. Les sols étant moins bien protégés par le couvert végétal, les formes d'érosion éolienne et hydrique deviennent de plus en plus actives (Ministère de l'économie et du développement, 2006). Les enquêtes réalisées ont relevé l'existence de ces deux types d'érosion dans le terroir. Mais selon les paysans, l'érosion hydrique sévit plus dans la zone que l'érosion éolienne. La baisse de la fertilité du sol est aussi liée à l'extension des champs de cultures. En effet les superficies emblavées sont passées de 178,5 ha en 1996 à 314 ha en 2006, soit une augmentation de 135,5 ha en dix ans. Les sols auparavant mis en jachère pour retrouver leur potentiel agronomique sont aujourd'hui cultivés chaque année. Cette surexploitation entraine l'appauvrissement des sols. Selon l'analyse diachronique de l'occupation des terres de la zone d'étude, de 1992 à 2000 on observe :

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? une augmentation des superficies des sols limono-argileux, limono-sableux, sablo-limoneux à tendance sableuse et sablo-gravillonnaires ;

? une régression des superficies des sols hydromorphes argilo-limoneux et des sols minéraux bruts, gravillonnaires sur lithosols (Tableau 5).

Tableau 5 : La dynamique des états de surface du sol entre 1992 et 2000

États de surface du sol

Superficie 1992 (ha)

Superficie 2000 (ha)

Évolution
(ha)

Sols hydromorphes argilo-limoneux

1880,11

406,12

-1474

Sols limono-argileux

1338,26

1465,05

127

Sols limono-sableux

1422,00

1851,30

429

Sols sablo-limoneux à tendance sableuse

1346,38

3146,33

1800

Sols sablo-gravillonnaires

1471,14

2185,30

714

Sols minéraux bruts, gravillonnaires sur lithosols

1875,81

279,90

-1596

Source : Images composées fausse couleur RGB 453 de Landsat4 (1992) et Landsat7 (2000)

Figure 1 : Évolution des types d'états de surface du sol de la zone du site : octobre 1992 et août 2000

Belgou

Belgou

Sols hydromorphes argilo-limoneux

Sols limono-argileux

Sols limono-sableux

Sols sablo-limoneux à tendance sableuse

Sols sablo-gravillonnaires

Sols minéraux bruts, gravillonnaires sur lithosols

Limite approximative du terroir de Belgou

Système de projection : WGS 1984 UTM Zone 31

Source : Images composées fausse couleur RGB 453 -TM de Landsat4 (1992, OUATTARA I., 2008

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3.3.3.1.3-La faune

D'après l'historique du village, Belgou était une zone très giboyeuse où on rencontrait les gros et petits gibiers. Aujourd'hui, la faune à Belgou se résume par la présence de quelques varans, de perdrix, de tourterelles, de rats, de francolins et d'oiseaux migrateurs. La disparition de la faune est l'une des conséquences de la dégradation des formations végétales. En effet, l'absence d'une couverture dense empêche les animaux d'avoir des logis. Cela entraîne le départ des animaux du terroir vers des zones plus boisées. Aussi, avec la croissance de la population, on assiste à l'arrivé d'un nombre de plus en plus élevé de braconniers. Ces derniers abattent les animaux et cela participe à la disparition de la faune.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus