3.3.2 - Les causes selon la population de Belgou
Les paysans situent la responsabilité du changement
climatique à deux niveaux : divin et humain.
4 C'est le déplacement de l'ouest vers l'est
au niveau de l'équateur d'une énorme masse d'eau chaude (grand
comme les USA) qui réchauffe une partie des eaux de l'océan
pacifique et modifie notamment le régime des pluies tropicales (www
google)
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3.3.2.1 - La responsabilité divine
Pour la population cible de l'enquête, le changement ou
la variabilité climatique n'est que du fatalisme. En clair, le seul
responsable des modifications ou variations ne peut être que Dieu. Cette
thèse est soutenue par près de 80% des personnes
interrogées à Belgou. Elles avancent les arguments selon lesquels
l'eau, le sol, la pluie, les vents, le soleil, etc. procèdent de la
Providence. Ainsi, toute modification ou variabilité observée
dans leur cours habituel est le fait de Dieu.
Dans le même ordre d'idées, certains anciens du
village pensent que la rareté pluviométrique et l'apparition des
phénomènes climatiques exceptionnels sont des châtiments
divins dus à ?l'évolution négative du
monde?. En effet, ils pensent que la dépravation des moeurs,
le non respect des coutumes, des traditions et la cupidité conduisent
les hommes à poser des actes inhumains, provoquant la colère de
Dieu. Ainsi, Dieu à travers ces phénomènes naturels punit
les fautifs.
Contrairement à ces visions de l'évolution
climatique, d'autres attribuent les causes à des actions
anthropiques.
3.3.2.2 - Les causes anthropiques
spécifiques
Il est des paysans qui, sans avoir nié la
responsabilité divine du phénomène, ajoutent qu'il existe
d'autres causes liées aux actions humaines.
3.3.2.2.1 - La déforestation
Pour certaines personnes, le changement et les
variabilités climatiques sont dus à la disparition des arbres et
du couvert végétal. Elles affirment ne pas connaître le
rôle que jouent les arbres dans le processus de la formation des pluies
mais elles reconnaissent avoir appris qu'ils participent au système de
formation des nuages. Par conséquent, s'il y a aujourd'hui un grand
nombre d'arbres qui a disparu, il est logique que l'on constate des
perturbations pluviométriques. La disparition des arbres est due au
besoin en bois pour un certain nombre d'usages (bois énergie, bois
d'oeuvre). Aussi ces personnes attribuent-elles la disparition des arbres aux
sécheresses de 1973-74 et 1983-84 car ces deux événements
ont été très catastrophiques pour la flore. Ils ont
décimé la plupart des arbres qui existaient dans le terroir.
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- La construction des maisons
La construction des maisons du village nécessite
l'utilisation de beaucoup de bois. Les toitures sont faites de plusieurs troncs
et de branches (cf photo 3). On estime qu'il faut, pour la construction d'une
maison, les branches et les troncs d'au moins deux arbres. Cette pratique
contribue donc à l'accélération de la déforestation
qui a des répercussions sur la pluviométrie.
Photo 3 : Toit d'une maison vue de
l'intérieur
Source : cliché de l'auteur, Août 2007
-Le bois de chauffe
Le besoin en énergie pour le ménage amène
les villageois à couper le bois. Mais selon ces derniers, les
quantités prélevées ne devraient pas avoir grande
influence sur la végétation. Cependant, ils pensent que les
véritables responsables de la surexploitation sont les
charretiers5 qui viennent des villages voisins. Pour ne pas
être en manque de bois pour l'approvisionnement de leurs clients,
certains usent d'astuces pour dessécher les arbres. Le responsable de
l'environnement du département de Falangountou parle à ce
sujet
5 Ce sont des exploitants traditionnels des
forêts. Avec leur permis d'exploitation ils sont autorisés
à ramasser le bois mort qu'ils transportent à l'aide des
charrettes pour le commercialiser à Dori.
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?d'étranglement d'arbres?. Ce
procédé consiste à enlever l'écorce tout autour de
l'arbre dans l'espoir qu'il s'assèche rapidement.
Le responsable de l'environnement, seul agent de son
ministère en poste dans le département, affirme ne pas disposer
d'assez de moyens pour surveiller tous les treize villages relevant de son
ressort. Outre la disparition des arbres, on note la réduction du
couvert herbacé due au surpâturage. La capacité de charge
de la zone est dépassée face au nombre de plus en plus
élevé de troupeau. En effet, selon les études de l'INERA
(1995) cité par le ministère de l'économie et des
finances, la capacité de charge de la région du Sahel devrait
être de l'ordre de 395 000 UBT ; or elle est de 565 520 UBT soit un
écart de charge de plus de 170 520 (+43%).
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