2.4 L'investissement Direct Étranger en Hati
L'investissement Direct Etranger (IDE) constitue le capital
injecté dans la propriété d'actifs réels pour
établir une entreprise en Hati ou pour détenir le contrôle
d'une entreprise nationale déjà existée afin d'avoir droit
effectif dans sa gestion. Ce type d'investissement est réalisé
dans des installations de production impliquant un apport financier et apporte
une innovation technologique et un mode de gestion pouvant accroitre le niveau
d'efficience du capital. Il est sujet également aux risques et a pour
but le profit. Ce type d'investissement peut être fait également
par l'Etat. Il importe d'établir une différence entre
l'investissement Direct etranger et l'investissement de portefeuille car la
distinction entre ces deux types d'investissement est dans une certaine mesure
difficile à effectuer du fait que un faible degré de
participation au capital d'une entreprise étrangère peut
engendrer un pouvoir de contrôle. En effet, l'investissement de
portefeuille est caractérisé par l'achat de titres(actions ou
obligations) privés ou d'Etat ou des intérêts minoritaires
dans les entreprises en vue de tirer un certain profit sans un pouvoir de
contôle durable. Il permet aux investisseurs de diversifier ses risques
et de placer rentablement ses capitaux, sans la tâche de gérer et
de contrôler ne leur a pas été endossée. Les titres
provenant de ce type d'investissement change de mains en mains sans que
l'épargne étrangère mobilisée ne
génère de nouveaux investissements productifs.
En revanche, l'investissement Direct Etranger (IDE) est
reconnu par la littérature économique comme un moteur de
croissance important pour les petites économies ouvertes comme Hati. Car
le faible niveau d'investissement endogène dans les pays moins
avancés (PMA) par l'insuffisance des revenus et de l'épargne
intérieure. Donc, il un impératif pour les pays pauvres de
créer les conditions soci-économiques et politiques pour attirer
un financement extérieur de plus en plus accru pour assurer leur
développement. En ce sens, l'investissement direct étranger (IDE)
constitue un des apports de financement extérieur privé le plus
stable et le plus important.
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C'est ainsi que, au cours de la période
sous-étude, en Haïti, les entrées nettes d'IDE sont
relativement faibles comparativement aux îles de la même
région respectivement République Dominicaine, Jamaïque,
Trinitad et Tobago, Cuba. Durant cette période, on registre un moyenne
annuelle de 20,75 millions de dollars américains en terme courants soit
1,39 % des entrées nettes totales pour la région ciblée ;
cependant en Républicaine Dominicaine, le flux moyen d'IDE s'est
estimé à 626.11 millions de dollars américains soit 42% du
montant total des entrées nettes totale d'IDE. Quant à la
Jamaïque, il enregistre un montant moyen de 311,26 millions de dollars
accusant un taux de 21% du montant total d'IDE pour la région
ciblée.Trinitad et Tobago a reçu une somme moyenne de 526,15
millions de dollars américains soit un taux de 35% du montant total
d'IDE atteint dans la région. Sauf, Cuba qui se trouve au-bas de
l'échelle par rapport à Haïti, il a réussi à
attirer un faible montant moyen d'IDE s'estimant à 10,2236 millions de
dollars américains soit -0.022% du montant total d'IDE alloué
à la région ciblée pour la période allant de 1980
à 2010.
Ce faible pourcentage d'IDE dans Les PMA surtout en Haïti
aurait été engendré par des contraintes tant
endogènes qu'éxogènes :Une instabilité politique et
économique, la taille réduite des marchés, une
insuffisance d'avantage comparatif et une faible compétitivité
des entreprises nationales capables des se partenariser avec les Firmes
TransNationales (FTN). Ces diverses contraintes d'ordre conjoncturel et
structurel fixent le loyer de l'argent à un pallier relativement
élevé, induisant des coûts de transaction auxquels doit
affronter tout investisseur penché vers l'espace économique
haïtien.
Graphique VIII : Évolution de L'IDE et de
L'Investissement privé en pourcentage du PIB (1981 à
2010)
45.00%
35.00%
25.00%
15.00%
-5.00%
5.00%
1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
2010
IDE/PIB INVP/PIB
Source: Calculs de l'auteur, IHSI & Banque Mondiale
(Données); Graphique(Auteur)
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En observant le graphique ci-dessus, On contate qu'il existe
une nette asymétrie entre l'Investissement Direct Étranger et
l'investissement privé. L'Investissement Direct Étranger
évolue au dessous de 5% du PIB. Son poids dans l'économie
nationale est extrêmement faible. Il importe également de signaler
que les années 1991,1992,1993 et 1994 sont marquées par des flux
de désinvestissements en Haïti en termes d'IDE, soit respectivement
(-1.8 ;-2.2 ;-2.8 ;-2.8) millions de dollards E.U. Ces années
correspondent à l'embargo commercial et financier imposé à
Haïti et aux vives crises politiques qui ont miné le pays. En 1995,
ces flux sont brusquement affectés de signe positif soit 7.4 millions de
dollards E.U. Durant la période allant de 1995 à 2000, on a
assisté à un certain rebond de l'activité
économique en Haïti avec un taux de croissance de 3.75% en moyenne.
Au cours de cette même période, Haïti a reçu des flux
d'IDE s'élevant au total à 69.51 millions de dollards E.U soit
environ 107% des volumes totaux d'IDE(65.156 miliions de dollars E.U) pour la
période 1980 à 1994.
De tout cela, il revient à préciser que, cette
revitalisation, en terme d'IDE, est marquée par l'arrivée de la
compagnie ELF en Haïti en 1997 et les investissements
réalisés dans les industries d'assemblage ; en 1998, les flux
d'IDE ont grimpé par rapport aux années
précédentes, à 11 milions de dollards E.U s'expliquant par
l'acquisition de la minoterie d'Haïti par le Consortium Continental Grain
Co Seabord ayant injecté plus de 6 millions de dollards E.U. En 1999,
ces flux d'IDE sont passés de 11 millions à 30 millions, soit une
hausse de 179% environ, il convient de noter qu'en 1999, on a observé
à l'implantation sur le marché haïtien de récentes
compagnies (Comcel, Haitel, Rectel) de téléphone contribuant
ainsi à la variation à la hausse des flux d'IDE en 1999, comme il
a été signalé dans les lignes qui
précèdent.On a encore assisté à un repli des IDE de
2000 à 2004, soit un total de 43.05 millions de dollards E.U. Cette
période est marquée par la contestation des élections en
2000 faisant de Jean Bertrand Aristide le Président de la
République d'Haïti ; cette dite contestation a été
transformée en ardentes crises politiques. En 2005, après le
départ de Jean Bertrand Aristide, les IDE ont connu un certain
rétablissement, accusant une valeur de 26 millions de dollards E.U.
C'est en 2006, qu'on a enregistré en Haïti le plus haut volume
d'IDE (160.6 millions de dollards E.U), cette période est marquée
par l'arrivée de la compagnie de Téléphone appelé
DIGICEL, ayant grandement contribué à ce fort volume d'IDE jamais
connu en Haïti au cours de la période sous-étude. Au total,
pour la période allant de 2005 à 2010, le volume d'IDE est de
12523,85 millions d'IDE, soit une valeur moyenne 1043,65 millions de dollards
E.U.
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En résumé, comme l'indique l'économiste
haïtien Fred DOURA, en dépit de l'importance de l'IDE, il ne doit
pas constituer le substratum de l'économie, ni être le poumon de
l'économie, sans quoi le développement soutenu, dans
l'intérêt national, est sujet à l'échec. À
mon sens, l'IDE doit corroborer à l'investissement privé
domestique.
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