2.2 Les dépenses d'investissements publics en
Haïti
Pour de nombreux investisseurs, les infrastructures
constituent un point crucial. Si l'approvisionnement en
électricité et en eau est trop coûteux ou trop incertain,
les investissements en pâtiront. Les routes de mauvaise qualité
(provoquant des pannes de camion fréquentes) ou surchargées
(causant de longs délais) génèrent une augmentation
superflue des coûts. Des installations portuaires trop petites, mal
situées ou saturées dissuadent les investisseurs. Les pays
dotés de mauvaise infrastructure sont souvent dans l'incapacité
d'attirer les investissements, sauf si leurs coûts sont plus faibles dans
d'autres domaines, tels les coûts salariaux. En fait, des infrastrucutres
incertaines ou très coûteuses réduisent la
productivité et limitent les salaires que les investisseurs seraient
prêts à verser.58
Les dépenses en capital de l'État renferment
ceux des administrations publiques(écoles, infrastructures
routières, santé, etc). Il s'agit d'investissements d'ordre
collectif qui devraient avoir des externalités positives sur l'ensemble
de l'économie et avoir pour objectif la rationalisation et
s'intégrant dans un dynamisme de développement,
d'industrialisation, et de croissance du revenu. Dans cette perspective, l'Etat
devrait faire un inventaire de ses ressources et de ses contraintes en vue de
planifier son programme d'investissement public en identifiant également
leur priorité générale pour l'ensemble de
l'économie nationale.
En Haiti, les dépenses en capital de l'État
représentaient en moyenne 12.37 % des dépenses totales pour la
période allant de 1981 à 1985, soit 2.20 % du Produit
Intérieur Brut (PIB). De 1986 à 1990, les dépenses
d'investissement ont chuté, accusant un taux de 10.61% des
dépenses totales, soit 1.44% du PIB. De 1991 à 1994, dans un
climat de coup d'état militaire, d'une situation politique
désastreuse, de crise économique intense marquée par
l'embargo ; les dépenses d'investissement ont varié à la
baisse, affichant un taux moyen de 6.21 % des dépenses totales, soit
0.53 % du PIB59. Au cours de la période sous-étude,
les dépenses en capital de l'État
58 Perkins et al(2008), économie du
Développement, p. 474
59 Ces calculs ont été effectués
à partir des données du tableau VIII en annexe.
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évoluent en dessous de 5 % du PIB (voir
graphique VII). Force est de constater, que les dépenses devant
permettre aux pouvoirs publics d'établir les infrastructures
nécessaires pour promouvoir un climat favorable aux investissements
privés domestiques et étrangers et d'assurer des services sociaux
qui répondent aux besoins fondamentaux de la population, ne sont pas
significatives en pourcentage du PIB. Ces dépenses peuvent être
destinées à une redistribution équitable des revenus,
surtout aux catégories sociales démunies au moyen des transferts
publics.
Le poids croissant de l'Etat soit comme producteur soit comme
redistributeur est considérablement faible en Haiti. Mesuré par
le ratio dépenses publiques sur PIB, celui-ci représente en
moyenne 1.85 % en Haiti de 1981 à 2010.
Graphique VII : Évolution comparée de
l'investissement privé et l'investissement public en pourcentage du
PIB (1981-2010)
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40.00%
50.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
1981
1982
1983
Investissement prive/PIB Investissement public/PIB
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Source : BRH, IHSI et Yearbook FMI (Données) et
Graphique (Auteur).
En analysant les dépenses d'investissement public par
secteur, les dépenses d'investissements en éducation sont
passées de 14.7% en 1996 à 3.19 % en 2008 du montal total; celles
en agriculture sont passées de 11% en 1996 à 4.97% en 2008; les
dépenses d'investissements en environnement sont passées 0.00%
à 0.72% de 1996 à 2008; les dépenses d'investissements en
santé sont passées de 4.2% à 2.52 % de 1996 à 2008;
celles effectuées en infrastrutures sont passées de 36.3%
à 50.83 % en 2008.60
60 Voir tableau XV.
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En dépit de la variation à la hausse des
dépenses en infrastrucutres, les effets externes sur l'investissement
privé se sont révélés faibles. Cet état de
fait s'explique par le faible niveau de la productivité de
l'investissement.
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