2.2 La productivité de l'investissement en
Haïti
La productivité de l'investissement d'après la
littérature se définit comme le taux d'investissement
substantiel, potentiel qui induit une croissance du P11B plus soutenue (Levine
et Renelt, 1992). En Haïti, la faiblesse de la productivité de
l'investissement généré explique
56 Banque de la République d'Haïti (BRH).
Rapport annuel, 1996.
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l'inélasticité de la croissance
économique. En fait, L'évolution du PIB dans le processus
d'accumulation du capital est corrélée de manière plus
significative à la productivité de l'investissement que de son
volume. Par contre, certaines catégories d'investissements sont à
faible valeur ajoutée tels que les investissements de remplacement, leur
contribution au développement, l'effet de richesse qu'ils induisent sont
relativement faibles. Á une hausse de l'investissement d'un point de
pourcentage ne correspond pas de toute évidence à une
accélération du rythme de croissance du PIB .Comme on l'a pu
constater en Haïti, à travers l'évolution de l'ICOR
(Incrémental Capital Output Ratio), un coefficient utilisé pour
mesurer le taux de retournement de l'investissement, la quantité de
capital supplémentaire susceptible d'induire une unité
supplémentaire d'Output. À la décroissance du coefficient
marginal de capital correspond un niveau d'investissement de plus en plus
efficient. C'est ainsi que de 1980 à 1994, dans un cadre
général des affaires caractérisé par
l'instabilité politique, de crise économique sévère
comme l'embargo, l'ICOR s'est élevé à 0.47%, contrairement
à la décennie précédente, soit de 1970 à
1979, où il s'était évalué à 0.37%. Durant
la période allant de 1995 à 2006, l'ICOR variait encore à
la hausse, affichant un taux moyen de 1.87%. Tout ceci signifie au cours de la
période 1980-1994, une accélération du rythme de
croissance du PIB de 1% nécessitait un accroissement de 0.47% du stock
de capital. Dans les années succédant, soit de 1995 à
2006, l'obtention du même résultat requiert une hausse de 1.87% du
stock de capital de l'économie. Ses résultats empiriques laissent
entrevoir l'inefficience du processus d'accumulation du capital en Haïti,
par ricochet la faible valeur ajoutée créée et le faible
effet de richesse induit.
Graphique VI : Évolution du Taux
d'investissement et de l'ICOR (1980 à 2006)
-20.00%
-40.00%
40.00%
20.00%
0.00%
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
ICOR Taux d'investissement
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
Source: Cahier de Recherche de la BRH en
2008(Données) et Graphique(Auteur).
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La croissance du PIB est inélastique aux incitatifs de
l'investissement. Ceci résulterait des types d'investissements
réalisés ; à titre d'exemple les investissements de court
terme comme les investissements de remplacement génèrent moins de
valeur ajoutée que ceux visant le long terme appelés
investissements de capacité comme les dépenses d'investissements
en infrastructures, machineries, constructions etc. En Haïti, le faible
niveau d'investissements publics, en capital physique et humain
(infrastructures, santé, Education, Recherche), soit 13.73% en moyenne
des dépenses globales du Gouvernement, explique en grande partie la
faiblesse de la productivité des investissements en Haïti.
En faisant une comparaison des taux d'investissement et des
taux de croissance moyens d'Haïti et de certains pays en voie de
développement57 pour la période allant de 1985
à 2005. On constante que le taux d'investissement des pays en voie de
développement génèrent des taux de croissance beaucoup
plus élevés que ceux d'Haïti. À ce titre, Pour un
pays comme Maroc, à un taux d'investissement moyen de 3% correspond un
taux de croissance économique de 21% ; Pour la Tunisie, à un taux
d'investissement moyen de 4% correspond un taux de croissance économique
de 27% ; Pour la Botswana, à un taux d'investissement de 7% correspond
un taux de croissance de 26% ; L'Égypte affiche un taux de croissance de
19% tributaire d'un taux d'investissement de 4% ; La Corée et La
Malaisie accusent respectivement des taux de croissance de 34% et 30% pour un
taux d'investissement de 7%. Par contre, pour Haïti, à un taux
d'investissement de 23.58% en moyenne correspond un taux moyen de croissance
économique de l'ordre de -0.09%. L'investissement en Haïti est
moins productif que ceux des pays en voie de développement.
Il existe un nette asymétrie entre l'évolution
des taux de croissance du PIB et de l'investissement. En calculant, le taux
d'efficience de l'investissement, en moyenne, une hausse de 1% de
l'investissement global induit un accroissement du PIB de 0.76%, par contre une
baisse de même valeur de l'investissement entraine une chute de 1,70% du
taux de croissance de l'économie haïtienne.
57 Voir tableau XIII en Annexes.
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En substance, Les investissements réalisés en
Haïti n'arrivent pas à stimuler la croissance économique
compte tenu du climat déstabilisateur dans lequel ils évoluent et
de la qualité des investissements privilégiés et des
filières priorisées.
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