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Les déterminants de la productivité de l'investissement privé en Haiti: un modèle à  équations simultanées (1981-2010)


par Carlos DODIEU
Université d'Etat d'Haiti (UEH) - Licence ès Sciences Economiques (Bac+4) 2014
  

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2.2 La productivité de l'investissement en Haïti

La productivité de l'investissement d'après la littérature se définit comme le taux d'investissement substantiel, potentiel qui induit une croissance du P11B plus soutenue (Levine et Renelt, 1992). En Haïti, la faiblesse de la productivité de l'investissement généré explique

56 Banque de la République d'Haïti (BRH). Rapport annuel, 1996.

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l'inélasticité de la croissance économique. En fait, L'évolution du PIB dans le processus d'accumulation du capital est corrélée de manière plus significative à la productivité de l'investissement que de son volume. Par contre, certaines catégories d'investissements sont à faible valeur ajoutée tels que les investissements de remplacement, leur contribution au développement, l'effet de richesse qu'ils induisent sont relativement faibles. Á une hausse de l'investissement d'un point de pourcentage ne correspond pas de toute évidence à une accélération du rythme de croissance du PIB .Comme on l'a pu constater en Haïti, à travers l'évolution de l'ICOR (Incrémental Capital Output Ratio), un coefficient utilisé pour mesurer le taux de retournement de l'investissement, la quantité de capital supplémentaire susceptible d'induire une unité supplémentaire d'Output. À la décroissance du coefficient marginal de capital correspond un niveau d'investissement de plus en plus efficient. C'est ainsi que de 1980 à 1994, dans un cadre général des affaires caractérisé par l'instabilité politique, de crise économique sévère comme l'embargo, l'ICOR s'est élevé à 0.47%, contrairement à la décennie précédente, soit de 1970 à 1979, où il s'était évalué à 0.37%. Durant la période allant de 1995 à 2006, l'ICOR variait encore à la hausse, affichant un taux moyen de 1.87%. Tout ceci signifie au cours de la période 1980-1994, une accélération du rythme de croissance du PIB de 1% nécessitait un accroissement de 0.47% du stock de capital. Dans les années succédant, soit de 1995 à 2006, l'obtention du même résultat requiert une hausse de 1.87% du stock de capital de l'économie. Ses résultats empiriques laissent entrevoir l'inefficience du processus d'accumulation du capital en Haïti, par ricochet la faible valeur ajoutée créée et le faible effet de richesse induit.

Graphique VI : Évolution du Taux d'investissement et de l'ICOR (1980 à 2006)

-20.00%

-40.00%

40.00%

20.00%

0.00%

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

ICOR Taux d'investissement

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Source: Cahier de Recherche de la BRH en 2008(Données) et Graphique(Auteur).

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La croissance du PIB est inélastique aux incitatifs de l'investissement. Ceci résulterait des types d'investissements réalisés ; à titre d'exemple les investissements de court terme comme les investissements de remplacement génèrent moins de valeur ajoutée que ceux visant le long terme appelés investissements de capacité comme les dépenses d'investissements en infrastructures, machineries, constructions etc. En Haïti, le faible niveau d'investissements publics, en capital physique et humain (infrastructures, santé, Education, Recherche), soit 13.73% en moyenne des dépenses globales du Gouvernement, explique en grande partie la faiblesse de la productivité des investissements en Haïti.

En faisant une comparaison des taux d'investissement et des taux de croissance moyens d'Haïti et de certains pays en voie de développement57 pour la période allant de 1985 à 2005. On constante que le taux d'investissement des pays en voie de développement génèrent des taux de croissance beaucoup plus élevés que ceux d'Haïti. À ce titre, Pour un pays comme Maroc, à un taux d'investissement moyen de 3% correspond un taux de croissance économique de 21% ; Pour la Tunisie, à un taux d'investissement moyen de 4% correspond un taux de croissance économique de 27% ; Pour la Botswana, à un taux d'investissement de 7% correspond un taux de croissance de 26% ; L'Égypte affiche un taux de croissance de 19% tributaire d'un taux d'investissement de 4% ; La Corée et La Malaisie accusent respectivement des taux de croissance de 34% et 30% pour un taux d'investissement de 7%. Par contre, pour Haïti, à un taux d'investissement de 23.58% en moyenne correspond un taux moyen de croissance économique de l'ordre de -0.09%. L'investissement en Haïti est moins productif que ceux des pays en voie de développement.

Il existe un nette asymétrie entre l'évolution des taux de croissance du PIB et de l'investissement. En calculant, le taux d'efficience de l'investissement, en moyenne, une hausse de 1% de l'investissement global induit un accroissement du PIB de 0.76%, par contre une baisse de même valeur de l'investissement entraine une chute de 1,70% du taux de croissance de l'économie haïtienne.

57 Voir tableau XIII en Annexes.

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En substance, Les investissements réalisés en Haïti n'arrivent pas à stimuler la croissance économique compte tenu du climat déstabilisateur dans lequel ils évoluent et de la qualité des investissements privilégiés et des filières priorisées.

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