PARAGRAPHE 3 : La globalisation de l'information
L'objectif ici est de démontrer qu'à
l'ère de la société de l'information où
l'évènement le moins important possible, se déroulant dans
le bled le plus ou moins enclavé possible, est
presqu'instantanément répercuté à travers le monde
par les technologies de l'information, la police camerounaise et surtout la
Sûreté Nationale, ne sauraient continuer d'opérer
1 Allusion faite au Pr. Kontchou Kouomegni, ministre
de la communication de l'époque.
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principalement voire uniquement avec les approches et
méthodes de l'époque qui a précédé le
développement accéléré de ces nouveaux outils
d'information.
Hocine Hamid résume cette préoccupation en
déclarant qu'« En ce début de troisième
millénaire, les NTIC ont réduit notre planète à
l'échelle d'un « village global » selon l'expression de
Marshall Mcluhan. Les changements potentiels charriés par cette nouvelle
technologie sont si profonds qu'ils posent des questions fondamentales sur :
l'organisation de nos sociétés, le devenir de l'homme, du
citoyen... »1.
En d'autres termes, à cause des technologies de
l'information, de la sublimation des droits de l'Homme, une moindre bavure de
la police, généralement issue de l'approche d'ordre, fait
tellement grand bruit dans le monde entier et ternit l'image de ce corps de
métier et par ricochet celle de son pays d'origine qu'on gagnerait
à travailler plus pour la prévention (et donc la police
communautaire) que pour la répression (et donc la police d'ordre).
A titre d'exemple, la mort d'un adolescent américain,
Michael Brown, d'une ville jusque là très inconnue, le 09
août 2014, a, non seulement engendré des émeutes sur place
pendant plusieurs jours, mais aussi provoqué une onde de choc à
travers le monde en un temps record. Le Nouvel Observateur affirme à
propos que: « La petite ville de Ferguson dans la banlieue de
Saint-Louis (Missouri) a connu sa cinquième nuit d'émeutes
mercredi 13 août au soir. Des violences provoquées par la mort
samedi dernier d'un jeune Noir abattu par la police, qui ravivent le
débat sensible du racisme aux Etats-Unis. »2.
Au Cameroun, la mort engendrée par un policier dans une
auberge au quartier Coron à Yaoundé le premier mai 2014 pour une
affaire de moeurs a fait le tour du monde comme une trainée de poudre.
S'en faisant l'écho, Souley Onohiolo du journal le Messager affirme que
« L'inspecteur de police principal, Atangana Arbogaste, en service au
Gso, mais depuis des mois en détachement à Elecam où, il
assure, la garde du vice président du Conseil électoral, est
accusé d'avoir ouvert le feu sur Tshanou Jaurès, qui a
succombé quelques heures plus tard aux urgences de l'hôpital
central de Yaoundé. »3.
C'est dire que la police, en faisant son travail, doit
désormais être consciente de la présence visible ou non des
professionnels ou non de la diffusion de l'information et polir ses
méthodes
1 Hamid, 2009, p. 217.
2 Nouvel Observateur du 14 août 2014.
3 www.Camer.be du 06 mai 2014.
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d'intervention, veiller sur le respect des droits de l'Homme ;
toutes caractéristiques qui sous-tendent l'approche communautaire.
Cette exigence de la conscience des éventuels
informateurs est d'autant plus pertinente que les technologies sont de plus en
plus variées, sophistiquées, miniaturisées et leur
ergonomie nécessite de moins en moins une expertise approfondie pour
porter à la connaissance du monde, des faits qui, hier, seraient
restés circonscrits à leur lieu de commission ou auraient
été considérés comme des détails de
l'actualité.
Mathieu Pierre et Sylvain Loizeau déclarent sans
détour à ce sujet que « Des progrès dans les
domaines de l'électromagnétisme et du traitement du signal ont
permis l'arrivée de technologies dédiées à la
mobilité, comme le GSM/GPRS (technologies de téléphonie
sans fil), l e Wi -Fi, l e bluetooth... Toutes ces technologies permettent
d'étendre les réseaux hors de l'enceinte des bâtiments, ce
qui permet à l'utilisateur lambda d'accéder à ses
informations personnelles où qu'il soit. Ces technologies sont
particulièrement en vogue actuellement. Elles reposent bien souvent sur
les protocoles réseaux existants (en particulier TCP/IP).
»1.
En somme, le Cameroun, qui fait partie du concert des nations
mondiales, ne saurait se soustraire de l'actualité de la
sécurité humaine ; de la sublimation actuelle des droits de
l'Homme et surtout de l'évolution voire de la révolution des
technologies de l'information avec toutes les conséquences que ces
instruments ont sur l'Homme et sur tous les secteurs de ses activités.
En ce qui concerne la police, c'est l'approche communautaire qui offre une
grande souplesse pour intégrer ces innovations, et mêmes les
indicateurs internes du caractère propice de cette nouvelle
stratégie policière au Cameroun ne nous démentiraient
pas.
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