PARAGRAPHE 2 : La sublimation des droits de l'Homme
La protection des droits de l'Homme dans le monde est
tellement sublimée qu'un pays ou une institution qui s'en marginalise
est tout de suite mis sur le ban de la communauté internationale. Aussi,
les droits de l'Homme sont-ils devenus un facteur qui favorise l'instauration
de la police communautaire, car elle est moins encline aux méthodes
répressives autrement dit aux violations des droits humains.
1 ONU, 2011, p.2.
2 Ober, 2002, pp. 27-30.
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Le ton est donné par l'adoption, le 10 décembre
1948, par l'Assemblée Générale des Nations-Unies, de la
Déclaration Universelle des Droits de L'Homme et du Citoyen. Ce
document, déjà dans son préambule, considère le
respect des droits de l'Homme comme « ... le fondement de la
liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
»1 ainsi que « ... l'idéal commun à
atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les
individus et tous les organes de la société, ayant cette
déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par
l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces
droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre
national et international, la reconnaissance et l'application universelles et
effectives... »2.
L'Organisation des Nations Unies ne s'est pas
arrêtée en si bon chemin dans la valorisation et la promotion des
droits de l'Homme dans le monde. En visitant son histoire, la conclusion est
évidente que le droit a pris une valeur très considérable.
A l'origine une division des Nations Unies, il existe, depuis 2006, tout un
Conseil des Droits de l'Homme érigé par l'Assemblée
Générale en remplacement du Haut Commissariat des Nations Unies
aux Droits de l'Homme créé en 1993 en succession du Centre des
Droits de l'Homme alors basé à Genève. Le site web de ce
Conseil, parlant de son importance, affirme qu'« En plus des mandats
et responsabilités hérités de la Commission, le nouveau
Conseil des droits de l'homme dépend directement de l'Assemblée
générale et dispose de mandats élargis. Il peut notamment
faire des recommandations à l'Assemblée générale
pour élaborer de nouvelles lois internationales dans le domaine des
droits de l'homme et procéder à des Examens périodiques
universels des Etats afin de vérifier s'ils respectent leurs obligations
et engagements en matière de droits de l'homme.
»3.
En dehors de ces instruments juridiques, les droits de l'Homme
sont valorisés par le statut de Rome entré en vigueur en juillet
2002, le Droit International Humanitaire ; la Charte africaine des droits de
l'Homme et des peuples aux cotés de nombreux organismes
non-gouvernementaux tels Human Rights Watch , International Crisis Group qui
n'hésitent pas à dépêcher des observateurs, des
enquêteurs pour constater les violations des droits de l'Homme ; à
inculper ou oeuvrer pour l'inculpation des auteurs de crimes contre
l'Humanité, crimes de guerre ou génocides.
1 Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
et du Citoyen, 1948, préambule.
2 Id. Préambule.
3 HCDH, bref historique.
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Des exemples abondent mondialement et n'épargnent
aucune personnalité. Les cas des présidents en exercice du
Soudan, Omar El Béchir et du Kenya, Uhuru Kenyata, sans compter
l'ex-président de Cote d'Ivoire Laurent Gbagbo sont là pour le
démontrer à suffisance.
Le niveau national n'est pas en reste, en dehors de multiples
organismes non-gouvernementaux nationaux, le Gouvernement camerounais a
créé, par décret du 8 novembre 1990, le Comité
National des Droits de l'Homme et des Libertés avant de le transformer,
par la loi numéro 2004/016 du 22 juillet 2004, en Commission Nationale
des Droits de l'Homme et des Libertés. Cette mutation a pour but
d'accroitre le respect et la protection des droits de l'Homme car comme
l'affirme l'article 1 alinéa 2 de la loi susvisée créant
la commission, celle-ci « ... est une institution nationale de
promotion et de protection des droits de l'Homme. C'est une institution
indépendante de consultation, d'observation, d'évaluation, de
dialogue, de concertation de promotion et de protection en matière de
droits de l'Homme. ».
A titre d'exemples, la répression de la grève
à l'université de Yaoundé en 1988 au bilan de «
zéro mort » a rendu les opinions internationale et
nationale si dubitatives que cette expression est devenue le sobriquet d'un
membre du Gouvernement1, ci-devant porte-parole de ce Gouvernement.
Dans la même optique, pendant les débordements de la transition
démocratique des années 90 et le commandement opérationnel
qui les contint à Douala, la disparition des « neuf de
Bépanda » à Douala avait valu au Cameroun la
réputation de pays violeur des droits de l'Homme.
C'est dire que les gendarmes des droits de l'Homme ont
tellement été multipliés tant aux niveaux international
que national et sont si actifs que continuer à ne privilégier que
la police d'ordre qui entretient des rapports incestueux avec leur violation
est suicidaire et milite fortement pour une approche plus souple, plus
participative, plus proactive à savoir, la police communautaire.
Même dans l'hypothèse que les structures de protection des droits
de l'Homme devenaient complaisantes, tel ne serait pas le cas de la
globalisation de l'information.
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