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La police communautaire au Cameroun. Le cas de la sureté nationale.

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par Désiré BESSALA
Université de Yaoundé II (Institut des Relations Internationales du Cameroun) - Master II 2015
  

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PARAGRAPHE 2 : Des stratégies réactives

Comment répondre efficacement aux défis sans cesse croissants posés par l'insécurité ? A cette question, la doctrine de police communautaire apporte une réponse préventive. Autrement dit, il faut analyser la criminalité afin d'en déterminer les causes et les résoudre durablement pour réduire l'insécurité. On parle de stratégie de prévention pour désigner l'ensemble des actions contre la délinquance et la violence orientées vers la résolution de leurs sources.

Maurice Chalom et autres affirment à ce propos que « Pour élaborer des solutions durables qui vont au-delà des réponses traditionnelles, il faut... promouvoir le recours aux stratégies de prévention de la criminalité qui permettent de réduire la délinquance et la violence et d'accroitre le sentiment de sécurité.»1.

C'est ainsi que les communautaristes ont développé diverses stratégies, entre autres : l'approche de la police d'expertise communément appelée « problem solving ». Cette méthode fonctionne comme une intervention médicale. Elle ne considère qu'il ya problème que lorsqu'au moins un incident sécuritaire de même nature se produit au moins deux à trois fois. Dès lors, cette approche s'en saisit pour procéder au diagnostic, élaborer les solutions généralement alternatives aux procédures pénales de concert avec la communauté et les administrer graduellement en fonction de leur efficacité jusqu'à endiguer le mal.

A titre d'exemple, des femmes qui, dans une zone donnée, se font régulièrement violer au cours de la recherche du bois de chauffe, la police d'ordre attendra que le cas lui soit signalé et se contentera d'aller faire les constatations d'usage, d'amener la victime à l'hôpital et d'ouvrir une enquête qui peut hypothétiquement aboutir à l'arrestation du coupable et le même scénario reprendra. En revanche, la police communautaire ira au-delà, elle étudiera les considérations sociologiques des victimes, les caractéristiques de ces viols, le rythme de consommation du bois, les éléments relatifs aux auteurs, bref analysera les causes éventuelles du viol tout ceci en concertation avec la communauté pour aboutir à des esquisses de solution définitive à l'instar de

1 Chalom et al, 2001, p.6.

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la fixation des périodicités de recherche de bois par des femmes non isolées mais en groupe et escortées et le problème va s'estomper durablement.

Une autre stratégie développée par les communautaristes est l'approche SARA : scanner, analyser, répondre, évaluer. Elle consiste d'abord à décrire la situation c'est-à-dire identifier la nature, les auteurs, les victimes, le préjudice... puis, à analyser les différents rapports entre ces facteurs pour en déterminer les causes ; ensuite examiner, avec la communauté, toutes les solutions envisageables et les plus envisagées qu'on administre sur le terrain ; enfin, on évalue leur efficacité par des moyens appropriés à la situation pour vérifier si l'action sur la source du mal a porté les résultats escomptés.

Le rapport 1999-20061 de l'Association Internationale des Chefs de Police donne un témoignage édifiant de la réussite de l'approche SARA à Ontario (USA) par le service régional de la police de Halton. Le rapport affirme qu'un nombre croissant de désordre urbain, de crimes incluant le trafic de drogue, les grèves, le vol de véhicules, la destruction des biens... ont définitivement été résolus, tout au moins à 75%, grâce aux actions diverses de l'approche SARA.

Une troisième stratégie des communautaristes est baptisée Développement et Changement Organisationnels (DCO). Elle consiste d'abord à observer l'état d'une communauté et à y déceler, de par sa configuration ou les comportements de ses membres, des facteurs qui peuvent y favoriser de l'insécurité ; puis à initier avec la communauté, des actions de développement ou d'éducation... qui préviennent la commission des actes criminels.

En termes d'éducation par exemple, dans une communauté où, pour acheter une bière ou un article, le client, au milieu des bardeaux généralement nécessiteux, retire de sa poche une liasse de billets de banque avant d'en extirper le plus petit pour son dessein, croit montrer son aisance financière sans savoir que parallèlement, il peut se faire prendre en filature et être agressé. Une action d'éducation peut, à défaut d'enrayer totalement le risque, le réduire considérablement.

S'agissant des actions de développement, un quartier obscur peut favoriser les actes de banditisme, en emmenant les membres de la communauté y compris la municipalité à l'éclairer, la criminalité peut subir une baisse drastique et accroitre conséquemment le sentiment de sécurité.

1IACP, 2007, p. 10.

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D'autres stratégies communautaires existent à l'instar de l'engagement communautaire, des partenariats.... Nous n'allons certes pas les décrire de manière exhaustive, on peut néanmoins affirmer que toutes concourent à la prévention du crime.

Le caractère préventif des stratégies de la police communautaire contraste avec celles réactives de la police camerounaise, notamment la Sûreté Nationale. Celle-ci utilise principalement quatre stratégies, si on s'en tient aux assertions du Service de Coopération Technique Internationale de Police1. Il s'agit du maintien de l'ordre public, de la surveillance de la voie publique, du renseignement et de l'enquête policière. Le dénominateur commun de ces stratégies est de faire respecter les diverses règlementations prises par les différents pouvoirs et les municipalités d'où leur essence répressive, réactive et tournée surtout vers le domaine artificiel de l'Etat et accessoirement vers les quartiers.

A titre d'illustration, la loi n° 90-54 du 19 décembre 1990 Relative au maintien de l'ordre, dans son article 1er, affirme que « La présente loi relative au maintien de l'ordre public fixe les principes d'action à observer, en temps normal, par les autorités administratives et les éléments de maintien de l'ordre en vue de préserver l'ordre public ou de le rétablir quand il a été troublé. ». Ces principes d'action ou stratégies vont, entre autres, de la présence intimidatrice à l'usage des armes en passant par les sommations, les interpellations, la charge...

La précision la plus importante à relever est que ces stratégies ne visent pas à résoudre les causes des désordres mais à gérer les manifestations. Par exemple, les employés d'une société, responsables de familles affamées, accumulent plusieurs mois de salaire et, après plusieurs démarches administratives infructueuses, viennent exprimer leur colère devant une institution, les forces de l'ordre qui habituellement sont en alerte dans leurs postes de commandement, n'interviennent que pour les disperser, au besoin en les brutalisant sans que la source du problème ne soit résolue.

En somme, les stratégies réactives de la police camerounaise en général et de la Sûreté Nationale en particulier confirment que la prévention qui est un principe cardinal de la police communautaire n'est pas encore prioritairement intégrée dans la pratique du métier. En est-il autrement des modes d'action ?

1 SCTIP, 1966, pp. 249 - 349.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci