IV-3- Stratégies et modes d'action de la police
communautaire
Cette rubrique brille par une confusion entre les principes,
les stratégies et les modes d'action. Caroline Ober, analysant la
réforme française de police de proximité, distingue sept
« ... nouveaux modes de travail... »4 Par
opposition implicite aux anciens qui sont au nombre de cinq. Parmi les anciens
modes, elle cite la territorialisation, le contact permanent avec la
population, la polyvalence de la fonction du policier de proximité, la
responsabilisation du policier de proximité afin de valoriser sa
fonction et un service rendu de qualité. Dans le cadre des nouveaux
modes de travail, elle évoque le recueil de la demande de
sécurité, la gestion par objectifs, la résolution du
problème, le travail en équipe, la communication interne et
externe, l'évaluation de la police de proximité et l'esprit de
service public.
Le rapport 1999-2006 de l'Association Internationale des Chefs
de Comité de Police Communautaire5 a recensé quatre
stratégies :
? La résolution des problèmes et la
prévention ;
1 Conseil d'Europe, 2007, p. 13.
2 Chalom et al, 2001, p. 10.
3 Ministère de la Sécurité
Publique, 2000, pp. 19 - 23.
4 Ober, 2002, p. 5.
5 Association Internationale des Chefs de
Comité de Police Communautaire, 2007, pp. 10 - 28.
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+ L'engagement de la communauté ;
+ Le partenariat ;
+ Le développement et le changement organisationnel.
Par contre, Jocelyne Lavoie et Jean Panet Raymond1
retiennent trois stratégies elles mêmes subdivisées en une
kyrielle de modes d'action qu'il n'est pas nécessaire d'évoquer
ici. Ces stratégies sont :
+ La sensibilisation ;
+ La mobilisation ;
+ Les moyens de pression.
IV-4-Formes et acteurs de la police communautaire
Les formes de police communautaire sont variées. On
distingue, selon le choix des pays, la police communautaire, la police de
voisinage, la police de quartier, la police de proximité... Le document
de politique ministérielle du Canada, intitulé Vers une Police
plus Communautaire est clair sur la question : « ... il n'existe pas
de modèle universel de police communautaire, mais plutôt une
variété de modèles répondant aux
spécificités et aux besoins de chaque pays, voire de chaque
ville, mais qui renvoient tous au concept de community policing, tel qu'il
s'est développé principalement aux États-Unis et en
Grande-Bretagne. »2.
Le Conseil de L'Europe abonde dans le même sens :
«... Police de quartier, police communautaire, police de
proximité, police de base, police de contact, etc. Il n'existe donc pas
de modèle homogène. »3. En dépit de
l'unanimité qui se dégage autour de la multiplicité des
formes de police communautaire, il nous semble plus pertinent de
procéder à une catégorisation à base du maillage
territorial, le degré de participation des bénéficiaires
à la formulation des solutions sécuritaires, l'organisation
-mère de la police et la nature des méthodes d'intervention.
+ Sur la base de l'organisation-mère, on distinguera la
police d'Etat et la police municipale ;
+ Le degré de participation des
bénéficiaires à la formulation des solutions
sécuritaires discriminera la police de proximité, si la
formulation est exclusivement institutionnelle ; et communautaire si elle est
inclusive ;
1 Lavoie et Panet Raymond, 2011, pp. 161 - 229.
2 Ministère de la Sécurité
Publique, 2000, p. 11.
3 Conseil d'Europe, 2007, pp. 19 - 20.
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+ Le maillage territorial est fonction de la nature plus ou
moins affinée de la zone d'intervention de base, on peut inclure ici :
la police de quartier, d'ilotage, de voisinage, de contact...
+ La méthode d'intervention peut être une
démonstration de force physique et même létale, on parle de
la police répressive ou par contre persuasive, volontaire et non
létale, c'est la police préventive.
Les acteurs de la police communautaire sont à l'image
de ses formes c'est-à-dire variés. La loi anglaise de 1998,
adoptée pour renforcer la police communautaire, distingue comme acteurs,
la police, les institutions publiques, les organismes du milieu et la
population : « Cette loi prévoit diverses dispositions
destinées à faciliter la recherche des solutions permanentes aux
phénomènes de criminalité et de désordre, entre
autres en conférant une base légale à
l'établissement de partenariats entre la police, les institutions
publiques et les organismes du milieu... »1.
Maurice Chalom et autres ne sont pas loin de la même
énumération mais y procèdent avec détails. Ils
comptent la police, les élus locaux, les associations des citoyens, les
gens d'affaires, les syndicats, les populations, les planificateurs urbains,
les services publics et privés : « ... le partenariat avec les
collectivités au sens large (élus locaux, associations de
citoyens, gens d'affaires, syndicats, planificateurs urbains) et l'ensemble des
institutions ou services publics et privés. »2. Au
total, les acteurs de la police communautaire sont d'une part étatiques
ou municipaux ; d'autre part, non étatiques.
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