I-6-) -Une alternance entre le réel et
l'irréel
Pour comprendre cette alternance entre rêve et
réalité nous partirons de cette réplique de
l'indéfini :
L'indéfini : (...) Certains prétendent
même qu'en réalité cette fille n'a jamais existé,
qu'elle n'a jamais débarqué sur le quai, qu'elle n'a jamais
débarqué que dans l'imagination d'Oméga Dream. On dit
qu'après vingt-trois ans passés là, il s'est
inventé cette femme pour se doper suffisamment et enfin monter dans le
bateau...Mais...réelle ou irréelle, disons qu'ils attendent
toujours là, sur le quai.
Comme dans Le carrefour de Kossi Efoui, ou dans
Cette vieille magie noirede Koffi Kwahulé, le rêve
apparait ici, comme moyen de s'évader de la prison qui dans Debout
un pied est la peur. Pour parler comme l'indéfini, pour
survivre, vivre son rêve, Oméga Dream s'invente une fille.
Image de fille à laquelle il s'accroche pour ne pas crever.
En plus de ce rêve, il y a l'indéfini, ce
personnage fictif qui ponctue le dialogue et l'action des personnages. Il est
Dieu, il est chacun des trois, tout dépend de la situation. Il
représente à lui seul, le dilemme de la vie humaine sur la terre
des Hommes. Hommes tantôt dieux, tantôt créature,
tantôt maîtrisant le cours des choses, tantôt absorbés
par elles. On s'y perd, et on est « Indéfini » parce
qu'on ne sait pas.
I-7-) -Le titre
Le titre Debout un pied, très
évocateur, nous renseigne de prime à bord. On peut
déjà entrevoir cet inconfort des personnages. C'est une image qui
traduit un déséquilibre. Comment vivre ou exister debout sur un
pied ? Plus loin que la position physique, il trahit un
déséquilibre psychologique qui se traduit par un besoin de
partir. Le paradoxe c'est que pour partir, il faut des pieds :
Julie Rose : T'as vu les pieds ? P.49
Le mot pied revient souvent dans le texte. C'est grâce
aux pieds qu'on peut partir. C'est encore grâce à eux qu'on peut
rester, à condition d'avoir les deux sur la terre ferme, ce qui n'est
pas le cas de nos personnages. Cette réplique de l'indéfini en
témoigne.
L'indéfini : (...) Le témoignage sur
ces gens dont la vie était une station debout, avec un pied, dans
l'inconfort permanent. L'autre pied n'était ni posé ici, ni
là-bas, suspendu.
Cette réplique de l'indéfini explique ce que le
dramaturge entend par le titre Debout un pied donné à
son oeuvre. Il résume la pièce, c'est une véritable
métaphore qui traduit l'instabilité de ses personnages.
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