Ecriture dramatique camerounaise contemporaine : visages, palmares, caracteristiques et outils de valorisationpar Marcelle Sandrine BENGONO Université Yaoundé I - Master II 2019 |
II- Le théâtre camerounais post colonialIl existe un lien entre la nouvelle écriture dramatique camerounaise contemporaine et l'histoire de la dramaturgie au Cameroun. Le travail de la nouvelle vague d'auteurs dramatiques camerounais que nous évoquons dans cette recherche tire son essence de l'histoire générale de l'écriture dramatique camerounaise. Il n'y a pas de rupture entre les différents genres mais une évolution qui est la conséquence de la mutation de la société camerounaise. Cette recherche ayant pour point de départ les années 2000, la période que nous allons considérer dans cette partie de notre étude sera celle de 1960 à 1999. Le vent des indépendances ayant soufflé sur l'Afrique, une même ferveur anime les africains et transparait dans leur façon de penser et d'écrire leur théâtre. Les différents paliers évoqués par Sylvie Chalaye30(*) nous permettront de comprendre l'évolution de la dramaturgie africaine qui débouche sur ces nouvelles esthétiques qui s'appliquent par conséquent à l'écriture camerounaise francophone. II-1°) -L'enthousiasme historique des années 1960Avant 1960, l'Afrique vit son indépendance mais pas son théâtre. En effet, il s'inspire encore du modèle occidental. Les thèmes sont assez redondants et l'écriture copie le modèle occidental sur des plans tels que la structure et l'usage d'une langue française soutenue. Les dramaturges subliment les valeurs occidentales au détriment de celles de leur pays. Ce qui explique aisément pourquoi ce théâtre ne se préoccupe pas des problèmes locaux. Dans la décennie 1960-1970, il y a une certaine émulsion. Même si les thèmes demeurent redondants, les dramaturges s'intéressent enfin à leur pays. La problématique est sociale. C'est le départ d'un théâtre dont l'intérêt est tourné sur la société. Le Cameroun ne sera pas en reste. « On remarque dans l'ensemble que le théâtre camerounais des années 60 est un théâtre digne, centré essentiellement sur les problèmes sociaux sans que la politique ne soit totalement oubliée. Les langues officielles (français/anglais) y sont sublimées alors que la production en langues nationales décrépite. » (2011-27). Les auteurs dramatiques s'inspirent de leur société mais l'ombre de la puissance coloniale subsiste dans la démarche et la langue mise en avant. Parmi les pièces écrites nous retiendrons : -Notre fille ne se mariera pas, de Guillame Oyono Mbia, 2ème prix du jury du concours théâtral interafricain. -Le fusil, de Patrice Ndedi Penda, Prix des Auditeurs du concours théâtral interafricain 1969. Nous noterons également que c'est cette décennie qui voit arriver les premières femmes auteures dramatiques camerounaises telles que : -Lydia Ewandé, Nous avons sommeillé, mais nous n'avons pas dormi paru en 1964, -Marie-Charlotte Mbarga kouma Née Ekorong à Perem : Le mariage de ma cousine, La famille africaine ; 1967 et 1968 d'après René Philombe. « ...Mais la construction dramatique reste indéfectiblement attachée au modèle occidental et les tensions tragiques rappellent celles du théâtre grec. »31(*) * 30Sylvie Chalaye, « Quand l'Afrique donne rendez-vous ailleurs ou les dramaturgies du rêve » in Africa et Mediterraneo, n°4/3, Avril 2013. * 31 Dans la revue en ligne MONDES FRANCOPHONES.COM, Sylvie Chalaye écrit l'article : 50ans de théâtre africain francophone : émancipation, culbute, détour et invention. Comme l'indique le titre, il est question de passer en revue l'évolution du théâtre francophone. |
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