Des ressources humaines pour des humains sans ressources ... Comment appréhender la fonction ressource humaine en milieu associatif ?( Télécharger le fichier original )par Aubin OUEDRAOGO ISEM Nice - Master 1 2013 |
Partie C : Inter-Secours Nice1) Qu'est-ce que INTER-SECOURS NICE ?a. De l'insertion à l'urgenceJusqu'au milieu des années 80, l'hébergement social s'inscrit dans un cadre administratif et budgétaire unique construit par la loi de 1953 qui crée l'aide sociale à l'hébergement et les centres d'hébergement et de réadaptation sociale (CHRS) puis par la loi de 1974 qui élargit de façon substantielle la définition du public qui peut y prétendre. Avec la progression du chômage, le début des années 80 est marqué par la montée des précarités et l'émergence d'un débat sur les "nouveaux pauvres". C'est pendant cette période qu'apparaît la notion de "sans domicile fixe" qui succède aux termes "vagabond" ou "clochard". Le premier programme de « lutte contre la pauvreté et la précarité » est mis en place par l'État en octobre 1984 à un moment de forte médiatisation de la question de la pauvreté. La circulaire du 23 octobre 1984 relative à la mise en place de dispositifs d'urgence pour les personnes en situation de pauvreté et de précarité précise que « ces actions doivent viser aussi bien à prévenir les situations de détresse qu'à les traiter en répondant mieux aux besoins les plus urgents ». La réalisation de ces actions demande « la mobilisation de toutes les initiatives et de tous les efforts locaux, sans exclusive ». A cet effet, il est demandé aux préfets « de réunir immédiatement les représentants de toutes les personnes publiques et privées susceptibles d'apporter leur concours aux actions envisageables ou de proposer des initiatives, élus locaux, bureaux d'aide sociale, caisses de Sécurité sociale, ASSEDIC, organismes d'HLM, associations, caritatives ou non ». Les orientations de cette mobilisation sont de rechercher « les réponses immédiates à apporter aux besoins des personnes en situation de détresse. Trois orientations sont à retenir : mises en place d'un dispositif temporaire d'accueil d'urgence, d'une organisation pour répondre aux besoins alimentaires des personnes en difficulté, d'actions d'aide aux personnes ou aux familles en difficulté de logement »36(*). « L'urgence, la mobilisation d'acteurs très différents, le caractère immédiat des réponses à apporter, sont trois éléments qu'il importait de souligner. » Dans la circulaire de lancement, les orientations de ce premier plan d'urgence sont précisées : distribution aux plus démunis des excédents alimentaires, logement des familles en difficulté, amélioration de la situation des chômeurs âgés. « En janvier 1987 une vague de froid provoque, comme en janvier 1985, la mort de plusieurs personnes sans-abri (on ne parle pas encore beaucoup de « SDF ») et, partant, une couverture médiatique assez importante des opérations. Les fonctionnaires, les journalistes les associations se concentrent de plus en plus sur ces personnes qui n'étaient, à l'origine, qu'une cible parmi d'autres de ces programmes. »37(*) La mobilisation de l'État a permis de mettre en place des « plans hivernaux » sur une durée de 4 ans. Les plans hivernaux traduisent également une partie des évolutions de l'action publique à l'égard des sans-abri. En effet, la compassion hivernale de l'opinion publique pour les personnes à la rue a progressivement conduit à une conception humanitaire de cette question, appelant une prise en charge étatique saisonnière et professionnalisée. Cette évolution peut s'interpréter comme le transfert des outils des plans de sécurité sanitaire et civile au domaine de l'action sociale. Le Plan d'urgence hivernal relèverait d'une technicisation de la lutte contre l'exclusion38(*).L'accueil et l'hébergement d'urgence des sans-abri sont donc devenus les composantes prédominantes de ces plans. Des subventions ont ainsi donc été octroyées aux différents Services d'Accueils et Orientations, aux Centres d'Hébergement et de Réinsertion Sociale et aux associations afin d'assurer l'hébergement d'urgence qui sont des besoins primaires de ces personnes. A Nice, conscient que « l'union fait la force » et que la mise en place d'un réseau serait à même de mieux faire face à ces difficultés d'hébergement, Monsieur Bruno DUBOULOZ Directeur d'Association réunit tous ces collègues autour d'une table ronde. C'est ainsi qu'en 1986, certains directeurs d'associations se regroupent afin de mieux appréhender les difficultés liées aux problèmes de logement sur le centre-ville de Nice. En coopération avec certains bénévoles, ils partent des besoins des personnes en grande difficulté. Ces dernières ont « une valeur égale les unes les autres, qui ont une dignité et ont également droit au respect ». Tous s'efforcent de donner une efficacité maximale à l'action qu'ils mènent entre eux et les pouvoirs publics. Un répertoire départemental d'urgence est ainsi créé. Ce groupement d'associations a pris le nom d'Inter-Secours Nice. Il s'intéressera d'abord aux questions d'hébergement en mettant en place un certain nombre d'actions comme l'ALAM, « opérations d'urgence » sur laquelle nous reviendrons un peu plus tard, ainsi qu'aux questions d'insertion. En effet, à cette époque deux filières se créent : la filière « urgence » et la filière « insertion ». En 1992, une Cellule de Liaison Inter-Accueils qui a fonctionnée 3 ans, se forme au sein d'ISN avec de grandes associations telles qu'Actes, Alc, Montjoye, etc...ainsi que la Croix Rouge, tous avaient développé des cellules de liaison. La notion d'accueil se développe, car au départ l'accueil était perçu comme une protection : la personne dans la rue est en danger et il faut la protéger. Apparaît alors un répertoire de ces associations avec leur mode de fonctionnement et leurs horaires. ISN met en place un dispositif beaucoup plus large et les personnes en difficulté sont intégrées dans la filière insertion avec une gestion de l'hébergement en meublé dans le long terme. En 1997, en lien avec la Cellule de Liaison Inter-Accueil d'ISN, une équipe spécialisée du Service d'Aide et d'Orientation donne naissance au 115. L'association ALC gérant un SAO a été missionnée en 1997 pour porter le dispositif du 115 dans les Alpes maritimes. Le rôle du 115 est déterminant dans le fonctionnement d'ISN.L'association ALC a été missionnée en 1997 pour porter le dispositif du 115 dans les Alpes maritimes, ISN s'est immédiatement et naturellement rapproché de ce dispositif et plus particulièrement des écoutants et de la rédactrice documentaliste ; en effet, par leur écoute quotidienne, ceux-ci avaient connaissance des évolutions des besoins des personnes et devaient dans leurs réponses avoir la meilleur pertinence possible ; D'où la mise en place d'un partenariat indispensable aux deux instances ISN et le 115 En effet, le premier Répertoire de l'urgence sociale dans le département est apparu suivi du site internet en 2004. Voyons plus précisément le rôle du 115 : Plate-forme de Premier Accueil, le 115 est le numéro d'Urgence Sociale destiné aux personnes sans domicile stable. Des travailleurs sociaux répondent 7/7jours de 9 heures à 23 heures et ce, durant toute l'année. Ecoute et traitement des appels par des travailleurs sociaux pour : · informer sur le dispositif de veille sociale des Alpes Maritimes (accueils de jour, accueils de nuit, équipes mobiles) sur l'accès aux soins et à l'hygiène, sur les aides alimentaires, sur les services sociaux ou associations · proposer une réponse immédiate en indiquant notamment l'établissement ou le service dans lequel la personne ou la famille intéressée peut être accueillie, et organiser sans délai la mise en oeuvre de cette réponse, notamment avec le concours des services publics · effectuer un relais, notamment dans le cadre d'un signalement auprès des services d'urgence : le 15 du SAMU, le 112 de l'urgence européenne, les pompiers ou une équipe mobile d'urgence sociale · Le 115 est également accessible pour tout citoyen désireux de signaler une situation de détresse, ou pour tout intervenant social souhaitant une information ou un conseil. Le 115 est aussi un centre de ressources et de documentation sur l'ensemble des dispositifs d'urgence du département : l'édition d'un Répertoire s'est transformée en gestion de site internet, diffusion de la plaquette Nice-Urgence sur les périodes de l'hiver et de l'été. Piloté par l'Etat, fonctionnant par département, ses principales missions sont l'accueil, l'écoute, l'information, l'évaluation de la situation des personnes et leur orientation vers l'hébergement, l'accès aux soins, l'aide alimentaire et les services sociaux du département. Maillon essentiel dans la chaîne qui va de l'accueil d'urgence à l'insertion sociale, le 115 est parfois le dernier recours, quand le cercle familial et amical ne peut plus servir d'appui à la personne en souffrance sociale. Actuellement bien développé. Le « 115 » ayant une connaissance globale du dispositif d'hébergement d'urgence du département, est en lien régulier selon les saisons avec les différents accueils de nuit du département, Halte de Nuit, salle Saint Barthélémy, il recense quotidiennement les capacités du dispositif d'hébergement d'urgence. De plus, le soir après la fermeture des services sociaux, le weekend et jours fériés, il assure durant toute l'année une mise à l'abri de familles, personnes vulnérables, victimes de violence ou demandeurs d'asile en hôtels meublés le soir. Un lien avec le travailleur social référent peut ainsi donner lieu à une place d'accueil d'urgence. On peut rajouter que pour l'année 2013, le 115 a répondu à 50408 appels dont le motif principal est la demande alimentaire avec 15078 appels. Avec une mission de service public, de mission départementale, le 115 couvre l'ensemble des besoins du département. C'est un invité de droit aux réunions d'Inter-Secours Nice car il doit répercuter les informations aux associations faisant partie ou non du réseau. A Nice, ce réseau associatif a gagné en visibilité depuis sa création mais aussi en lisibilité. Ce groupement d'associations est reconnu par l'ensemble des associations et des pouvoirs publics. A ce titre, le fondateur d'ISN, Monsieur Bruno DUBOULOZ fait partie du Conseil d'Administration du CCAS (Centre Communal d'Action Sociale) à Nice en tant que représentant des associations. Il serait intéressant pour nous d'aborder ses principes et ses différentes réalisations depuis sa création à ce jour. * 36Damon J., La question SDF, ciblages et bricolages, Thèse de doctorat, Université de Paris IV, 2001, p. 241. * 37 Damon J., op. cit., p. 246. * 38Schvartz A., Le Plan d'urgence hivernale. L'échec d'un pilotage automatique, Observatoire du Samusocial de Paris, novembre 2007 ; Schvartz A., « Le Plan d'urgence hivernale. La prise en charge des sans-abri entre technicisation de l'action publique et mobilisation collective », mémoire de M2, IEP de Paris, 2007. |
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