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Le plaidoyer politique d'associations féministes et de promotion de la santé des femmes à  Bruxelles. Quels apports à  de nouvelles façons de porter les revendications ?

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par Timothée Delescluse
Université Catholique de Louvain - Master en Sciences de la Santé Publique 2015
  

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3.2. Le genre comme déterminant de santé :

Après avoir défini la notion de genre, nous allons voir son application dans le domaine de la santé. En épidémiologie sociale, le genre est utilisé comme indicateur de la position sociale permettant ainsi de mesurer les inégalités sociales de santé entre les hommes et les femmes.

La recherche a visé à démontrer le lien entre le contexte de vie des individus et leur santé. Les frontières de recherche en santé se sont élargies en allant plus loin que les facteurs biologiques alors la notion de « déterminant » de la santé a alors émergé. Elle désigne l'ensemble des « facteurs personnels sociaux, économiques et environnementaux qui détermine l'état des individus ou des populations » 27 . Ces déterminants ont des effets différents sur la santé : certains ont des conséquences positives (logement de qualité, rapport sociaux enrichissants...), d'autre protègent (activité physique, régime alimentaire, confiance en soi...) et enfin certains entrainent des risques pour la santé (sédentarité, tabagisme, isolement...).

Ces déterminants sont inégalement répartis au sein de la population et entrainent des inégalités sociales de santé qui sont selon Fassin « le marquage de l'ordre social dans l'être physique, la manifestation la plus profonde mais aussi la moins perçue de l'inscription du politique dans le domaine de la santé »28

27 OMS (1995) « Health promotion Glossary » (Consulté le 12/05/2015) « Disponible sur http://whqlibdoc.who.int/hq/1998/WHO_HPR_HEP_98.1.pdf

28 FASSIN. D. Les enjeux politiques de la santé. Paris: Editions Khartala, 2000. Coll. « Hommes et Société » 346p.

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Les inégalités sociales de santé issues d'une inégale répartition des déterminants de la santé :

Les inégalités sociales de santé sont définies par l'OMS29: «Health inequities are avoidable inequalities in health between groups of people within countries and between countries. These inequities arise from inequalities within and between societies. Social and economic conditions and their effects on people's lives determine their risk of illness and the actions taken to prevent them becoming ill or treat illness when it occurs». Nous pouvons souligner à partir de cette définition le caractère «évitable» et «inéquitable» de ces inégalités.

Tableau 1. Modèle d'inégalités en santé

Un des modèles explicatif des inégalités sociales de santé développé par la Commission des Déterminants sociaux de la santé de l'OMS30 permet de comprendre le lien entre santé et genre. Le tableau 1 se concentre sur les aspects structurels des déterminants sociaux de l'iniquité en santé.

Ce modèle montre que le contexte socio-économique, à savoir tous les mécanismes politiques et socio-économiques d'une société (système d'éducation et de sécurité sociale, les valeurs culturelles et sociales...), influence, maintient ou renforce la position socio-économique des individus au sein de la société. Ces mécanismes amènent à une stratification

29 W.H.O (2008) « Key Concepts » « Consulté le 12/12/14 » (Disponible sur

http://www.who.int/social_determinants/thecommission/finalreport/key_concepts/en/)

30 SOLAR O., IRWIN A., (2007), A Conceptual Framework for Action on the Social Determinants of Health. Commission on Social Determinants of Health. 77 p.

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sociale, définie comme « le découpage des sociétés humaines en catégories hiérarchisées, présentant en leur sein une certaine homogénéité, et qui résulte de l'ensemble des différences sociales associées aux inégalités de richesses, de pouvoir, de prestige ou de connaissance »31. Afin de mesurer la position sociale, ce modèle identifie des déterminants structurels influençant la position socio-économique des individus au sein de la hiérarchie sociale. Ces variables « stratifiantes » sont le revenu, le travail, le niveau d'éducation. Nous retrouvent aussi dans le modèle la classe sociale, le genre et l'origine ethnique.

Le contexte socio-politique et les déterminants structurels sont regroupés sous le terme de déterminants structurels d'iniquité en santé. Le modèle souligne également que cette assignation à une position sociale par le contexte socio-économique s'exerce dans l'autre sens. Les individus ou groupes d'individus peuvent aussi influencer le contexte socio-économique en acceptant ou s'opposant à des choix politiques ou encore en faisant évoluer les valeurs et les visions de la société. C'est ce que nous retrouvons dans les revendications développées dans les activités de plaidoyer des associations féministes. Une récente revue de la littérature de L. Farrer montre l'importance des mobilisations sociales dans la lutte contre les inégalités sociales de santé : « A large number of articles in the gray and academic litterature emphasized the importances of social mobilization as part of advocacy for healthe equity »32

Pour finir, ces déterminants structurels influencent à leur tour des déterminants intermédiaires de santé plus spécifiques comme les facteurs biologiques, psychologiques et comportementaux, ou encore les conditions de vies ayant un impact sur l'équité en santé.

Selon Cousteaux, aborder le genre et la santé est une matière complexe et fait depuis peu l'objet d'attention : « Si les publications récentes sur les inégalités sociales de santé n'intègrent pas la question des différences de genre au motif que ce thème mériterait une étude spécifique (...), ce sujet semble néanmoins faire l'objet depuis peu d'un intérêt manifeste, à la fois académique et politique. » 33 et il ajoute que « la plupart des thématiques de recherche sont liées au rôle reproducteur des femmes et à l'assignation des femmes à leur sexe biologique. ».

31 COULANGEON P, « Stratification sociale », Sociologie, Les 100 mots de la sociologie, (Consulté le 20/05/2015) (Disponible sur http://sociologie.revues.org/513)

32 FARRER L., MARINETTI C.,CAVACO Y. et COSTONGS C. (2015) Advocacy for health equity : a synthesis review The Milbank Quarterly, Vol.93 (2) (p.392=437)

33 COUSTEAUX Anne-Sophie. (2011) Le masculin et le féminin au prisme de la santé et de ses inégalités sociales. Sociology. French. Institut d''études politiques de paris - Sciences Po

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En matière de santé, on observe un paradoxe si on se limite à l'espérance de vie. Les hommes sont désavantagés par rapport aux femmes puisqu'ils vivent moins longtemps que les femmes. Cependant lorsqu'on s'intéresse à la morbidité, ce sont les femmes qui sont désavantagées par rapport aux hommes. L'épidémiologie montre des limites dans l'analyse des disparités de santé entre masculin et féminin. Fassin à ce propos précise qu'« il faut aussi considérer que, dans une perspective anthropologique qui vise à appréhender les phénomènes d'inégalité, toutes les morts ne s'équivalent pas, même si le démographe les comptabilise indifféremment : mourir en bas âge d'une rougeole ou d'une pneumonie n'est pas la même chose que mourir victime d'un infanticide parce que l'on est une fille et donc moins désirée qu'un garçon ».

Les critiques féministes proposent une approche différente de l'épidémiologie sociale en analysant les disparités en matière de santé à partir des domaines de vie des femmes plutôt que de leurs maladies : « If the biological finality of death can only be explained in a wider social context the complex realities of women's sickness and health must be explored in similar ways. In order to do this, traditional epidemiological methods have to be turned on their head. Instead of identifying diseases and then searching for a cause, we need to begin by identifying the major areas of activity that constitute women's lives. We can then go on to analyse the impact of these activities on their health and well-being ». 34

Conclusion intermédiaire :

Le concept de genre est au coeur des discours et des pratiques de revendication des associations féministes ou mouvements de femmes. C'est « un `outil opérationnelÇ autrement dit un outil de travail utilisé non seulement pour la réflexion, mais aussi, plus concrètement, pour guider et mener l'action »35. C'est pourquoi nous chercherons par la suite, à comprendre quelles spécificités ces mouvements apportent au plaidoyer. En matière de santé le genre est abordé de différentes façons selon les disciplines. Les mouvements féministes proposent d'évaluer le niveau de santé des femmes à partir de leurs domaines de vie et de mesurer l'impact qu'ils ont sur leur santé.

34 DOYAL (1995) cité par COUSTEAUX (2011)

35 DUSSUET, A., FLAHAULT, É., LOISEAU, D (2013). Le genre est-il soluble dans les associations féministes ? Cahiers du Genre Vol. 55 N. 2 p.5-17

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Méthodologie

Nous venons de présenter le contexte théorique dans lequel nous avons élaboré notre recherche, nous allons, dans cette partie, expliquer la méthode utilisée pour le travail. Dans un premier temps, nous expliquerons la « Méthodologie de le Théorisation enracinée » (Grounded theory) (MTE) et ses principes. Puis pour les illustrer, nous détaillerons l'évolution de notre recherche et les méthodes de récoltes de données. Enfin nous énumèrerons les avantages et limites de cette méthode pour notre travail.

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