Le plaidoyer politique d'associations féministes et de promotion de la santé des femmes à Bruxelles. Quels apports à de nouvelles façons de porter les revendications ?( Télécharger le fichier original )par Timothée Delescluse Université Catholique de Louvain - Master en Sciences de la Santé Publique 2015 |
2.2. La santé comme objet récurrent de mobilisation en tant que femmes :Les mobilisations peuvent ne pas mettre systématiquement en avant dans le discours la lutte contre la domination masculine. Ces mouvements sont alors appelés « mouvements des femmes » et définis par Sonya Alvarez comme « un ensemble de mouvements composés majoritairement, mais pas nécessairement exclusivement de femmes, qui formulent des revendications vis-à-vis des systèmes culturels et politiques sur la base des rôles de genre historiquement attribués aux femmes22 ». Ces mouvements poursuivent des buts divers et s'adressent à leurs membres en tant que femmes, soeurs, mères, filles. La santé est un des facteurs mobilisateurs le plus récurrent dans le mouvement des femmes. Nous pouvons nous arrêter par exemple sur les mouvements autour de la santé des femmes et en particulier « le mouvement pour la santé des femmes » né dans les années 60 aux Etats Unis. Cette approche communautaire de la santé « privilégie l'auto-santé comme principe de sa réflexion et de son action. Il cherche avant tout l'appropriation des connaissances par les groupes, le partage de ces dernières entre ses membres, la remise en question de toute forme de pouvoir en matière de santé et, aussi, la genèse d'un mode de connaissance du corps et de la santé qui serait propre aux usagères. ». Les principes fondateurs sont : 1.Démédicalisation. 2. Réappropriation du corps. 3. Mise en circulation de l'information entre femmes. 4. Multiplication des ressources autres que médicales et augmentation des possibilités de choix dans les thérapies. 5. Développement des mécanismes d'intervention des usagères dans les lieux de décision. 6. Développement de services non-existants en cas de besoin (services de garderies, lieux de socialisation.) 7. Développement de mécanismes autonomes d'intervention par les femmes. Selon Saillant, diverses raisons expliquent cette contestation et cette mobilisation autour de la santé et du corps de la femme. La première est d'ordre culturel : « En plaçant la santé, mais aussi le corps, au centre de ses préoccupations, le mouvement des femmes s'est donc, en partie, inscrit dans la continuité de cette tradition séculaire de la femme soignante et reproductrice 23». La seconde est d'ordre social en rupture radicale de la tradition précitée, le corps devient alors ce qu'il faut libérer pour sortir de l'asservissement. La troisième tient au fait que le corps des femmes est l'objet d'une surmédicalisation de cycle naturel, avec un 22 ALVAREZ S. cité par BERENI L. et REVILLARD A., (2012) 23 SAILLANT F. (1985), «Le mouvement pour la santé des femmes» Consulté en ligne le 27/02/2015 sur http://www.uqac.ca/Classiques des sciences sociales/ 11 mécontentement croissant envers ce monde médical. La dernière raison voit dans le corps « le lieu ultime de l'aliénation, le lieu même de l'expression des rapports de pouvoir sexués sous des formes diversifiées (...) les conséquences néfastes de ces rapports de pouvoir se traduiraient plus significativement au plan de la santé. »
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