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Le plaidoyer politique d'associations féministes et de promotion de la santé des femmes à  Bruxelles. Quels apports à  de nouvelles façons de porter les revendications ?

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par Timothée Delescluse
Université Catholique de Louvain - Master en Sciences de la Santé Publique 2015
  

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2. Les mouvements de femmes et mouvements pour les femmes :

« Plus que d'autres univers sociaux, le champ politique est associé au masculin », cette phrase d'introduction du chapitre « Genre et Politique » du livre de Bereni18 souligne que les femmes ont pendant longtemps été exclues de la sphère de décision politique et électorale. C'est ce qui a été appelé dans les années 80, aux Etats-Unis, le « Gender Gap », qui désigne plus généralement « les écarts de participation politique entre les sexes ». Genevieve Fraisse cité par Bereni parle d' « une démocratie exclusive » où « la séparation croissante entre sphère publique et sphère privée, pilier du nouvel ordre politique s'est traduite par l'exclusion des femmes de sphère publique et leur subordination dans la sphère privée ». Il existe encore une sous -représentation des femmes dans la sphère politique. Des politiques de quotas et de « parité » se mettent en place dans de nombreux pays pour y remédier.

Cependant la représentation politique n'est pas le seul espace d'engagement et de mobilisation sociale. La citoyenneté politique ne se limite pas à l'engagement dans un parti politique. La vie associative est une piste permettant aux femmes de « s'impliquer à la lisière entre sphère privée et publique.»19. Cet engagement peut prendre deux formes étroitement liées, aux frontières perméables : les mouvements pour les femmes dit « féministes » et les mouvements de femmes.

2.1. Des mobilisations pour la cause des femmes :

Le premier mouvement pour la défense de la cause des femmes est appelé « les mouvements féministes ». Le féminisme peut être défini comme « 1. La croyance que les femmes souffrent de manière systématique d'une oppression sociale et systématique en raison de leur sexe ; 2. L'idée que cette injustice est plus importante que d'autres types d'injustice dont les femmes souffrent en raison de leur appartenance à d'autres groupes (par exemple : une minorité religieuse, une classe sociale opprimée » ; 3. La conviction que par conséquence l'intérêt commun de toutes les femmes consiste à supprimer l'injustice dont elles souffrent en raison de leur sexe »20. Cette définition s'applique différemment en fonction des contextes sociaux et historique, c'est pourquoi certains auteurs parlent « des féminismes ».

18 BERENI L. et REVILLARD A., (2012) « Un mouvement social paradigmatique ? Ce que le mouvement des femmes fait à la sociologie des mouvements sociaux », Sociétés contemporaines Vol.1 (85), p. 17-41

19 ibedem

20 RICHARD A., cité par BERENI L. et REVILLARD A., (2012)

9

La mobilisation sous forme organisée et en mouvement date du XXème siècle. Trois vagues de contestation étroitement liées et s'influençant mutuellement se sont succédées. Elles présentent des caractéristiques différentes:

- La première vague date de la seconde moitié du XIXéme siècle est axé autour de la lutte pour une égalité juridique entre les sexes notamment le droit de vote.

- Une seconde vague se crée à partir des années 60-70. Son mode d'organisation différent apporte une dimension « politique » à des revendications traditionnellement « privées ». Par exemple, on retrouve les mobilisations pour l'avortement, la contraception...

- Après une diminution des mobilisations dans les années 80, certains auteurs notamment Diane Lamoureux21, parlent d'une troisième vague de mobilisation se rattachant à la précédente mais revendiquant d'autres caractéristiques : la non exclusion de la mixité ; le caractère englobant du féminisme prenant en compte la diversité entre les femmes et l'association des luttes féministes aux autres luttes comme celles contre le racisme, le capitalisme...

Selon Beréni « les mouvements féministes ont été traversés par de multiples tensions qui portent sur l'enjeu de la lutte, à savoir, la manière dont la cause des femmes doit être définie.». Les premiers clivages sont liés à l'étroite imbrication de ces mouvements avec d'autres luttes contemporaines, reflétant le rapport de pouvoir qui traverse les groupes de femmes. D'autres clivages sont d'ordre idéologique. D'une part, le féminisme « radical » considère que « toutes les structures sociales et politiques sont traversées par des rapports de pouvoirs entre les sexes, et qu'il convient de les contester globalement » et d'autre part le féminisme « réformiste », « s'en tient à demander un aménagement partiel des rapports de genre existants ». Enfin, un dernier clivage s'opère dans la distinction entre féminisme « universaliste » et féminisme « différentialiste ». Le premier considère qu'il y a « une évolution de la cause des femmes dès lors que les normes et comportements sont moins marqués par les assignations sexuées ». Au contraire, la dimension « différentialiste » défend l'idée que c'est en « revalorisant le féminin et les expériences « spécifiques » des femmes que peut s'opérer la lutte contre la domination masculine ».

21 LAMOUREUX D. (2006) « Y a-t-il une troisième vague féministe ? », Cahiers de Genre HS n.1, p.57-74

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