Conclusions sur les hypothèses
Au regard des résultats empiriques, nous parvenons
à la conclusion que la première hypothèse de
l'étude qui stipule que le niveau production, et le niveau de l'emploi
de la période précédente influent positivement sur la
demande de travail a été validée. Ensuite la
deuxième hypothèse selon laquelle un niveau élevé
du salaire moyen influence négativement la demande de travail a
été infirmée. Enfin, la troisième hypothèse
qui déclare que le coût du capital influence positivement la
demande de travail a été infirmée.
3. Recommandations
Dans la perspective de stimuler la demande de travail au
Burkina Faso afin qu'elle absorbe plus l'offre de travail, nous formulons les
recommandations de politique en matière d'emploi axées sur les
variables significatives.
3.1. Politique sur la production
La production est l'un des facteurs qui permet d'augmenter la
capacité des entreprises à employer. Son effet étant
positif, il est nécessaire que, dans le cadre de la promotion de
l'emploi et de la réduction du chômage des mesures soient prises
pour stimuler la production. L'intensification de la production agricole doit
nécessairement passer par la prise en compte de la grande
variabilité génétique des espèces locales
cultivées et des potentialités non-négligeables
d'irrigation13. Etant donné l'avantage comparatif que dispose
le pays dans ce secteur par rapport aux autres secteurs, les mesures de soutien
à la production doivent être favorables à l'agriculture et
l'élevage ainsi qu'à l'industrie agroalimentaire. L'Etat a
déjà entrepris des mesures de soutien à la production
agricole et la plus récente est le développement en 2011du projet
Bagré pôle qui se voit être un pôle de croissance mis
en place pour contribuer à la réalisation des objectifs de
développement du Gouvernement tels qu'énoncés par la SCADD
(2011-2015). Ce projet vise à accroitre la production
céréalière de 450 000 tonnes et à créer au
moins 27000 emplois directs. Etant donné que l'offre de travail est en
moyenne de 140000 et la demande de 20000, il faut un besoin
supplémentaire de 120000 nouveaux emplois par an pour résoudre le
problème de chômage toute chose égale par ailleurs. Afin de
pouvoir répondre au supplément d'offre de travail, le pays doit
créer au moins 120000 emplois directs par an en développant 4,45
projets ayant les mêmes envergures que celles de Bagré pôle.
La mise en oeuvre effective d'une telle politique nécessite une
consolidation du partenariat public-privé. En se basant sur le
coût de
13Le potentiel en eau de surface est estimé
à 10 milliards de m3 et celle souterraine à 113 milliards de
m3
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financement de Bagré pôle qui est de 133,7
millions de US$ soit 64260,23 millions de FCFA, il faut un financement
supplémentaire de 594,97 millions de US$14 soit 285 960,43
millions de FCFA pour la mise en application de cette politique.
En outre, en baissant le taux d'impôt sur le
bénéfice qui est actuellement de 27,5% pour les grandes
entreprises, le pays peut arriver à stimuler la production nationale
à travers celle des entreprises. Cette mesure permettra aux entreprises
de se mettre dans un sentier de production maximisant leur profit. La recherche
de profit maximum des entreprises passe par une production plus
élevée et donc par un emploi plus élevé.
3.2. Politique sur le salaire
Le salaire moyen est le facteur qui a plus d'effet sur la
demande de travail. De ce fait une légère augmentation des
salaires se répercute fortement sur la demande de travail via d'une part
par la hausse de la demande effective et d'autre part par le fait qu'une
augmentation des salaires incite les travailleurs à fournir plus
d'efforts. Bien vrai que la hausse des salaires entrainent une hausse du
coût global de production de l'entreprise, mais il est à noter
également que la hausse des salaires donne plus de motivation aux
travailleurs qui fournissent de ce fait plus d'effort. Du côté des
ménages, ils verront leur pouvoir d'achat augmenter. Ces derniers seront
dans une bonne posture de consommer du fait de l'augmentation de leur pouvoir
d'achat. Ainsi, toute politique visant à améliorer le pouvoir
d'achat des ménages suscitera un gain en emploi et en partant une
réduction du chômage. Nous concluons que vue la structure de
l'économie Burkinabè qui est une consommation, pour
réduire le chômage, il faut stimuler la consommation qui stimulera
à son tour la production nationale conduisant à l'augmentation
des emplois. Cette politique doit être suivie par une politique
incitative à la consommation des produits nationaux pour que les
produits nationaux ne soient évincés par les produits
étrangers15.
La politique des salaires étant une politique complexe
dans sa finition, pour espérer des retombées positives sur
l'emploi, il faut qu'elle soit suivie d'une surveillance accrue pour limiter
ses effets sur l'inflation. Il faut en plus limiter les importations illicites
qui évincent les produits locaux. Ainsi, en évitant toute
politique tendant à baisser le pouvoir d'achat des consommateurs, le
pays réduira le niveau de chômage. En effet si par exemple la
baisse du
14 Les conversions sont faites au Taux de change: 1
Dollar Américain = 480,63 Franc CFA (UEMOA) à la date du 29 juin
2014 à 09h:41:37 Am.
15La consommation alimentaire vers les produits locaux
étant d'actuellement le besoins alimentaire actuel du pays est
assurée à plus de 70% par l'importation des produits alimentaires
(MEF, 2011).
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coût du travail passe par une diminution des charges
sociales, cette réduction du coût du travail aura des
conséquences néfastes sur le financement de la protection
sociale, et donc sur le problème très actuel de financement des
retraites. Cette situation confirme bien la déclaration de MALLON
cité par EMMERIJ (1994) qui dit tout simplement que là où
les salaires sont élevés, le rendement l'est également et
que la productivité correspond strictement aux taux de salaire.
3.3. Politique sur l'emploi retardé d'une
période
L'effet de l'emploi retardé sur l'emploi est faible
mais positif au Burkina. L'économie Burkinabè reste encore sous
l'emprise du secteur primaire qui demeure embryonnaire. Le chômage,
étant plutôt lié à la structure économique du
pays, une transformation structurelle est nécessaire pour baisser le
niveau du chômage. Mais dès à présent, le pays peut
passer par une politique d'emploi de court terme via les salaires ou la
production pour que le niveau d'emplois de court terme permette de corriger
celui de long terme.
3.4. Politique sur le capital
L'emploi est également très sensible au
coût du capital. L'impact du coût capital notamment le capital
immobilier étant nuisible à l'emploi, les pouvoirs publics
devraient prendre des mesures pour inciter la substitution du travail au
capital dans le processus de production parce que le capital coûte plus
cher au Burkina que le travail. La raison de cette cherté du capital
vient du fait que le pays importe la quasi-totalité de son capital
surtout les machines. Par contre, l'Etat doit faciliter l'accès au
capital financier à travers les crédits. Il peut par exemple
baisser le taux d'intérêt pour faciliter l'accès au capital
financier. L'accès au capital financier permet la réalisation des
investissements productifs au niveau des entreprises. Ces investissements
productifs procureront de nouveaux emplois. Néanmoins, il ne faut pas
perdre de vue le fait que l'élasticité de la demande du travail
par rapport à cette variable est élevée.
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