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Analyse des déterminants de la demande de travail au Burkina Faso.

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par Moussa SIGUE
Université Ouaga 2 - DEA en économie appliquée 2014
  

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Conclusions sur les hypothèses

Au regard des résultats empiriques, nous parvenons à la conclusion que la première hypothèse de l'étude qui stipule que le niveau production, et le niveau de l'emploi de la période précédente influent positivement sur la demande de travail a été validée. Ensuite la deuxième hypothèse selon laquelle un niveau élevé du salaire moyen influence négativement la demande de travail a été infirmée. Enfin, la troisième hypothèse qui déclare que le coût du capital influence positivement la demande de travail a été infirmée.

3. Recommandations

Dans la perspective de stimuler la demande de travail au Burkina Faso afin qu'elle absorbe plus l'offre de travail, nous formulons les recommandations de politique en matière d'emploi axées sur les variables significatives.

3.1. Politique sur la production

La production est l'un des facteurs qui permet d'augmenter la capacité des entreprises à employer. Son effet étant positif, il est nécessaire que, dans le cadre de la promotion de l'emploi et de la réduction du chômage des mesures soient prises pour stimuler la production. L'intensification de la production agricole doit nécessairement passer par la prise en compte de la grande variabilité génétique des espèces locales cultivées et des potentialités non-négligeables d'irrigation13. Etant donné l'avantage comparatif que dispose le pays dans ce secteur par rapport aux autres secteurs, les mesures de soutien à la production doivent être favorables à l'agriculture et l'élevage ainsi qu'à l'industrie agroalimentaire. L'Etat a déjà entrepris des mesures de soutien à la production agricole et la plus récente est le développement en 2011du projet Bagré pôle qui se voit être un pôle de croissance mis en place pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement du Gouvernement tels qu'énoncés par la SCADD (2011-2015). Ce projet vise à accroitre la production céréalière de 450 000 tonnes et à créer au moins 27000 emplois directs. Etant donné que l'offre de travail est en moyenne de 140000 et la demande de 20000, il faut un besoin supplémentaire de 120000 nouveaux emplois par an pour résoudre le problème de chômage toute chose égale par ailleurs. Afin de pouvoir répondre au supplément d'offre de travail, le pays doit créer au moins 120000 emplois directs par an en développant 4,45 projets ayant les mêmes envergures que celles de Bagré pôle. La mise en oeuvre effective d'une telle politique nécessite une consolidation du partenariat public-privé. En se basant sur le coût de

13Le potentiel en eau de surface est estimé à 10 milliards de m3 et celle souterraine à 113 milliards de m3

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financement de Bagré pôle qui est de 133,7 millions de US$ soit 64260,23 millions de FCFA, il faut un financement supplémentaire de 594,97 millions de US$14 soit 285 960,43 millions de FCFA pour la mise en application de cette politique.

En outre, en baissant le taux d'impôt sur le bénéfice qui est actuellement de 27,5% pour les grandes entreprises, le pays peut arriver à stimuler la production nationale à travers celle des entreprises. Cette mesure permettra aux entreprises de se mettre dans un sentier de production maximisant leur profit. La recherche de profit maximum des entreprises passe par une production plus élevée et donc par un emploi plus élevé.

3.2. Politique sur le salaire

Le salaire moyen est le facteur qui a plus d'effet sur la demande de travail. De ce fait une légère augmentation des salaires se répercute fortement sur la demande de travail via d'une part par la hausse de la demande effective et d'autre part par le fait qu'une augmentation des salaires incite les travailleurs à fournir plus d'efforts. Bien vrai que la hausse des salaires entrainent une hausse du coût global de production de l'entreprise, mais il est à noter également que la hausse des salaires donne plus de motivation aux travailleurs qui fournissent de ce fait plus d'effort. Du côté des ménages, ils verront leur pouvoir d'achat augmenter. Ces derniers seront dans une bonne posture de consommer du fait de l'augmentation de leur pouvoir d'achat. Ainsi, toute politique visant à améliorer le pouvoir d'achat des ménages suscitera un gain en emploi et en partant une réduction du chômage. Nous concluons que vue la structure de l'économie Burkinabè qui est une consommation, pour réduire le chômage, il faut stimuler la consommation qui stimulera à son tour la production nationale conduisant à l'augmentation des emplois. Cette politique doit être suivie par une politique incitative à la consommation des produits nationaux pour que les produits nationaux ne soient évincés par les produits étrangers15.

La politique des salaires étant une politique complexe dans sa finition, pour espérer des retombées positives sur l'emploi, il faut qu'elle soit suivie d'une surveillance accrue pour limiter ses effets sur l'inflation. Il faut en plus limiter les importations illicites qui évincent les produits locaux. Ainsi, en évitant toute politique tendant à baisser le pouvoir d'achat des consommateurs, le pays réduira le niveau de chômage. En effet si par exemple la baisse du

14 Les conversions sont faites au Taux de change: 1 Dollar Américain = 480,63 Franc CFA (UEMOA) à la date du 29 juin 2014 à 09h:41:37 Am.

15La consommation alimentaire vers les produits locaux étant d'actuellement le besoins alimentaire actuel du pays est assurée à plus de 70% par l'importation des produits alimentaires (MEF, 2011).

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coût du travail passe par une diminution des charges sociales, cette réduction du coût du travail aura des conséquences néfastes sur le financement de la protection sociale, et donc sur le problème très actuel de financement des retraites. Cette situation confirme bien la déclaration de MALLON cité par EMMERIJ (1994) qui dit tout simplement que là où les salaires sont élevés, le rendement l'est également et que la productivité correspond strictement aux taux de salaire.

3.3. Politique sur l'emploi retardé d'une période

L'effet de l'emploi retardé sur l'emploi est faible mais positif au Burkina. L'économie Burkinabè reste encore sous l'emprise du secteur primaire qui demeure embryonnaire. Le chômage, étant plutôt lié à la structure économique du pays, une transformation structurelle est nécessaire pour baisser le niveau du chômage. Mais dès à présent, le pays peut passer par une politique d'emploi de court terme via les salaires ou la production pour que le niveau d'emplois de court terme permette de corriger celui de long terme.

3.4. Politique sur le capital

L'emploi est également très sensible au coût du capital. L'impact du coût capital notamment le capital immobilier étant nuisible à l'emploi, les pouvoirs publics devraient prendre des mesures pour inciter la substitution du travail au capital dans le processus de production parce que le capital coûte plus cher au Burkina que le travail. La raison de cette cherté du capital vient du fait que le pays importe la quasi-totalité de son capital surtout les machines. Par contre, l'Etat doit faciliter l'accès au capital financier à travers les crédits. Il peut par exemple baisser le taux d'intérêt pour faciliter l'accès au capital financier. L'accès au capital financier permet la réalisation des investissements productifs au niveau des entreprises. Ces investissements productifs procureront de nouveaux emplois. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue le fait que l'élasticité de la demande du travail par rapport à cette variable est élevée.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus