Nombreuses sont les études qui ont mis en
lumière les motivations du recours à la contraception par
l'entremise des outils statistiques.
BROU et al., (2009) ont étudié les pratiques
contraceptives et l'incidence des grossesses chez des femmes après un
dépistage VIH à Abidjan, Côte d'Ivoire. Leur objectif
principal était de
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Rédigé par: MPELI MPELI Ulrich
Stéphane, Elève Ingénieur d'Application de la Statistique,
4ème année
mesurer selon le statut VIn, la pratique contraceptive et
l'incidence des grossesses chez des femmes suivies après une grossesse
au cours de laquelle elles avaient été dépistées
pour le VIH. Les données utilisées provenaient du projet Ditrame
Plus Abidjan. Les résultats auxquels ils ont abouti sont les suivants :
Au cours des différentes visites de suivi postpartum, les proportions de
femmes ayant recours à la contraception sont restées
supérieures à 50 %, tant chez les femmes infectées par le
VIn que chez les femmes non infectées. La probabilité
d'utilisation d'une méthode médicale était liée
à l'âge ; les femmes de plus de 29 ans adoptant une contraception
plus tardivement que celles de moins de 20 ans. Par contre, ni le statut VIH de
la femme, ni le partage du résultat de son test VIn avec son partenaire
n'influençaient significativement la mise en place d'une contraception
médicale. En revanche, le mode d'alimentation infantile à la
naissance ainsi que le désir d'avoir d'autres enfants
influençaient significativement l'adoption d'une méthode
contraceptive ; les femmes qui pratiquaient une alimentation de remplacement
avaient à peu près 2 fois plus de chance de recourir à la
contraception. Par ailleurs, la pratique contraceptive était moins
élevée chez les femmes qui désiraient encore avoir des
enfants et plus élevée chez les femmes qui vivaient sous le
même toit que leur partenaire.
Abondant dans le même sens, ODUTOLA et al., suite
à leur étude : « Grossesse et utilisation de la
contraception chez les femmes participant à un essai de
prévention du VIH en Tanzanie » réalisée en 2012,
trouvaient que le recours à la contraception par une femme est
associé à son âge, son statut matrimonial, son occupation,
la parité, le nombre et le type de partenaires sexuels.
Le travail enrichissant de MOHAMMED A. et al. (2014), a
permis d'étudier les déterminants de l'utilisation de la
contraception moderne chez les femmes mariées en Ethiopie. Leur analyse
bidimensionnelle montre que l'utilisation des méthodes contraceptives
est associée au niveau d'éducation des conjoints, le désir
d'avoir d'autres enfants, le nombre d'enfants vivants, la discussion avec les
agents de vulgarisation de la santé, les discussions entre conjoints, et
l'approbation de l'utilisation de la contraception par le mari (P15
<0,01). Par ailleurs, pour évaluer l'effet net de ces variables sur
l'utilisation de la contraception, les auteurs ont utilisés un
modèle de régression logistique multiple. Ainsi donc comme
principaux résultats, les femmes qui ne désiraient plus avoir
d'enfants et celles qui en désiraient après deux ans
étaient respectivement 9,27 et 5,71 fois plus susceptibles d'utiliser la
contraception moderne que celles
15 P valeur des tests d'indépendance.
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Elève Ingénieur d'Application de la Statistique, 4ème
année
qui désiraient un autre enfant dans les deux ans.
L'étude montre également que l'utilisation des contraceptifs
modernes augmentait avec le nombre de discussions entre conjoints et le revenu
mensuel de la famille.
Plusieurs autres études se sont penchées sur la
question des déterminants du recours à la contraception. Les
méthodes d'analyse les plus souvent utilisées sont la
régression logistique et l'Analyse des Correspondances Multiples (ACM).
Aussi les variables les plus utilisées sont : le niveau d'instruction,
la discussion avec le conjoint, la religion et le statut sérologique de
la femme.
? Le niveau d'instruction
C'est l'une des variables qui influencerait le plus la
pratique contraceptive. Il pourrait permettre aux conjoints de raisonner
différemment et de cerner l'importance de la contraception.
Les femmes scolarisées ont environ 1,28 fois plus de
chance d'utiliser une méthode contraceptive moderne que d'autres (AURORA
et SILVANA, 2001). Par ailleurs le niveau d'instruction de la femme
élargit son champ de connaissances singulièrement sur l'ensemble
des méthodes de contraception : plus le niveau d'instruction est bas,
plus le comportement contraceptif de la femme est affecté
négativement (KOUADIO et KOUAME, 2003).
BECQUET, trouve par contre en 2007 que le niveau
d'instruction n'a aucune influence sur la pratique contraceptive. Ce dernier
justifie ce résultat par le choix de la catégorisation de la
variable en deux modalités (soit la mère a déjà
été à l'école, soit non).
? La discussion avec le conjoint
La discussion entre conjoints peut conditionner le recours
à la contraception. L'accord du conjoint sur l'utilisation des
méthodes contraceptives augmenterait la probabilité de recours.
Les femmes qui ont des causeries régulières sur la planification
familiale avec leur conjoint ont 3 fois plus de chance d'utiliser des
méthodes contraceptives (AKOTO et KAMDEM, 2001). Ce résultat est
identique à celui trouvé par AURORA et SILVANA, la même
année.
Par ailleurs, une attitude favorable du conjoint multiplie
par 1,6 les chances d'un couple d'utiliser une contraception moderne (CHOMTEU,
2010).
? La religion
Les obédiences religieuses de certains couples les
obligent parfois des conduites à tenir. La religion peut donc être
un facteur discriminant en ce qui concerne la pratique contraceptive.
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Stéphane, Elève Ingénieur d'Application de la Statistique,
4ème année
Les résultats de l'étude de KOUADIO et KOUAME
(2003) ont montré que les femmes musulmanes n'avaient pas recours
à la contraception. Aussi, malgré l'évolution des
mentalités, CHOMTEU (2010) a montré que les femmes
chrétiennes et autres non chrétiennes (animistes) avaient
respectivement 2 et 5 fois plus de chances d'utiliser des méthodes
contraceptives que les femmes musulmanes.
? Le statut sérologique
En ce qui concerne le statut sérologique de la femme,
des études ont montré qu'il a une influence sur les pratiques
contraceptives. Les femmes séropositives auraient tendance à
faire des choix contraceptifs différents des femmes
séronégatives.
En effet, LALLEMANT et al., (2006), ont montré que les
femmes séropositives qui avaient déjà, soit un enfant
né vivant, soit un enfant vivant au moment de l'étude, sont le
plus souvent stérilisées. Aussi, les femmes séropositives
étaient plus susceptibles d'utiliser les méthodes contraceptives
que les femmes séronégatives (AKINRINOLA, et al., 2014).
En tout état de cause, le statut sérologique,
le type d'intervention reçu, les caractéristiques
sociodémographiques, les variables d'ordre économique et
culturel, le contact avec les médias, ainsi que les
caractéristiques du partenaire et du couple pourraient être des
groupes de variables clés dont les combinaisons rendent le plus compte
de la pratique contraceptive en postpartum et en contexte VIH.
Figure 2 : Schéma récapitulatif
des variables appropriées pour l'étude