WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le parti unique et la question de l'unité nationale au Togo de 1961 à  1990.

( Télécharger le fichier original )
par Balowa KOUMANTIGA
Université de Kara - Maîtrise ès Lettre Sciences Humaines 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3- Le parti unique et la transition démocratique

Dans les années 1980 et surtout à partir de 1990, le parti unique était devenu obsolète. Cet état trouve ses causes dans la situation socio-économique et politique interne mais aussi dans la conjoncture internationale marquée par la chute du mur de Berlin, l'effondrement du bloc soviétique et surtout la conférence franco-africaine de la Baule.

Cette situation imposait implicitement un changement de régime. Les acteurs politiques s'engagèrent dans des négociations et dialogues politiques dont la plus importante la conférence nationale.

3.1- Le parti unique aux antipodes du multipartisme

Les conditionnalités démocratiques notamment le multipartisme étaient devenues depuis les années 1980 un critère non négociable dans les relations entre l'occident et l'Afrique. L'acceptation et la mise en application des exigences démocratiques ne furent pas aisées du fait des différences fondamentales qui existent entre ces deux types de régime parti unique et multipartisme.

3.1.1- L'obsolescence du parti unique

Dans les années 1980 et surtout à partir de 1990, sous la pression internationale (ajustement structurel, déclaration de la Baule), les pays africains n'ont plus eu aucun choix, sinon de s'orienter vers le système démocratique au besoin en trainant les pieds. Le parti unique était donc devenu obsolète par rapport au contexte international et aux besoins des populations qui aspiraient à plus de liberté. Au Togo, l'ancien parti unique, contre mauvaise fortune fit bon coeur et sembla soutenir le processus démocratique. Il accepta de jouer le jeu mais tout en se donnant les moyens de le contrôler, par la tricherie électorale, la limitation des libertés notamment celles de l'opposition qui furent reconnues, même si elles n'existaient que de nom. Cette duplicité de l'ex parti unique augurait des changements difficiles.

3.1.2- Les difficiles changements

L'abandon du monopartisme et l'adoption du multipartisme n'est pas allé de pair avec les habitudes. Ainsi on a continué à vivre des pratiques qui montrent que certains acteurs ne se sont pas toujours déconnectés avec l'ancien régime. L'ancien parti unique qui a survécu au « vent de la démocratisation » et qui continua de dominer la scène a toujours été accusé d'avoir la mainmise sur l'Etat ; cette attitude étant la conséquence de la primauté dont il bénéficiait en tant que parti unique.

En effet la primauté du parti fut proclamée par la constitution de 1980 dans son préambule : « Le Rassemblement du peuple togolais, parti unique prime sur toutes les institutions » ; « il guide les institutions et veille au respect des devoirs du citoyen ». Cette disposition était la concrétisation de la résolution numéro 3 du deuxième congrès statutaire qui demandait que soit effective la primauté du Rassemblement du peuple togolais et de ses instances, dans les structures de l'Etat, et qu'en conséquence et de manière spécifique, le Bureau politique national soit placé au dessus du gouvernement. De plus le principe de l'unicité des vues prôné par le congrès de Lama-Kara et consacré par la constitution de janvier 1980 donnait un caractère dogmatique à toute décision.

D'autres habitudes furent également dénoncées : le monopole des moyens de communication, le refus et la dissuasion à l'alternance, le musellement de l'opposition, la continuité dans les pratiques clientélistes, l'intimidation des populations. Les libertés fondamentales étaient officielles mais pas évidentes. Ceci amène à penser que les changements espérés ne furent que de nom et que dans la réalité, la démocratisation n'aurait guère modifiée les choses. Dans cette même logique, Professeur Daniel Bourmaud estime que : « La démocratie n'aurait rien changé sous les tropiques englués dans l'épaisseur d'un autoritarisme indéracinable »123(*).

Malgré l'avènement du multipartisme, il n'y a pas eu de réelle discontinuité avec l'ancien parti unique. Le Togo adopta le multipartisme mais on assistait aux survivances du parti unique. Les habitudes de vingt ans ne pouvaient être facilement nettoyées d'un coup de balai. Vingt ans de parti unique n'avait pas permis l'éclosion de la culture de la concurrence qui est une caractéristique du multipartisme et le pouvoir en place n'ayant pas l'habitude des critiques se lassait des critiques formulées à son encontre.

La démocratie est un long apprentissage et le parti unique n'a pas favorisé le développement de la culture démocratique. Bref, à l'heure de la démocratie, le Togo se trouvait confronté à la permanence d'une culture du parti unique.

Le déficit ou carence de la culture démocratique chez les acteurs politiques engagés dans la vie politique est d'une part à l'origine des échecs enregistrés dans le processus de démocratisation de l'Afrique en général et du Togo en particulier. D'autre part, l'antienne de la diversité ethnique en Afrique a servi pour justifier la difficile implantation de la démocratie en Afrique. Ainsi, la diversité et l'adversité culturelle, ethnique, sociologique qui caractérisent le continent africain freinerait l'assimilation de cette idéologie exogène qu'est la démocratie qui a réussi ailleurs grâce à des réalités toutes différentes.

Mais les difficultés sont aussi liées à une transition mal négociée entre les nouveaux acteurs et les anciens notamment lors de la conférence nationale.

* 123 Professeur Daniel Bourmaud agrégé de science politique de l'Université de Montesquieu Bordeaux IV, auteur de La politique en Afrique, Paris, 2009, (www.amazon.fr).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite