Conclusion Partielle
L'étude concernant la rentabilité de la culture
du gombo nous a permis de remarquer que malgré le caractère
traditionnel de cette culture, elle permet de rémunérer
l'entièreté des facteurs de production utilisés. Le gombo
se présente ainsi comme une culture très rentable pour les
producteurs de la commune de Kèrou. On a une rentabilité moyenne
de 251 446 FCFA/ha/an au niveau de la commune de Kèrou.
Le ratio VA/CI permet de remarquer que pour chaque
unité monétaire investie, le producteur réalise presque le
triple de son investissement. En matière de bénéfice, pour
un coût total de 100FCFA, le producteur est sûr de
récupérer 91 FCFA. On note ainsi que pour le faible coût en
engrais engagé dans la production du gombo dans l'arrondissement de
Firou, ces derniers réalisent de meilleures rentabilités que les
arrondissements de Kèrou-Centre et de Kaoubagou, réputés
pour être des zones de production du gombo. Comme quoi, une utilisation
plus rationnelle de la quantité d'engrais utilisée permettrait
aux producteurs de Kèrou-Centre et de Kaoubagou de réaliser de
meilleurs résultats. A présent, l'analyse de l'allocation des
ressources au sein des unités de production du gombo dans la commune de
Kèrou doit nous permettre de nous rendre compte de l'affectation que les
producteurs font des facteurs de production.
51
CHAPITRE 5 : EFFICACITE
ECONOMIQUE DES UNITES DE
PRODUCTION DU GOMBO
52
5.1. Efficacité technique
Il a été question d'identifier au prima bord les
variables dont dépend la quantité de production obtenue dans la
commune de Kèrou à travers l'estimation de la fonction de
production. Les résultats de cette estimation donnent les variables
suivantes :
- la quantité d'engrais utilisée en kg ;
- la quantité de pesticides utilisée en FCFA ;
- la quantité de semences utilisée en g ;
- l'amortissement des équipements utilisés en FCFA
;
- la quantité totale de main d'oeuvre utilisée en
homme/jour.
En ce qui concerne l'estimation des coefficients pour la
meilleure production de gombo, la méthode de maximum de vraisemblance
(MV) a été utilisée. L'efficacité technique se
basera surtout sur les résultats de cette méthode.
Tableau 14 : Estimation des paramètres de
la fonction Cobb-Douglas par les Moindres Carrés Ordinaires et de la
fonction de production frontière stochastique par le
Maximum de Vraisemblance
Variables
|
Moindres Carrés Ordinaires (MCO)
|
Maximum des Vraisemblances
(MV)
|
Signe de (MV-MCO)
|
Coefficients
|
t
|
Coefficents
|
t
|
(constante)
|
8,138***
|
13,35
|
9,034***
|
15,88
|
+
|
(0,792)
|
|
(0,6193)
|
|
|
LnAMORT
|
-0,0741
|
-1,05
|
0,022
|
0,41
|
+
|
(0,0936)
|
|
(0,0536)
|
|
|
LnMOTOT
|
0,478***
|
7,48
|
0,636***
|
7,73
|
-
|
(0,0587)
|
|
(0,0694)
|
|
|
LnINTRANTS
|
0,170**
|
2,53
|
0,096*
|
1,69
|
-
|
(0,0595)
|
|
(0,0565)
|
|
|
Paramètres d'efficience
|
ó2
|
1,249***
|
6,77
|
|
(0,1845)
|
|
y
|
0,801***
|
13,29
|
|
(0,0614)
|
|
log de la fonction du maximum de vraisemblance = -237,328
; Test du ratio de vraisemblance = 16,657 ; N =205 ( ) : Les chiffres entre
parenthèses sont les erreurs-types
*** significatif à 1% ** significatif à
5%
LnAMORT = Logarithme népérien de
l'amortissement ;
LnMOTOT = Logarithme népérien de la
main-d'oeuvre totale;
LnINT RANTS = Logarithme népérien du
coût des intrants (pesticides, engrais et semences)
Source : Estimation du modèle de type
Cobb-Douglas
53
Le tableau ci-dessus présente les paramètres du
modèle de type Cobb-Douglas. Les résultats indiquent que ? est
égal à 0,801 et significatif à 1%. Ceci signifie que
80,10% de la variation de l' «output» sont dues à
l'inefficacité technique et que 19,9% de cette variabilité est
alors attribuée aux facteurs aléatoires.
Quant à la statistique de la distribution de Student
qui permet de tester l'hypothèse nulle de l'inexistence des effets
d'inefficacité technique de la production est rejetée car est
significativement différent de 0. La spécification en termes de
frontière de production (> 0) est donc appropriée dans la
présente recherche. Cette formulation stochastique de la
frontière, confirmée par le test de Student, montre aussi que
dans cette recherche, en plus de l'inefficacité technique, il faudrait
tenir compte des facteurs purement aléatoires. Cette inefficacité
des unités de production de gombo sur le plan technique explique que le
rendement en gombo obtenu actuellement par les producteurs n'est
raisonnablement pas ce qu'il devrait être. Il est donc possible
d'améliorer le niveau actuel d'«output» (rendement en gombo)
sans accroître les coûts de production et/ou réarranger les
combinaisons d'«input» (intrants, main-d'oeuvre, consommation
intermédiaire, équipement).
A présent, passons à l'analyse de chacune des
variables considérées isolément. Le tableau
précédent indique que la main-d'oeuvre a un coefficient positif
et hautement significatif au seuil de 1%. Le signe positif obtenu est conforme
à celui espéré; ceci est conforme au résultat de
plusieurs auteurs (notamment Damien, 2015 ; Savi, 2009 ; Kassimou, 2002). Selon
ces auteurs, la main-d'oeuvre a souvent une signification positive sur
l'efficacité technique. Rappelons que la main-d'oeuvre dans le cas
d'espèce inclut aussi bien la main-d'oeuvre familiale, la main d'oeuvre
salariée et la main d'oeuvre d'entraide ; l'amortissement et la
quantité de gombo sont tous de signe positif et hautement significatif
au seuil de 1%. Ces variables ont alors une influence positive sur
l'efficacité technique des unités de production de gombo. Ce
même tableau donne les élasticités obtenues par la
méthode des MCO et celle de la méthode du MV, de même que
la différence entre ces élasticités. Le signe de la
différence entre l'élasticité obtenue par la
méthode du MV et celle obtenue par la méthode des MCO est un
indicateur de la différence du niveau d'allocation des
«inputs» par le producteur de gombo le plus efficace et le producteur
de gombo moyen. Ces résultats indiquent que la différence, pour
les facteurs comme les intrants et la main-d'oeuvre, donne des signes
négatifs alors que pour le facteur amortissement de l'outillage et de
l'équipement, elle est de signe positif. Il se dégage que
l'élasticité obtenue par la méthode des MCO est
inférieure à celle obtenue par la méthode du MV pour les
deux facteurs que sont la main-d'oeuvre totale utilisée et les intrants
utilisés (pesticide et engrais) pour la production. Il s'en
déduit donc que les meilleurs producteurs (c'est à dire les
producteurs les plus efficaces) sont ceux qui utilisent moins de main-d'oeuvre
et moins d'intrants. Cependant, la différence pour le facteur
amortissement de l'équipement et de l'outillage est de signe positif. Il
en ressort que les unités de production les plus efficaces sont les plus
équipées.
54
En ce qui concerne les indices d'efficacité technique,
nous avions utilisé le programme FRONTIER (Coelli et al. 1998). Les
résultats montrent que l'efficacité moyenne sur toute la
région est de 57,3% et varie de 12% à 89% pour toute la zone de
recherche. La distribution de fréquence (tableau 15) de
l'efficacité technique montre que 53,17% des unités de production
de gombo se situent dans l'intervalle ]0,60; 0,80] et 11,71% dans l'intervalle
de]0,80; 1,00] soit un total de 64,88% des unités. Cela montre vraiment
que la majorité des producteurs de gombo de la commune de Kèrou
combine au mieux les facteurs de production pour obtenir un «output»
(Gombo) conséquent et que pour le producteur moyen, il y a
possibilité d'économie de 31,7% sur les ressources productives
pour atteindre le producteur le plus performant.
Tableau 15 : Répartition des producteurs
par tranche d'efficacité technique
Indice d'efficacité
|
Efficacités Techniques
|
|
technique
|
Nombre de producteurs
|
Pourcentage (%)
|
] 0; 0,20]
|
4
|
1,95
|
] 0,20; 0,40]
|
7
|
3,41
|
] 0,40; 0,60]
|
61
|
29,76
|
] 0,60; 0,80]
|
109
|
53,17
|
] 0,80; 1,00]
|
24
|
11,71
|
Source : Réalisé à partir des
données de l'enquête
Comme précisé ci-dessus, plusieurs producteurs
de gombo présentent des performances d'efficacité très
prononcées (au dessus de 0,8). Cependant, seulement 11 producteurs sur
les 205 de l'échantillon ont une faible performance, soit 5,36% de
l'échantillon. Ces producteurs ont un niveau d'efficacité
inférieur à 40%.
Les présents résultats montrent que pour les
producteurs de gombo de la commune de Kèrou, il existe encore des gains
potentiels considérables à réaliser sur les coûts de
production en maintenant constants les niveaux actuels de production, ou
autrement, il existe encore d'énormes marges de manoeuvres pour
accroître la production de gombo sur la base des ressources actuellement
utilisées.
|
|