4.1.3. Description des facteurs de production
4.1.3.1. La Terre
La connaissance du mode d'accès à la terre est
une condition nécessaire à l'évaluation de son coût
surtout dans le contexte traditionnel de notre agriculture. Dans les trois
communes d'investigation, les deux modes courants d'acquisition des terres sont
:
? le mode d'acquisition qui ne nécessite pas une sortie
de ressources financières (héritage, don et prêt et
prêt-Mairie) et,
? le mode qui nécessite une sortie d'argent (achat,
location et gage).
Tableau 7: Répartition des
enquêtés selon les modes d'accès à la terre par
arrondissement
Mode d'accès
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Héritage
|
7
|
36
|
43
|
Prêt
|
2
|
4
|
6
|
Prêt-Mairie
|
5
|
106
|
111
|
Don
|
0
|
4
|
4
|
Achat
|
0
|
8
|
8
|
Location
|
3
|
21
|
24
|
Gage
|
0
|
7
|
7
|
Autre
|
0
|
2
|
2
|
TOTAL
|
17
|
188
|
205
|
Source : Réalisé à partir des
données de l'enquête 2014-2015, Ibouraima S.A.H.
(2015)
41
Dans la commune de Kèrou, le mode de faire valoir
dominant est le prêt-mairie (54%) suivi de l'héritage (21%). En
effet, les zones de prédilection de la culture du gombo sont
généralement les bas-fonds. Les bas-fonds sont des terres
inondées qui appartiennent à la communauté et
laissé à la gestion de la mairie. Ainsi la mairie de la commune
de Kèrou octroie par arrêté le droit d'exploitation du
bas-fond au groupement exploitant, et cela, sans contrepartie. Le bail prend
fin au moment où le groupement décide de ne plus l'exploiter pour
le maraichage. Pour des raisons d'analyse, nous classons ce type de bail parmi
les prêts, sinon, il s'agit d'un bail rural à statut particulier.
Les autres modes de faire valoir ne sont pas été
représentés dans la commune de Kèrou. Par
conséquent, le prêt-mairie est le mode d'accès le plus
fréquent dans toute la zone d'investigation. Ceci s'explique par le fait
que les actes réalisés par la mairie au profit des producteurs de
gombo et les maraîchers en général sont assimilés
aux prêts. On comprend donc, que si l'autorité locale a
facilité l'accès au foncier, c'est parce que le gombo constitue
une spéculation stratégique dans les systèmes
d'exploitation de cette zone de recherche. La composition du ménage et
la disponibilité de matériels de travail sont des
déterminants importants des superficies observées (Savi, 2009).
Pour cet auteur, plus un ménage compte une main-d'oeuvre familiale
élevée et un matériel de travail important, plus la
superficie emblavée est grande et inversement. Même approche
adoptée par Ofio et Onigbon, qui pensent aussi que la superficie
emblavée évolue proportionnellement à la main d'oeuvre
familiale disponible. Il en découle que la disponibilité en terre
demeure un problème. Quant à Biaou (1995), il s'est
attardé sur le caractère morcelé de ces terres. Il ajoute
que 82% des champs ont une taille inférieure à 0,5 ha.
Effectivement, la présente recherche a confirmé la faible
superficie emblavée par exploitation agricole.
Cependant, selon l'avis des producteurs/productrices de
Kèrou, la superficie emblavée ne dépend pas de la taille
du ménage, mais plutôt de la qualité de
l'équipement, de l'organisation et de la taille du groupement dont on
est membre à Kèrou. Nous pouvons l'expliquer par la faiblesse de
l'utilisation de la main d'oeuvre familiale par rapport à la main
d'oeuvre d'entraide. Les exploitations n'évoluent plus vraiment par
ménage, mais par groupement. Il existe des combinaisons de mode de faire
valoir. Pour des raisons d'enquête, nous avions priorisé le mode
donnant accès à la plus grande superficie ou le mode
d'accès à la terre où le producteur passe le plus de son
temps. Cela a évité de travailler sur des combinaisons qui
rendraient complexe la présente recherche. Aussi, devrons-nous informer
que la complexité des modes de faire valoir nous ont obligé
à ne pas tenir compte de ces modes dans le calcul de la
rentabilité. Prendre en compte le foncier dans le présent
contexte ne permet pas une comparaison des rentabilités
intra-communautaire et entre les communautés.
En ce qui concerne les superficies emblavées dans la
commune de Kèrou, la moyenne générale est de 0,41 ha dans
la commune de Kèrou. Pour ce, 0,23 ha ont été obtenus par
prêt, 0,089 ha par héritage, 0,011 par don. Ces chiffres
confirment tout simplement que le système de prêt est le plus
dominant dans la commune de Kèrou. Effectivement, la zone de
prédilection pour la production du gombo est la zone
42
de bas-fond. Cette zone selon la loi 2013-01 du code foncier
domanial en république du Bénin, les bas-fonds appartiennent
à la communauté et laissés à la gestion de la
Mairie. La mise en valeur se fait par établissement d'un
arrêté conférant le droit d'usage du bas-fond. Cette forme
de faire valoir est une forme à statut particulier qui s'apparente plus
au droit d'usufruit qu'à tout autre chose. Toutefois, cette forme, dans
la perception des producteurs s'apparente exactement à un prêt ;
seulement, le prêteur est la mairie, et le foncier est plus
sécurisé. Pour des raisons de collecte et d'analyse de
données, nous avons donc préféré adopté
« prêt » comme mode de faire valoir de ces bas-fonds.
Toutefois, c'est dans l'arrondissement de Kèrou-Centre
que le prêt est très élevé. A Kaoubagou et Firou,
l'héritage est très important et permet aux
producteurs/productrices de disposer des terres assez considérables.
Tableau 8 : Superficies moyennes emblavées
(en hectares) par an, par saison de culture, par arrondissement
Commune de Kèrou
|
Rubriques
|
Arrondissement de Kèrou-Centre
|
Arrondissement de Kaoubagou
|
Arrondissement de Firou
|
Ensemble de la commune
|
Superficie totale (ha)
|
0,49
|
0,4
|
0,34
|
0,41
|
Superficie cycle 1 (ha)
|
0,18
|
0,16
|
0,12
|
0,15
|
Superficie cycle 2 (ha)
|
0,16
|
0,13
|
0,11
|
0,13
|
Superficie cycle 3 (ha)
|
0,17
|
0,14
|
0,13
|
0,15
|
Source : Réalisé à partir des
données de l'enquête 2014-2015, Ibouraima S.A.H.
(2015)
Les superficies moyennes emblavées par saison de
cultures ne diffèrent pas notablement entre les arrondissements de
Kaoubagou et de Kèrou-centre. Même au cours de la contre saison,
où la pénibilité de l'arrosage est signalée par
endroit, la portion de terre emblavée est importante et presque la
même. Ceci dénote de l'engouement des producteurs à
profiter de cette période où l'on observe les meilleurs prix au
producteur.
|