4.1.2.- Importance et place du gombo dans le système
de production agricole de la commune de Kèrou
Le maraîchage dans la commune de Kèrou est une
activité à statut particulier pour les autorités locales.
Ces derniers ont fait de leur champ de bataille l'autonomisation des femmes de
la
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commune de Kèrou avec la promotion des activités
génératrices de revenus. Le maraîchage a été
l'activité principale retenue pour promouvoir ces femmes.
Déjà, l'activité de maraîchage encore appelée
« jardinage » était considérée dans la commune
comme une « activité de femme ». Nous avions pu le constater
dans les villages enquêtés avec la forte proportion de femme dans
l'effectif des maraichers. En effet, les résultats sont cohérents
par rapport au niveau de production. Nous affirmions ci-dessus que
l'arrondissement de Kèrou-centre est le plus gros producteur de gombo de
la commune et c'est dans cette commune que nous notons 57% des producteurs de
gombo et c'est à Firou que nous avons noté la plus faible
proportion de producteurs de gombo (37%), lequel arrondissement est le plus
petit producteur de gombo dans la commune de Kèrou.
En effet, quand il a s'agit de voir le nombre de femmes
productrices de gombo dans les différents villages de la commune de
Kèrou, nous avons pu confirmer cette imagination populaire qui stipule
que l'activité de maraîchage en générale est «
une activité pour les femmes ». On observe ainsi pour la commune de
Kèrou, plus de 73% des femmes productrices de gombo. Une analyse
approfondie a permis de comprendre que cette proportion est due à
l'effort considérable des autorités locales et des partenaires au
développement qui ont depuis plus d'une décennie fait la
promotion du maraîchage dans la commune de Kèrou. Nous avons pu
remarquer l'effort de sensibilisation et de règlementation de la mairie
de Kèrou qui a fait comprendre à la population que les bas-fonds
appartiennent à la communauté et les femmes exploitantes de ces
bas-fonds ont automatiquement, sur demande, un acte d'exploitation
délivré par la mairie et qui sécurise ainsi le foncier. Et
comme l'a affirmé Pietch (2013), la sécurisation du foncier dans
la commune de Kèrou augmentera de façon significative le
rendement des produits maraîchers. Pour cet auteur, l'une des grandes
problématiques de l'activité de maraîchage est de pouvoir
faire comprendre à la population que les bas-fonds (zone
privilégiée de production maraîchère à
Kèrou) est dans la catégorie des terres continentales et que le
droit coutumier devrait laisser place au droit moderne, qui attribue la
propriété de cette zone à la communauté. C'est ce
que la mairie de Kèrou, avec l'appui de certains partenaires comme le
kfw de la Coopération Allemande au Bénin a réussi à
faire durant ces dernières années. L'autre effort a
été de mettre, en plus de l'animateur installé dans les
communes de l'Atacora par la coopération Belge, un animateur,
spécialiste du maraîchage et proche des femmes productrices des
produits maraîchers pour l'organisation et l'accompagnement de la
production maraîchère. Ces deux efforts ont été le
déclic du développement à Kèrou, d'une
activité qui se fait encore désirée dans les autres
communes de l'Atacora.
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La présente recherche nous a aussi permis d'estimer par
rapport à la part du revenu, l'importance du gombo pour les
producteurs/productrices de la commune de Kèrou. Nous nous rendons
compte que la production du gombo procure environ 51% du revenu des
producteurs/productrices de la commune. Cela note l'importance de cette
spéculation qui se fait aujourd'hui dans la commune trois fois par an
à savoir trois (03) mois de culture et un (01) mois pour la
récolte. Cette part du revenu du gombo dans le revenu annuel des
producteurs de gombo varient sensiblement dans les arrondissements de
Kèrou-centre et de Kaoubagou.
Notons aussi que le pourcentage élevé de la
proportion du revenu annuel provenant du gombo (51,27% en moyenne) va de pair
avec les résultats obtenus par Savi (2009) dans la vallée du Mono
en ce qui concerne la production du crincrin (49% en moyenne). Par contre
Adégbola et al.,(2003) a trouvé des chiffres largement
inférieurs. Ceci s'explique par le choix de la population
enquêtée qui est homogène en matière de
spéculation produite dans le cas de Savi (2009) (Production du crincrin)
et dans la présente recherche (production du gombo). Quant à
Adégbola et al., (2003), son étude s'intéressait
aux exploitations maraîchères à Grand Popo dans leur
entièreté.
Les mêmes constats ont été faits au niveau
de la proportion des terres alloués au gombo. Malgré que les
méthodologies de collecte de données ne sont pas toujours
identiques (mesures parcellaires pour Savi (2009) ; estimation dans la
présente recherche dans le cas de Adégbola et al., (2009)), la
proportion des terres allouées aux spéculations principales vont
de paires. Elles sont entre 40% à 60% des terres disponibles pour
l'individu.
Tableau 6: Quelques paramètres de
l'importance de la production de gombo dans les unités de production
agricole de la commune de Kèrou
Variables
|
Commune de Kèrou
|
Ensemble de la
commune
|
Arrondissement de Kèrou-Centre
|
Arrondissement de Kaoubagou
|
Arrondissement de Firou
|
Proportion du revenu annuel provenant du gombo
(%)
|
63,55
|
42,12
|
46,03
|
51,27
|
(2,01)
|
(1,34)
|
(0,71)
|
(1,77)
|
Proportion des terres allouées au gombo
(%)
|
48,94
|
48,78
|
56,82
|
59,26
|
(1,26)
|
(2)
|
(1,75)
|
(2,23)
|
(..) : Ecarts-types
Source : Réalisé à partir des
données de l'enquête 2014-2015, Ibouraima S.A.H.
(2015)
40
Le gombo occupe une place importante parmi les produits
maraîchers dans la commune de Kèrou. La production du gombo
était de 26 tonnes pour la campagne 2014-2015 (SECPA, 2015). Dans la
commune de Kèrou, le gombo est produit essentiellement dans les
bas-fonds. Cependant, dans certains villages de la commune comme
Fètèkou, Kèrou-wirou, la production de gombo se fait dans
la cuvette de la plupart des retenues d'eau réalisées dans les
années 80 par les partenaires au développement. Cela ne devrait
pas être le cas, mais l'ensablement des retenues d'eau dans la plupart
des villages de la commune a offert l'opportunité pour certains
groupements de pratiquer le maraichage et spécialement le gombo ; ce qui
a contribué à la dégradation de plusieurs retenues d'eau
de la commune.
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