2.5. Conditions
d'efficacité de la politique monétaire
Toutefois, l'enchaînement schématisé
ne sera effectif que si ce deux conditions principales sont
réalisées :
· La hausse de l'offre de monnaie doit provoquer une
baisse du taux d'intérêt : pour cela, l'économie doit
se situer en dehors de la trappe à liquidité où la demande
de monnaie absorbe tout le supplément de monnaie offerte.
· L'investissement doit être sensible
(élastique) aux variations du taux d'intérêt : or,
cette réactivité de l'investissement dépend
également des calculs de l'efficacité marginale du
capital.
Ainsi, pour Keynes, les autorités monétaires
devront soutenir par une politique active d'expansion monétaire, la
consommation et l'investissement (ou la demande globale) afin d'obtenir un
revenu additionnel plus important.
Cependant, pour qu'une pareille politique ne
débouche sur une instabilité monétaire (hausse des prix,
perte des devises...), il importe que l'économie concernée
dispose d'un potentiel productif oisif et des réserves de travail
inutilisées.
Qui plus est, le multiplicateur ne joue pleinement que si
l'économie n'est pas trop ouverte sur l'extérieur et si celle-ci
est bien articulée pour éviter toute obstruction à la
propagation des flux de revenu.
Dans la synthèse Keynésienne, l'action de la
politique monétaire est limitée dans deux
circonstances :
· La situation du plein emploi où se
vérifie le modèle quantitatif traditionnel ;
· Le cas de la trappe à liquidité
où tout accroissement de la masse monétaire est
thésaurisé avec refus de placement.
En conséquence, Keynes va attribuer un rôle
très précis à la politique monétaire. Sur le court
terme, elle est un outil de régulation conjoncturelle, lors des phases
passagères de ralentissement ou de surchauffe ponctuel de
l'économie. Elle permet dans le premier cas, d'inverser la tendance par
une politique expansive qui facilitera l'investissement, et dans le second, de
stabiliser la demande par une politique restrictive.
Par contre si la crise économique est profonde, la
politique monétaire sera inefficace, car elle se butera à la fois
sur la trappe à la liquidité et sur l'inélasticité
de l'investissement au taux d'intérêt. Dans ce cas, Keynes marque
une préférence nette pour une action directe sur la demande via
les dépenses publiques (c'est-à-dire pour la politique
budgétaire).
2.6. Limites de la politique
monétaire
La politique monétaire par essence, est
l'instrument de la politique économique qui puisse mieux obtenir et
maintenir la stabilité du niveau général des prix. Elle a
la facilité étant donné les liens étroits entre ses
variables et le niveau général des prix, de maîtriser les
variables du taux d'inflation.
Toutefois, les profondes mutations qu'ont connues les
systèmes financiers et face au processus croissant de la globalisation
financière, l'action des banques centrales s'heurte à de
multiples goulots d'étranglement. Ainsi, à l'absence d'une
coordination entre elle et l'autre facette de la politique financière,
de la politique budgétaire, de la politique monétaire peut
paraître inefficace et son action limitée. Elle peut, par
ailleurs, être limitée par l'insuffisance de la flexibilité
des structures économiques et aussi par les anticipations des agents
économiques.
Ainsi, outre les limites traditionnelles, liées
à l'approche Keynésienne, à savoir,
l'inélasticité de la demande globale et la trappe à
liquidité, la réussite de toute politique monétaire,
quelle que soit la stratégie adoptée, relève de la
crédibilité de son concepteur, la banque centrale. Si cette
dernière ne bénéficie pas de la confiance de l'opinion,
des opérateurs économiques privés, toute action qu'elle
entreprendrait pourrait être butée à la résistance
due aux anticipations.
2.6.1. Trappe à
liquidité de Keynes
Dans le schéma Keynésien, le
mécanisme de transmission de la sphère monétaire vers le
réel s'applique par le canal du taux d'intérêt ou l'effet
du coût du capital. En guise de rappel, la variation de l'offre de
monnaie, entraine en sens inverse, celle du taux d'intérêt. A son
tour, les modifications du niveau du taux d'intérêt entrainent
négativement celle de la demande globale, via les
investissements.
Ce mécanisme peut s'arrêter à partir
du moment où l'offre de monnaie varie, alors que le taux
d'intérêt reste insensible. Pour Keynes, lorsque les
autorités augmentent continuellement l'offre de monnaie pour stimuler
l'économie, le taux d'intérêt baisse jusqu'à un
seuil en deçà duquel il reste inchangé. A ce niveau de
taux d'intérêt les encaisses de spéculation ne peuvent
augmenter. C'est la « trappe à liquidité ».
La trappe à liquidité énonce que si le taux
d'intérêt est trop bas, la politique monétaire est
inefficace.
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