1.2- Problématique
La pomme de terre figure parmi les cultures vivrières
importantes dans le monde. Elle est classée en quatrième position
après le blé, le riz et le maïs. La production de cette
culture représente à elle seule près de la moitié
de la production annuelle mondiale de racines et de tubercules (FAO, 2010).
Dans le monde entier, plus d'un milliard de personnes consomment de la pomme de
terre ; dans les pays en développement, elle entre dans la composition
du régime alimentaire de 500 millions de consommateurs. En Haïti,
cette culture est rencontrée généralement en altitude
là où la température est relativement basse facilitant sa
croissance et son développement. Elle est cultivée en particulier
dans des communes comme Kenscoff, Fonds-Verettes, et Thiotte, où le
climat constitue un atout favorable à son développement. Au
niveau de la région du morne des commissaires notamment dans les
localités de Savane Zombi, Gros Cheval, Orianie et Boucan Chatte, la
culture de la pomme de terre constitue la principale activité pour les
agriculteurs, elle sert à répondre à leurs besoins
socio-économiques et à ceux de leurs familles. Quoique la pomme
de terre occupe une place de choix dans la mise en valeur des exploitations
agricoles, de nombreuses contraintes techniques, économiques et
institutionnelles empêchent l'amélioration des conditions de vie
des exploitants. Les agriculteurs de la zone, malgré leur désir
d'améliorer leur niveau de vie, font face à une grande
contrariété qui n'est autre que la baisse de la production de
pomme de terre.
Dans la région du morne des commissaires, la pomme de
terre est cultivée principalement en altitude sur des terres pentues, ce
qui contribue à accélérer le processus de
l'érosion. Ce phénomène est bien constaté dans
certaines zones par la présence de différents types
d'érosion telles érosions en nappes et en griffes qui diminuent
bien évidemment la fertilité des sols par l'altération de
la texture du sol. En général, Les exploitants utilisent la pomme
de terre récoltée comme semence, cette dernière n'a subi
aucune amélioration, il en résulte une
dégénérescence du matériel génétique
et aussi la persistance de certaines maladies ayant comme conséquence la
diminution du rendement de cette culture.
Au niveau de cette région, il y a une faible
diversification des activités génératrices de revenus,
l'économie de la zone repose essentiellement sur l'agriculture. Selon
une étude menée à Tanzanie, la diversification des
activités agricoles aurait contribué à une augmentation de
la productivité agricole (ELLIS & MDOE, 2000) et selon la Banque
mondiale (2008) c'est l'un des moyens de réduire la pauvreté en
milieu rural et d'améliorer le revenu. Le crédit agricole
aurait
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pu être une bonne alternative pour remédier au
problème de financement des activités des agriculteurs cependant
les agriculteurs de certaines localités, comme Orianie et Gros Cheval en
ont un accès très limité et aussi les termes et conditions
pour avoir accès au crédit sont trop formelles et
compliquées. Un frein important à l'amélioration de la
productivité agricole réside dans la faible disponibilité
et l'accès très limité aux intrants agricoles (MARNDR,
2010) ; les agriculteurs ne disposent pas d'équipements
appropriés pour la mise en valeur des terres, aucune entreprise de
production d'intrants n'est rencontrée. L'accès limité en
engrais en quantité suffisante à des moments propices et à
des prix abordables rendant son prix instable, constitue un handicap majeur
à l'augmentation de la production agricole. Enfin, la forte pression sur
les terres (diminution et même presque absence de jachère pour
certaines exploitations agricoles) diminuant la productivité de la terre
constitue aussi un problème non négligeable.
Les exploitants de la région du morne des commissaires,
conscients de la baisse considérable de la productivité des
différentes cultures de leurs exploitations agricoles, font quand
même le choix de prioriser une culture donnée par rapport aux
autres en tenant compte de celle présentant le bénéfice
relatif le plus élevé. De ce fait, ils allouent plus de facteurs
de production à la culture la plus profitable ou du moins à celle
pouvant causer la moindre perte monétaire, de telle sorte que le revenu
moyen procuré par cette culture soit supérieur à n'importe
quelle autre culture de l'exploitation. Ce qui aurait pour conséquence
une contribution de cette culture à un taux important dans le revenu
agricole.
Il devient nécessaire de se poser cette question: Quel
est l'apport de la culture de pomme de terre dans la formation du revenu
agricole des exploitations? La réalisation de ce travail va nous
permettre de répondre à cette question.
Ce travail devrait servir à toute institution
intervenant au niveau du morne des Commissaires en rapport au secteur agricole
en mettant disponible des informations relatives à l'affectation des
intrants, comment les exploitations allouent leurs intrants par rapport
à la culture de la pomme de terre et enfin la contribution de cette
dernière à la formation du revenu des exploitations agricoles.
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