2.2. Limites des filets sociaux publics au Burkina Faso
et nécessité
de considérer l'élevage et les valeurs de
solidarité
La protection sociale contributive (assurance sociale),
étant limitée au Burkina Faso, les filets sociaux, tels que
définis par la Banque Mondiale pourraient constituer un moyen de
protection des populations ne bénéficiant pas des systèmes
contributifs. Au Burkina Faso, la Stratégie de Croissance
Accélérée et de Développement Durable
(SCADD)22, énonce en son Axe 2 (Consolidation du capital
humain et Promotion de la protection sociale) la nécessité de
« mettre en oeuvre une politique de redistribution des revenus mieux
ciblée, grâce à l'utilisation des techniques de filets
sociaux en direction des pauvres ou des personnes vulnérables à
la pauvreté et aux chocs ». Le pays s'est également
doté d'une politique nationale de protection sociale, qui définit
sa vision en la matière. C'est ainsi que l'Etat burkinabè a
mené un certain nombre d'actions en collaboration avec les Partenaires
Techniques et Financiers (PTF). Au titre de ces actions, il y a les ventes
à prix réduit, les distributions de vivres, les vivres contre
éducation/travail, la nutrition, les cantines scolaires, les subventions
généralisées, les transferts monétaires, les
coupons alimentaires, les exemptions des frais de santé et enfin les
travaux publics (SAVADOGO, 2010).
Lesdits filets sociaux suscitent un vif intérêt
de la part de la Banque Mondiale. Un certain nombre de recherches sur leur
formalisation, leur mise en marche et leur monitoring23 sont alors
menées. C'est ainsi qu'une étude a été
réalisée par la Banque Mondiale au Burkina Faso en 2009 sur les
filets sociaux.
Cependant, après avoir dressé la liste des
programmes de filets sociaux, cette étude montre que l'impact du
système de filets sociaux existant est restreint. En sus, elle met
l'accent sur l'échelle
22 Référentiel central de la politique
de développement économique et sociale du pays pour la
période 2011-2015.
23 Contrôle.
19
plutôt petite et le caractère limité dans
le temps de ce type de programmes (Banque Mondiale, 2011). Cela souligne la
difficulté de mettre en place un bon système de filets
sociaux.
Nonobstant cet état de fait, des efforts sont entrepris
par l'Etat dans le sens d'une plus grande inclusion des populations
vulnérables. Plus récemment, le 20 décembre 2013, le
gouvernement a procédé à la cérémonie
officielle de lancement de la remise de dons aux personnes pauvres et
vulnérables. Ces dons visaient à consolider les filets sociaux en
faveur de ces groupes. L'opération a été
déployée sur l'ensemble des 13 régions que compte le pays,
et son plan de financement a été estimé à plus de 6
milliards de FCFA24. Le 23 avril 2014, le Conseil d'Administration
de la Banque Mondiale a approuvé le financement du Projet de filets
sociaux au Burkina Faso. Ce projet est prévu pour une durée de
cinq ans et est financé par un crédit de l'Association
Internationale de Développement (IDA) de 50 millions de dollars. Ce
financement devrait permettre à quelques 40 000 ménages
démunis de bénéficier de transferts monétaires
directs. Par ailleurs, des activités pilotées par les
communautés inciteront ces familles à investir dans le
développement et l'alimentation de leurs enfants ainsi que dans leurs
propres capacités productives25.
Les filets sociaux mis en oeuvre par les pouvoirs publics ne
permettent pas de toucher, de façon durable, la partie la plus grande de
la population burkinabè démunie de protection sociale
contributive. Par conséquent, il faudrait une solution pérenne et
plus inclusive. Cela pourrait se faire par le biais de filets sociaux en phase
avec des réalités socioéconomiques du pays comme
l'agriculture, l'élevage et les valeurs sociales séculaires.
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