1.2.4. Le capital naturel
La notion de capital naturel est étroitement
liée à celle du développement durable. Selon BOUTAUD et
al. (2002), les acceptions du terme se situent sur une échelle qui va de
la théorie de la « durabilité faible »
(théorie néoclassique) à celle de la «
durabilité forte » (approche
écosystémique).
La première approche, qui est qualifiée de
néoclassique, se limite à une extension au capital naturel de la
problématique néoclassique de la croissance initiée par
Solow. Elle conserve l'hypothèse de substituabilité entre les
divers facteurs de production : du capital technique peut se substituer le
capital naturel si nécessaire. Il est alors question de «
soutenabilité faible ». Dans ce cadre, la croissance et le
développement sont identiques et l'on parle alors de croissance
soutenable (BECKERMAN, cité par DEMAZE, 2009). Ce concept est
associé à une trajectoire de croissance (dite optimale) dans
laquelle le capital global reste constant: l'augmentation du
15 Définition du Dictionnaire Larousse :
groupement humain qui possède une structure familiale, économique
et sociale homogène, et dont l'unité repose sur une
communauté de langue, de culture et de conscience de groupe.
16 Définition de ZENOU (2009) : Les
ressources non relationnelles sont les ressources que l'agent peut
détenir sous forme de capital (humain, financier, nature, physique...
autres que le capital social) ou celles que possèdent les membres de son
réseau et auxquelles il a accès.
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prix relatif des ressources naturelles non renouvelables
permet de compenser l'épuisement progressif de ces ressources, selon le
schéma optimal de HOTELLING (1931)17, en induisant un
progrès technique qui conduit à la mise au point de substituts.
La croissance peut ainsi se poursuivre indéfiniment (elle est donc
durable).
Quant à la seconde approche, elle est née d'une
critique du postulat selon lequel capital technique et capital naturel sont
substituables. Les penseurs de cette nouvelle discipline ont cherché
à comprendre les incompatibilités existant entre le
système écologique et un système économique
totalement désolidarisé du premier. C'est une réflexion
sur les conditions pour ré-enchâsser l'économie dans
l'écologie, seule à même de permettre une croissance
durable. Cela passe notamment par la prise en compte d'un seuil critique dans
l'utilisation du capital naturel et de son évaluation
financière.
Entre ces deux approches situées aux antipodes des
considérations du développement durable, la plus acceptée
est celle fournie en 1987 par la Commission Mondiale sur l'Environnement et le
Développement (CMED), qui décrit le développement durable
comme celui qui « répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures à
répondre aux leurs ». Cela suppose un croisement entre
l'économique, le social et l'environnement (nature).
Le capital naturel est défini comme étant le
stock de ressources naturelles, ce qui inclut la géologie, le sol,
l'air, l'eau et tous les êtres vivants18. Considérant
cela, nous définirons le capital naturel dans le cadre du présent
travail en tant qu'ensemble des actifs naturels dont les
bénéficiaires des interventions HIT ont besoin pour faire
croître leurs troupeaux. Il a été choisi
d'appréhender ces actifs par les superficies de zones pastorales
fonctionnelles19 situées dans chacune des régions du
Burkina Faso concernées par notre étude. Ces zones pastorales
rendent compte du potentiel pastoral des régions concernées,
puisqu'elles sont identifiées par les schémas national,
régional ou provincial d'aménagement du territoire ou par le
schéma directeur d'aménagement. Ces schémas sont des
référentiels de planification de long terme.
17 Cité par DEMAZE (2009).
18 Forum mondial sur le capital naturel (2015).
19 Définition du Recueil De
Définitions Et De Concepts Usuels En Statistique D'élevage de la
Direction Générale de la Prévision et des Statistiques du
Ministère de Ressources Animales du Burkina Faso, 2009 : c'est la zone
pastorale dans laquelle cohabitent en harmonie les éleveurs et leurs
animaux. Elle est forcément aménagée et dotée d'un
minimum d'infrastructures comme des points d'eau, un parc à vaccination,
une zone de pâture, des pistes à bétail.
16
Dans ce chapitre, d'une part il est ressorti, sur la base de
la théorie de la comparaison sociale et d'études empiriques que
la croissance du capital animal peut être analysée comme une
expression microéconomique de la croissance économique. D'autre
part, la théorie de la performance de la capitalisation animale comme
filet social informel et privé, a montré que les facteurs
déterminants de cette performance sont le capital humain détenu
par les bénéficiaires, le capital institutionnel des projets HIT,
le capital social constitué par les relations sociales des
bénéficiaires, et le capital naturel des régions
d'intervention.
Le chapitre suivant va présenter la situation de la
capitalisation animale au Burkina Faso.
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