2.2. EVOLUTION DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LA
SADC-10
Depuis quelques années les pays africains sont dans une
perspective dynamique de croissance économique soutenue par plusieurs
facteurs tant nationaux qu'internationaux. D'après la BAD/OCDE (2006),
la richesse productive par tête créée par l'ensemble des
pays africains a augmenté en moyenne de 3.5 en 1997, pour atteindre un
taux prévisionnel de 5.5% en 2007. Si ce résultat est imputable
aux efforts individuels réalisés par chaque pays, il convient
aussi de souligner qu'il intervient dans une période de prise de
conscience collective des Etats africains. En effet, l'environnement politique
actuel de la majorité de ces pays est beaucoup plus propice aux
échanges et à la croissance qu'il y a quelques années.
Aussi, les réformes entamées au cours des années 1990
apportent-elles finalement leurs effets pour certains pays. Ajouter à
cela, la bonne tenue des cours des matières premières sur les
marchés internationaux, et l'accroissement annuel des exportations des
pays africains participent à la robustesse de leur taux de croissance
observé.
D'un autre côté l'essor macroéconomique
que connait la plupart de ces pays coïncide avec le renouveau du
régionalisme au sein du continent. Partant de là, on est
tenté de s'interroger si l'entame d'un processus d'organisation spatiale
au sein de chaque région n'a pas contribué directement ou
indirectement à cette croissance économique. Si tel est le cas,
le bon sens imposerait de rechercher dans quelle mesure l'augmentation du
produit par tête peut-elle être endogène aux effets
liés à l'intégration économique
régionale.
Les pays d'Afrique australe constituent ensemble un important
espace économique, dans la mesure où ils comptaient au total 211
millions d'habitants en 2003 et leur PIB cumulé s'élevait
à 229 milliards de dollars au cours de la même année.
Cependant, il existe des écarts considérables entre pays, sur les
plans tant démographique qu'économique. S'agissant de la
population, la République démocratique du Congo (RDC) est le plus
peuplé - sa population représentant un quart de la population
totale de la sous-région, tandis que sur le plan économique,
l'Afrique du Sud est de loin le pays le plus important - son PIB
représentant 70 % de celui de l'ensemble de la sous-région. Ces
dernières années, la performance économique à
l'échelle sous-régionale a été médiocre, le
PIB réel n'ayant crû, en moyenne, que de 2,6 % au cours de la
période 2000-02. Elle s'est cependant redressée
légèrement, dans la mesure où ce taux est passé
à 3,3 % en 2003. Mais, elle varie considérablement d'un pays
à un autre, ce qui témoigne,
Mémoire de Licence Par Prince TAFUTENI BITAKI
Pages 34
Intégration économique régionale et
dynamique de la croissance économique dans la sous-région de
la SADC : analyse en modèle des données de Panel de 1990 à
2013
notamment des différences de performance entre les
différents pays en matière de gestion macroéconomique. Le
revenu par habitant de la sous-région, qui est relativement
élevé, a accusé un recul ces dernières
années.
En 2002, le revenu moyen par habitant était de 812
dollars, contre 1 004 dollars en 2001. Cette tendance à la baisse du
revenu par habitant à l'échelle sous-régionale est
préoccupante, dans la mesure où elle témoigne de la
progression du niveau de pauvreté imputable à la mauvaise
performance économique associée, notamment à l'impact
débilitant et néfaste de la pandémie de VIH/sida, à
la mauvaise gestion économique et aux obstacles au renforcement de
l'intégration régionale. Selon les estimations, 40 à 50 %
de la population de la sous-région vit dans la pauvreté absolue,
comme en témoignent les indicateurs sociaux médiocres, notamment
les niveaux de malnutrition élevés, le chômage, le
sous-emploi, la baisse de l'espérance de vie et le faible accès
aux services de base et à l'infrastructure nécessaires pour
maintenir les capacités humaines de base15.
Au cours de la période 2000-02, le PIB de la SADC a
crû au rythme de 2,6 %, en moyenne, ce qui, compte tenu du taux de
croissance démographique moyen de 2,5 % enregistré par la
sous-région, s'est traduit par une amélioration très
modeste du niveau de vie. Une amélioration très
légère est intervenue en 2003, le taux de croissance de la
sous-région étant passé à 3,3 %. Cependant, en
dépit de celle-ci, au cours de cette année, la sous-région
de la SADC a connu le taux de croissance économique le plus faible par
rapport aux autres sous-régions du continent. À titre d'exemple,
la sous-région de l'Union du Maghreb arabe (UMA) a enregistré un
taux de croissance annuel de 5,6 %, tandis que celle de la Communauté
économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) a
réalisé un taux de croissance de 4,6 %.
Il convient, cependant, de souligner qu'au sein de la SADC, la
performance économique a varié et continue de varier
considérablement, reflétant, entre autres facteurs, les
différences de performance en matière de gestion
macroéconomique des différents pays. Le revenu par habitant de la
sous-région, qui a été relativement élevé,
d'une manière générale, a accusé du recul
récemment. En 2002, le revenu par habitant moyen s'élevait
à 812 dollars, contre 1 004 dollars en 2001. Ceci est à comparer
à la moyenne de 646 dollars par habitant enregistré par
l'ensemble du continent africain. Les six pays (Botswana, Maurice, Namibie,
Seychelles, Afrique du Sud et Swaziland) considérés comme des
pays à revenu intermédiaire ont enregistré un revenu moyen
par habitant de
15 Groupe de la Banque Africaine de Développement,
Document de Stratégie d'assistance Régionale, Afrique
Australe, (2004-2008)
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BITAKI
Pages 35
Intégration économique
régionale et dynamique de la croissance économique dans
la sous-région de la SADC : analyse en
modèle des données de Panel de 1990 à
2013
2 886 dollars. Cependant, les pays à faible
revenu de la sous-région n'enregistrent qu'un revenu
moyen par habitant de 236 dollars. Cette baisse du revenu par habitant
dans la sous-région est préoccupante, dans la mesure
où elle témoigne de la croissance du niveau de pauvreté
qui est imputable à la mauvaise performance économique
associée, notamment à l'impact débilitant et
néfaste de la pandémie de VIH/sida, à la mauvaise gestion
économique et aux obstacles au renforcement de
l'intégration régionale.
Figure 2. Evolution des taux de croissance du PIB au
sein de la SADC-10 de 1190 à 2013
-10
-20
-30
30
20
10
0
Evolution des taux de croissance de l'économie au
sein de la SADC-10
ANGOLA NAMIBIE
RD CONGO LESOTHO MADAGASCAR
RSA ZAMBIE ZIMBABWE
MALAWI TANZANIE
Source : nos analyses
à partir des données issues Banque mondiale.
Note : Tous les pays de la SADC n'ont pas
été représentés pour des raisons de
disponibilité statistique de longue période.
Si la plupart des économies de la SADC
maintiennent une régularité économique
depuis 2001, il ressort toutefois de ce graphique que
les écarts de productivité entre pays demeurent
sensiblement maintenus depuis la même période. L'une des
explications que l'on peut apporter à ces écarts de croissance,
est que ces Etats sont caractérisés par des structures
économiques hétérogènes (S.
Chauvin et G. Gaulier, 2000 ) et par des aspects spécifiques et
conjoncturels. Raison pour laquelle, certains pays ont de meilleures
performances que d'autres. En outre, la forte croissance observée pour
l'Angola par rapport à d'autres pays de notre
échantillon, membres de la région
s'expliquerait par les effets d'illusion sur la
croissance dus à l'embellie du pétrole.
Mémoire de Licence Par Prince TAFUTENI BITAKI
Pages 36
Intégration économique régionale et
dynamique de la croissance économique dans la sous-région de
la SADC : analyse en modèle des données de Panel de 1990 à
2013
2.3. OUVERTURE COMMERCIALE, IDE ET CROISSANCE
ECONOMIQUE
2.3.1. Ouverture commerciale et croissance dans la
SADC
L'intégration commerciale est également lente,
le volume total des échanges intra-régionaux n'ayant
représenté que 22 % de celui de la sous-région au cours de
la période 1999-2003. Une part substantielle des importations et
exportations intra-régionales est le fait des pays membres de la SACU,
en particulier l'Afrique du Sud. En outre, au sein de la sous-région, il
semble n'exister aucun lien entre les échanges commerciaux et
l'intégration, aux plans tant régional que mondial. Bien qu'un
certain nombre de pays adoptent à présent des stratégies
axées sur les exportations, dans le cadre des réformes
économiques entreprises au cours des années 80 et 90, les tarifs
douaniers sont élevés au sein de la SADC et varient d'un pays
à un autre dans la sous-région. À titre d'exemple, les
exportations de la Tanzanie vers le Zimbabwe font l'objet de taux tarifaires
élevés, pouvant atteindre 94 %. La lenteur de
l'intégration commerciale constitue une source de préoccupation,
dans la mesure où la réussite de la SADC en tant que
communauté d'intégration régionale dépendra de la
mesure dans laquelle elle favorisera les échanges
intra-régionaux.
L'activité économique dans la sous-région
est dominée par le secteur des services qui comprend le tourisme, le
transport et les services commerciaux. En 2003, ce secteur représentait
66,9 % du PIB. Le secteur des services est suivi de ceux de l'industrie et de
l'agriculture, qui représentaient 24,3 % et 8,8 %, respectivement. Les
secteurs des services et de l'agriculture sont également les principaux
pourvoyeurs d'emplois, occupant 44 % et 37 %, respectivement, de la
main-d'oeuvre. Le secteur manufacturier représente une part
appréciable de la base de l'économie de l'Afrique du Sud, de
Maurice, du Swaziland et du Zimbabwe. Avec l'agriculture et le secteur des
mines, il couvre la majeure partie des exportations de la région. Les
secteurs des services et de l'industrie manufacturière dominent dans les
importations intra-régionales.
La réussite de la SADC en tant que communauté
d'intégration régionale tient à la mesure dans laquelle
elle favorisera les échanges intra-régionaux. Bien que le volume
total des échanges intra-régionaux soit en hausse, il demeure
faible, représentant 22 % du volume total des échanges
commerciaux de l'ensemble de la sous-région pour la période
1999-2003. La majeure partie des échanges de la sous-région se
fait avec l'Union européenne, les États-Unis et le Japon. Au sein
de la sous-région, les pays membres de la SACU, en particulier l'Afrique
du Sud, représentent une part appréciable des importations et
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BITAKI
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Intégration économique
régionale et dynamique de la croissance économique dans
la sous-région de la SADC : analyse en
modèle des données de Panel de 1990 à
2013
exportations intra- régionales. Tous les pays
de la SADC (y compris ceux de la SACU) enregistrent un déficit
commercial important avec l'Afrique du Sud, essentiellement en
raison de la compétitivité générale de ce pays,
mais également du fait des politiques commerciales quelque peu
restrictives qu'il applique, notamment pour les textiles. Les États
membres de la SADC sont très tributaires des
exportations de produits de base, essentiellement les produits agricoles et
minéraux. En conséquence, ils sont vulnérables aux chocs
extérieurs.
La présente figure montre les évolutions
et les disparités des différentes économies de la sous
régions du point de vue de l'ouverture commerciale.
Figure 3. Évolution des exportations au sein des
pays de la SADC-10
100
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
ANGOLA RD CONGO LESOTHO MADAGASCAR
NAMIBIE RSA ZAMBIE ZIMBABWE
Evolution des exportations (en % du PIB) au sein de
la
SADC-10
MALAWI TANZANIE
Source : nos analyses
à partir des données issues Banque mondiale,
Note : Tous les pays de la SADC n'ont pas été
représentés pour des raisons de disponibilité statistique
de longue période.
A la lecture de la présente figure, il se
dégage une situation selon laquelle, les exportations des pays membres
de la SADC, principalement ceux de la SAC- 10, évoluent
différemment, ceci compte tenu des spécificités des
systèmes de production de chaque pays et des caractéristiques qui
leur sont propres. De manière générale, ce graphique
montre une forte prépondérance des exportations
de l'Angola au sein de la région atteignant une proportion d'au
moins 86.62% en 1996 contre 50% de son PIB en 2013.
Intégration économique régionale et
dynamique de la croissance économique dans la sous-région de
la SADC : analyse en modèle des données de Panel de 1990 à
2013
Néanmoins, en attendant que les barrières
tarifaires et non tarifaires de la zone australe se suppriment
complètement, la SADC continue à être la région
où les échanges intra-régionaux sont les plus
intensifiés d'Afrique. D'après les statistiques de la CNUCED
(2005) et le rapport de la CEA (2004), entre 1994 et 2000, les pays de la SADC
représentent la part la plus importante des exportations (31%) et des
importations (30%), ce qui s'explique, en partie, par la
prépondérance de l'économie Sud-Africaine. D'autres pays
à forte vocation exportatrice de la SADC tels que Maurice et le
Zimbabwe, y ont également contribué. Des pays tels que le Malawi
et le Mozambique ont également enregistré des résultats
impressionnants en ce qui concerne les exportations vers le marché de la
SADC. Les pays de la SADC occupent la première place parmi les
communautés économiques régionales, même s'ils n'ont
commencé à appliquer de protocole commercial qu'en septembre
2000. A mesure que le protocole est mis en oeuvre, le volume du commerce
à l'intérieur de la SADC augmentera. Ceci tend à montrer
que ces Etats justifient d'une forte propension à commercialiser entre
eux.
La sous-région australe ne se limite pas seulement
à la production et à la commercialisation des biens de base ou
semi-finis. Elle a également une forte productivité sur les
produits manufacturés. Les
hétérogénéités structurelles qui
caractérisent les Etats membres, font en sorte que les productions
soient réparties géographiquement au sein de la région.
Ainsi, on y retrouve des pôles industriels et technologiques à
forte valeur ajoutée centralisés autour de l'Afrique du Sud
(l'automobile), et des pôles d'industrie artisanale intensive en main
d'oeuvre localisés dans d'autres pays comme le Swaziland, le Namibie
(les textiles). Aussi, selon les statistiques officielles de la CNUCED, les
produits manufacturés ont-ils représenté en moyenne, entre
1994 et 2000, 60% du total des exportations de la zone.
Comparée à d'autres blocs en Afrique, c'est de
loin la part la plus importante dans les échanges intracommunautaires
tel que le témoigne le tableau ci-dessous :
Mémoire de Licence Par Prince TAFUTENI BITAKI
Pages 38
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BITAKI
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Intégration économique
régionale et dynamique de la croissance économique dans
la sous-région de la SADC : analyse en
modèle des données de Panel de 1990 à
2013
Tableau 3. Exportations intracommunautaires et
exportations de produits manufacturés, moyenne annuelle sur
1994- 2000 (en millions de dollars)
Organisations
|
Exportations intracommunautaires totales
|
Exportations
intracommunautaires des produits manufacturés
|
Part (en %) des exportations des produits
manufacturés dans les exportations totales
|
CEDEAO
|
2301,8
|
371,6
|
16,1
|
CEEAC
|
162,2
|
50,0
|
30,8
|
CEN-SAD
|
1501,5
|
648,4
|
43,2
|
COMESA
|
1093,1
|
401,2
|
36,7
|
SADC
|
3664,7
|
2189,9
|
59,8
|
Source : Rapport de la CEA (2004) et CNUCED,
2004
Figure 4 . Evolution des importations au sein de la SADC
- 10 de 1990 à 203
160
140
120
100
40
80
60
20
0
ANGOLA RD CONGO
NAMIBIE RSA
Evolution des importations (en % du PIB) au sein de
la
SADC-10
ZAMBIE ZIMBABWE
LESOTHO MADAGASCAR
MALAWI TANZANIE
Source : nos analyses
à partir des données issues Banque mondiale.
Note : Tous les pays de la SADC n'ont pas été
représentés pour des raisons de disponibilité statistique
de longue période.
La lecture de la figue susmentionnée laisse
entrevoir une situation selon laquelle, l'économie du
Lesotho est plus tributaire des importations avec des proportions
excédant le 100% de leur production intérieur durant notre
période d'étude. En RDC, les importations représentent en
moyenne une proportion de 22.8% l'an. La Namibie, le Zimbabwe et l'Angola
présentent une
Mémoire de Licence Par Prince TAFUTENI BITAKI
Pages 40
Intégration économique régionale et
dynamique de la croissance économique dans la sous-région de
la SADC : analyse en modèle des données de Panel de 1990 à
2013
situation presque similaire avec des importations qui
représentent plus de 50% de leurs productions intérieures
respectives.
|