1.2. REVUE DE LITTERATURE EMPIRIQUE
De nombreux ouvrages s'attachent en outre à quantifier
l'augmentation du commerce africain pouvant être attribuée
à l'intégration régionale (à supposer qu'il y ait
eu une augmentation). Les chercheurs ont notamment essayé d'infirmer ou
de confirmer l'idée selon laquelle l'Afrique fait « trop peu »
de commerce et qu'elle s'intéresse surtout au commerce intra
régional plutôt qu'au commerce global. Foroutan et Pritchett
(1993) indiquent que les échanges commerciaux entre pays africains ne
sont pas inférieurs aux attentes. La part de l'Afrique sub-saharienne
(ASS) dans le commerce intra régional est de 8,1% en moyenne, alors que
le modèle de gravité prévoit une moyenne
légèrement inférieure (7,5%). Coe et Hoffmaister (1998)
estiment que, dans les années 1990, le commerce bilatéral entre
les pays de l'ASS et les pays industriels n'était pas anormalement
faible. Rodrik (1998) indique de son côté que les ratios de
commerce/PIB des pays de l'ASS sont comparables à ceux des pays
similaires en termes de taille et de PIB, et que la marginalisation de
l'Afrique est due principalement à la faible croissance de ses
revenus.
D'autres ouvrages considèrent que les pays ayant des
structures de production similaires ne peuvent pas bénéficier
d'une intégration régionale. La raison principale serait que ces
intégrations ont pour principal objectif de développer le
commerce au sein de la région. En revanche, il n'y pas de raison de
s'inquiéter lorsque l'objectif est de promouvoir une forme de commerce
favorable au développement. Le manque de compétitivité
étant le principal obstacle au commerce, régional ou autre, toute
intégration régionale permettant une augmentation de
l'efficacité et de la richesse économique aurait un impact
positif.
Désiré AVOM et Mouhamed MBOUANDI NJIKAM dans une
analyse portant sur L'intégration par le Marché cas des Pays de
la CEEAC, sur base du modèle de gravité, avaient pour deux
objectifs : estimer les flux commerciaux intra régionaux entre les dix
pays de la CEEAC, puis utiliser ces résultats en simulation pour
déterminer les potentiels de commerce de ces pays. L'accent était
ici mis sur la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires au
sein des pays de la zone. Le modèle fut appliqué pour la
période 1995-2010 afin de voir l'évolution des échanges
intra-CEEAC au cours de ces dernières années. Les estimations du
modèle de gravité ont été ensuite utilisées
pour le calcul du potentiel commercial intra-communautaire.
Mémoire de Licence Par Prince TAFUTENI BITAKI
Pages 24
Intégration économique régionale et
dynamique de la croissance économique dans la sous-région de
la SADC : analyse en modèle des données de Panel de 1990 à
2013
Après analyse, ils sont parvenu aux principaux
résultats selon lesquelles, (i) les faits stylisés montrent que
les pays de la CEEAC sont extravertis et faiblement intégrés
commercialement ; (ii) le faible niveau d'industrialisation et de
diversification productive réduisent fortement le potentiel commercial
dans la sous-région ; (iii) les foyers de création
d'échanges prédominent sur les détournements de trafic
entre les États membres particulièrement pour les pays leaders
tels que le Cameroun et l'Angola ;(iv) le potentiel de commerce des pays de la
CEEAC est de huit fois supérieur au commerce actuel entre ces
pays.10
Lambert Opara Opimba11, analysant
l'impact de la dynamique de l'intégration régionale sur les pays
de la SADC: une analyse théorique et empirique, son étude a fait
un examen théorique et empirique approfondi de l'impact de
l'intégration économique régionale sur un espace en
développement, l'objet fut de vérifier si cette
coopération Sud-Sud vérifie un ensemble des effets attendus de la
régionalisation, à savoir, la création et la
déviation de commerce, l'attractivité des investissements directs
étrangers, la croissance endogène régionalisée et
la synchronisation de l'évolution des économies
intégrées.
A l'issu de ses analyses, il montre que l'intégration
économique de la SADC génère des effets de création
de commerce qui ne découlent pas forcément des effets de
détournement. Malgré sa faible ampleur, la déviation
commerciale estimée dépend de la nature des biens et de leurs
origines ; la SADC en tant que bloc économique, est un argument
crédible en matière d'attractivité des investissements
directs étrangers. Malgré les carences politiques, les
défaillances au niveau de la législation et de la
réglementation et la persistance des poches d'insécurité
et des troubles sociaux, la région a fait des efforts pour rendre ses
économies attractives. Toute chose égale par ailleurs, ses
résultats empiriques ont montré que l'existence de la SADC
explique une part des IDE entrants au sein de la région depuis la
transformation de l'organisation australe. Le reste est expliqué par les
effets spécifiques nationaux. On retient enfin de cette étude que
la constitution d'un capital spatial austral semble valider l'hypothèse
d'une croissance endogène régionalisée. Autrement dit, la
SADC serait un facteur de croissance économique pour les pays membres.
Les principaux effets induits par la création du bloc austral ont un
impact favorable sur le PIB/tête des pays.
10 Désiré AVOM et Mouhamed Mbouandi Njikam,
L'intégration par le Marché cas des Pays de la CEEAC,
article, LAREA-FSEG Université de Yaoundé II-Cameroun, p1.
11 Lambert Opara Opimba. L'impact de la dynamique de
l'intégration régionale sur les pays de la SADC: une analyse
théorique et empirique. Thèse de Doctorat, Economies and
finances. Université Montesquieu-Bordeaux IV, 2009. French
Mémoire de Licence Par Prince TAFUTENI BITAKI
Pages 25
Intégration économique régionale et
dynamique de la croissance économique dans la sous-région de
la SADC : analyse en modèle des données de Panel de 1990 à
2013
Lewis et al. (2003) utilisent un modèle multi-pays
d'équilibre général calculable pour analyser l'impact de
la libéralisation du commerce dans la SADC. Ils concluent que
l'augmentation des importations en provenance des pays membres est
supérieure à la baisse des importations en provenance des pays
non membres. Baldwin (2003) a démontré de manière
convaincante que les pays où existent peu de restrictions au commerce
parviennent à une croissance économique plus rapide que les pays
où sont appliquées des politiques plus restrictives. Winter,
McCulloch et McKay (2004) ont montré qu'il est possible de
réduire la pauvreté grâce à une croissance
économique à long terme. Ils soutiennent qu'une croissance
économique plus rapide permet d'élever les niveaux de revenu, ce
qui, à son tour, permet aux pouvoirs publics de percevoir plus de
recettes fiscales pour prendre des mesures distributives. Selon Krugman (2003),
l'histoire démontre que les pays pauvres qui ont pu améliorer le
niveau de vie de leurs populations y sont parvenus grâce à la
mondialisation, du fait qu'ils ont choisi de produire pour le marché
mondial plutôt que de chercher à se suffire à
eux-mêmes. Grossman et Helpman (1994) montrent que l'intégration
à l'économie mondiale peut doper la productivité d'un
pays.
Depuis Viner (1950), Meade (1955) et Mundell (1960), les
questions d'intégration régionale suscitent un
intérêt marqué de la part des économistes. Viner
montre ainsi que la mise en place d'une zone de libre échange est
susceptible d'augmenter le bien-être des pays qui l'intègrent
lorsque la demande d'importation est élastique, lorsque le niveau du
droit de douane initial est élevé, et lorsque la
différence entre les coûts de production du partenaire et du reste
du monde, sont faibles.
Conclusion
L'objectif du présent chapitre était de passer
en revue l'approche théorique de l'intégration économique
en Afrique. A l'issu de cette analyse, nous avons eu à épingler
les différentes considérations théoriques et empiriques de
l'IE en Afrique respectivement en terme d'une revue de la littérature
théorique et empirique mais aussi l'élucidation de certains
concepts ayant trait à notre étude.
Dans ce chapitre, la question centrale est celle de l'impact
effectif de l'intégration régionale sur le bien-être, sur
la modification de la structure tant de consommation que de production des pays
membres ainsi que sur les flux d'investissements directs entre ces pays
eux-mêmes et en provenance de l'étranger. Ainsi,
l'intégration et la coopération régionale peuvent, en
effet, aider les pays africains à remédier à la taille
réduite des marchés nationaux,
Mémoire de Licence Par Prince TAFUTENI BITAKI
Pages 26
Intégration économique régionale et
dynamique de la croissance économique dans la sous-région de
la SADC : analyse en modèle des données de Panel de 1990 à
2013
stimuler la concurrence entre pays membres, mobiliser
davantage des ressources d'investissement, favoriser le partage de
connaissances et la mise en commun de certaines ressources (par exemple les
cours d'eau), promouvoir la paix et la sécurité, accroître
la capacité collective de négociation et la visibilité
dans les arènes internationales.
Mémoire de Licence Par Prince TAFUTENI BITAKI
Pages 27
Intégration économique régionale et
dynamique de la croissance économique dans la sous-région de
la SADC : analyse en modèle des données de Panel de 1990 à
2013
|