B. L'extinction de la responsabilité
pénale
On pourrait penser que l'article 323 C.P. prévoit un
fait justificatif. En effet, les faits justificatifs sont des circonstances
matérielles ou juridiques dont la réalisation enlève la
responsabilité pénale, et découlent de la volonté
expresse ou tacite du législateur64. Cette cause
d'irresponsabilité s'attache à l'acte qui est,
exceptionnellement, considéré comme licite65.
Dès lors, le fait justificatif tout comme l'immunité familiale,
est prévu par le législateur. Et de tous les deux, résulte
que l'auteur de l'acte n'encourt pas la sanction pénale.
60 Cs trois auteurs sont des juristes
pénalistes francais.
61 Cet article correspond à l'art. 323 du code
pénal camerounais.
62RAYMOND (C), Introduction à
l'étude du vol en droit belge et en droit français,
Bruxelles, Ets Emile
Bruylant, 1961, p. 163
63 Voir supra.
64GUILLIEN (R) et VINCENT (J), précité
p.268.
65PRADEL (J), Principes de droit criminel,
Paris, Editions Cujas, 1999, p. 142.
~~ohéita!aance en dtolt pénal cametowaaL :
étude de lajutL6ptude.nce. Page 26
Cependant, la disposition sus-évoquée ne fait
pas référence à un fait justificatif. En présence
d'un fait justificatif il n'y a absolument aucune infraction et la faute civile
est même exclue66. Alors qu'en cas d'immunité,
l'infraction est simplement réputée non commise et l'acte ne perd
pas son caractère délictueux. L'infraction est légalement
constituée ; il est seulement prévu que l'auteur ne pourra pas
être puni et ne sera tenu qu'aux réparations civiles. C'est ainsi
qu'en cas d'immunité, les faits peuvent servir de base à une
participation punissable alors que le fait justificatif quant à lui agit
sur l'existence même de l'infraction de façon qu'il ne
bénéficie pas seulement à l'auteur de l'acte, mais aussi
à ses complices et co-auteurs. Donc, contrairement à
l'immunité familiale qui bénéficient aux seuls parents,
époux et alliés, le fait justificatif constitue une cause
objective d'irresponsabilité et opère in
rem67; c'est-à-dire pour tous les individus pris dans la
même situation68.
66Encyclopédie Dalloz, Répertoire
de droit pénal et procédure pénale, « Vol
», par M. P. LUCAS DE LEYSSAC, no264.
67PRADEL (J), Droit pénal
général, Paris, Editions Cujas, 2000, p. 286.
68SOYER (J. C.), Droit pénal et
procédure pénale, 16è éd., Paris,
L.G.D.J., 2002, p. 104.
CHAPITRE II :
L'OBEISSANCE A L'AUTORITE LEGALE.
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étude de lajutL6ptude.nce. Page 27
La responsabilité pénale ne peut résulter
d'un acte accompli sur les ordres d'une autorité compétente
à laquelle l'obéissance est légitimement due69.
Ceci signifie que la seule personne à qui l'on doit obéissance
sans risque de voir sa responsabilité entamée est
l'autorité légale. On aurait pu donner à ce terme un sens
plus large : l'employeur et les parents ne sont-ils pas des autorités
reconnues par la loi ? Ce n'est pas cette interprétation qui a
été adoptée.
La notion d'autorité légale est perçue
par la jurisprudence de manière stricte : il ne s'agit pas d'une
quelconque autorité privée comme le père de famille ou
l'employeur, mais d'une autorité publique : militaire ou civile. Ainsi,
pour que l'obéissance à une autorité soit exempte de
poursuite pénale, il faut obligatoirement que celle-ci soit
légale c'est-à-dire investie par la loi (SECTION
I). Ce qui entraîne automatiquement le jeu des faits
justificatifs (SECTION II).
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