Chapitre 3 : La politique de gestion de risque
environnemental à Djibouti
Si le but général de ce projet de recherche est
lié à la question de la protection environnementale et du
développement durable, il est important donc dans ce deuxième
chapitre de mettre le projecteur sur la politique environnementale à
Djibouti notamment sur les milieux marins du pays.
3.1. Développement durable sur le littoral: un outil
classique de la politique environnementale
Membre signataire de nombreuses conventions régionales
et internationales pour la protection de la biodiversité, partenaire du
premier plan au niveau régional de l'UICN et PNUE, Djibouti a inclus,
lors de l'accession à l'indépendance en 1977, les principes du
développement durable dans sa constitution. Djibouti se voit toujours le
pionnier en matière de protection des ressources biologiques dans la
corne de l'Afrique. Plaque tournante du trafic portuaire et maritime, le
passé, le présent et le futur de ce petit pays de la Corne de
l'Afrique sont tous liés à la mer Le littoral est défini
comme une zone de transition à triple contact (océan - continent
- atmosphère), il est donc le siège d'intenses processus de
production, de transformations et d'échanges qui en font la principale
caractéristique de son dynamisme. L'économie maritime à
Djibouti génère 80% de la richesse du pays où les
côtes, notamment celles du golfe de Tadjourah, abritent désormais
aussi presque 70 % de la population. Par conséquent, les zones
côtières déjà occupées frôleront
l'asphyxie d'ici à une trentaine d'années, selon une estimation
des analystes (Jeune Afrique, 2011).
Permettre le développement sur les espaces littoraux et
marins d'un large éventail d'activités, tout en veillant à
leur coexistence harmonieuse, préserver ou restaurer la diversité
et les fonctionnalités de milieux et d'écosystème aussi
riches que variés, garantir la sécurité des personnes et
des biens sur des territoires fortement soumis au changement global dans un
contexte l'attractivité néanmoins croissante de son
économie tels sont les défis majeurs que le ministère
charge du développement durable et de l'environnement du pays. Il
cherche à relever tant bien que mal au travers des politiques publiques
qu'il conduit dans ce domaine (schémas n°2).
Respectueux du rapport BRUNDLAND2 et soucieux de
réconcilier l'économie, la société et
l'environnement, le ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de
l'environnement met en oeuvre sa politique de développement durable tout
en collaborant avec les autres ministres du domaine intéressés et
les associations privées et prometteuses de projets. Adopté en
juillet 2009, l'article 42 du code de l'environnement a pour objectif le
renforcement et l'encadrement d'une politique globale de l'environnement
fondée sur le concept de développement durable. Il vise aussi
à assurer l'exécution dans le cadre d'une législation
internationale reposant sur la capacité du pays en la matière.
La mise en place en 2007 par la commission nationale du
développement durable, la création d'un comité de gestion
du littoral en est le symbole de la détermination en matière de
gestion et de protection du littoral. Un outil de gouvernance et une directive
nécessaire salués par l'UICN qui démontrent l'action et
l'ambition du pays d'assurer durablement la protection de ses ressources
biologiques en particulier les ressources marines.
En 2013, le pays franchit un nouveau pas en matière de
politique de développement durable et de protection du biotope marin en
créant la première aire marine protégée dans les
eaux maritimes Djiboutiennes, une première dans le sud de la Mer Rouge
(carte n°1).
30
Carte n°1 : Les aires marines protégées du
golfe
31
Le comité national de gestion du littoral est une
sous-structure constituée avec des moyens financiers qui sont
très utiles à l'opérationnalisation du principe de
développement sur le littoral Djiboutien. La gestion
intégrée des activités économiques en particulier
celles du transport maritime et du tourisme dont il est question dans notre
projet de recherche sur les rivages du golfe de Tadjourah consiste à
tenir compte dans une approche globale des différents usages de l'espace
marin et côtier, à la fois fragile et convoité dans ce
contexte de l'industrialisation du littoral.
Schémas n° 3 : La ronde des acteurs du processus
« Gestion Intégrée des Zones
Côtières »
ACTEURS ECONOMIQUE
SOCIETE
SERVICE DE L'ETATS
CITOYENS
COMMUNAUTE LOCALE
SCIENTIFIQUE
OPERATEURS
MEDIAS
GESTIONNAIRES
Experts
ELUS
COLLECTIVITE, TERRIT
INSTITUTIONNELSSource : UINC, NAIROBI, 2004
ORG SUPRANATIONALE
ASSOCIATIONS
DECIDEURS
32
La gestion intégrée du littoral peut-être
définie comme un processus dynamique qui réunit les pouvoirs
publics et des sociétés civiles, scientifiques et des
décideurs d'intérêts publics ou privés en
vue de sa préparation et son exécution.
C'est une application au littoral du concept de
développement durable qui vise à prendre en compte et
à analyser dans toutes les politiques, les aspects sociaux,
économiques et environnementaux dans le souci d'assurer un
développement durable équilibré, solidaire et
partagé, pour les générations présentes et futures,
(MHUATE, 2012).
Le comité de gestion du littoral vise à
mettre en oeuvre sur le terrain un plan
d'action concret en faveur de la sauvegarde et même de la
restauration des milieux marins. Dans cet optique, la mesure des impacts
liés aux pressions anthropiques sur l'écosystème
à étudier est un exemple de l'un des travaux
scientifiques ou professionnels à faire sur le terrain. En
général, la gestion intégrée du littoral est un
processus qui a pour but de réussir autour d'un même
projet développement durable des acteurs aux
intérêts souvent divergents.
Une initiative nationale dont la mise en application sur le
terrain dépend généralement des moyens humains et
financiers, mais aussi de la politique d'action
concrète. Malheureusement, ce programme ministériel a
été tardivement mis en place après des années de
lancement des grands projets d'infrastructures dans le pays et
sur les littoraux du golfe. Par exemple entre 2002 à 2005, les travaux
de la construction du port du Doraleh, aujourd'hui, troisième
port africain a pris trois
33
années de préparation et d'échafaudage et
le rapport de pré-construction ou de rapport de faisabilité sur
l'environnement a été rédigé par le
département privé « division infrastructure » du
ministère de transport et l'équipement en 2008.
Ce rapport semble être incomplet et non fiable, vu de la
démesure et du gigantisme de ces travaux portuaires installés
à proximité immédiate de la première mangrove du
golfe de Tadjourah et la seconde du pays.
Principe et instrument-phare de la politique de
développement durable, la gestion intégrée du littoral
à Djibouti est remise en cause non seulement par le laxisme et le manque
d'action concrète sur le terrain, mais aussi par l'absence d'une
expertise en matière de politique des gestions des risques en
général.
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Tableau n°1 : récapitulatif de l'engagement
étatique sur la protection de l'environnement
Date
|
Lois et traités
|
Sujet et contenus
|
Mai 1982
|
Traité
|
Convention de Montégo bay
|
Janvier 1985
|
Loi n°137/AN/85
|
Répression des rejets interdits d'hydrocarbures pour les
navires battant pavillon djiboutien, en dehors des eaux territoriales
|
1987
|
Traité
|
Rapport Brundland
|
Septembre 192
|
Loi n°76-599
|
Prévention et à la répression de la
pollution marine par les opérations d'immersions effectuées par
les navires et les aéronefs et à la lutte contre la pollution
|
Septembre 1996
|
Loi n°113/AN/96
|
Ratification de la Convention sur la Diversité
Biologique
|
Aoute 1998
|
Traité
|
Convention sur la Diversité Biologique (BD
|
Novembre 1998
|
Traité
|
Adhésion au PERGSA
|
Février 2000
|
Loi n°186/AN/02/4ème L
|
Convention de Ramsar sur la zone humide
|
Mai 2000
|
Loi n°82/AN/06
|
Réorganisation du Ministère de l'Habitat, de
l'Urbanisme, de l'Environnement et de l'Aménagement du Territoire
|
Octobre 2000
|
Loi n°106/AN/04
|
Lancement de la Loi-cadre sur l'Environnement
|
Janvier 2001
|
décret n°2001-0011/PR
|
Définition de la procédure d'Etude d'Impact
environnementale à Djibouti
|
Mai 2001
|
décret n° 2001- 0098/PR/MHUEAT
|
Portant approbation de la Stratégie et Programme
|
35
|
|
d'Action National pour la Conservation de la Biodiversité
(ANCB)
|
Avril 2001
|
loi n°121/AN/01
|
Approbation du Plan d'Action National pour
l'Environnement 2001-2010
|
Novembre 2001
|
Loi n°137/AN/11/6ème L
|
Conservation de la
biodiversité marine et création des
réseaux d'aires marines protégées de la mer rouge et du
golfe d'Aden
|
Janvier 2002
|
loi n°149/AN/02
|
Approbation de l'orientation économique et sociale de la
République de Djibouti
|
Avril 2003
|
Loi n°10/AN/03
|
Convention des espèces migratrices sauvages
|
Avril 2003
|
Loi n°10/AN/03
|
Accord sur les oiseaux migrateurs d'Afrique-Eurasie
|
Décembre 2003
|
Loi n°39/AN/03
|
Ratification de la Convention de Stockholm sur les polluants
Organiques Persistants
|
Mars 2004
|
Loi n°45/AN/04
|
Ratification de la Convention de Rotterdam sur la
procédure de consentement préalable en connaissance de cause
applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux qui
font l'objet d'un commerce international
|
Mars 2004
|
Loi n°45/AN/04
|
Création des Aires Protégées Terrestres
et
|
36
|
|
Marines
|
Mia 2004
|
Décret n°2004
0092/PR/MHUEAT
|
Création d'une Commission Nationale pour le
Développement Durable ;
|
Novembre 2011
|
La loi n°138/AN/11
|
Protection de
l'environnement marin de la mer et du golfe d'Aden contre la
pollution due aux activités terrestres et maritimes
|
Source, Djilani YOUSSOUF, 2015, Univ-le havre
Figure 2 : Convention, protocole, conférence, sommets,
atelier régionaux et internationaux, lois, décret,
ministère spécialisé, l'engagement de Djibouti pour la
protection de l'environnement notamment littoral fut dès sa naissance en
1977, l'une des priorités du gouvernement dont l'action se confirme plus
ou moins se concrétise sur le terrain.
Schémas n°4, Schématique théorique du
Développement durable
Le rapport Brundtland en 1987 définit le
développement durable comme « un développement qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures.
37
Le développement durable doit être à la
fois économiquement efficace, socialement équitable et
écologiquement tolérable. Le social doit être un objectif,
l'économie un moyen et l'environnement une condition.2
Source : Internet, wikipédia, les Composants du
développement durable, 2010.
|