2.2. Analyse théorique des termes : transport
maritime et tourisme balnéaire entre interaction et concurrence
La mutation profonde de la conjoncture économique que
connait le pays depuis une dizaine d'années provoque des changements des
conditions de vie de la population, mais elle est aussi à l'origine de
conflits sectoriels dans l'économie nationale.
Le littoral golfe de Tadjourah qui accueille 80 % des
activités économiques industrielles du pays, le transport
maritime et le tourisme balnéaire en sont les deux secteurs
économiques les plus représentatifs et créateurs d'emploi.
Avec 16000 emplois en CDI et ses ports à vocation régionale, le
transport maritime caracole à la première place en matière
de la création d'emplois derrière l'éducation nationale et
la santé (Ministère de l'emploi et de finance). Du Ghoubet
à Obock en passant par Doraleh environs plus 2 000 navires de toute
taille voguent sur les eaux riches et tumultueuses du golfe de Tadjourah. La
bonne santé de l'économie portuaire, en particulier celle du
transport maritime, se manifeste par la création et la diversification
des emplois dans les autres secteurs de l'économie.
Dans le golfe de Tadjourah, le tourisme balnéaire jadis
inconnu dans le pays est un exemple illustratif d'un secteur économique
qui se crée et qui se développe petit à petit peu à
l'ombre du transport maritime. Sur cinq stations balnéaires que compte
le pays, le quatre sont situées sur les littoraux du golfe de Tadjourah
; de Denkalelo au fond du Ghoubet à Ambado en passant par la plage
d'Arta et les sables blancs l'activité se développe lentement.
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Aucun de ces sites balnéaires ne peut se
développer sans le transport maritime qui demeure officiellement pour
l'instant la seule locomotion pour les accéder (la Nation. dj, 2013).
Classiquement développé grâce à
l'essor de la navigation maritime à Djibouti comme ailleurs, le tourisme
balnéaire semble être étroitement lié le plus
souvent à ce moyen de transport. Les navires de croisière qui
sont aujourd'hui à l'image du développement et de la
modernisation de cette industrie touristique, une sorte de moyen de transport
dédié spécialement aux passagers de loisir.
Dans le golfe de Tadjourah, Les ports djiboutiens servent
régulièrement un point de passe obligé pour certains
navires de croisière en partance pour les Mascareignes (îles de
l'Océan Indien) et La Réunion. Des paquebots accostent et
mouillent tous les quatre mois sur le quai de l'ancien port de Djibouti, une
aubaine pour le secteur touristique et ses cadres. Les touristes
majoritairement européens sont orientés vers d'autres petits
sites balnéaires du pays ou vers les grands hôtels de la ville
(Présidence de Djibouti, 2012).
D'une manière ou d'une autre, le transport maritime
demeure la boule d'oxygène pour l'essor du tourisme littoral. Dans cette
même logique d'interaction sectorielle et en contrepartie, le tourisme
balnéaire participe lui aussi indirectement au développement
intense des activités portuaires dans ce petit golfe dans la mesure
où l'essor du transport maritime n'est pas seulement lié aux
constructions des nouveaux ports et au boom du trafic conteneurisé, mais
aussi à la mobilité des hommes et au trafic des passagers quels
que soient leurs profils (voyageur simple ou touristes) entre les deux rives du
golfe et les interactions reflètent la dynamique d'une économie
maritime à Djibouti,(ONTD, 2013).
Même si le secteur est en état embryonnaire, il
se développe au gré des saisons et les futurs projets du
développement d'infrastructures semblent grignoter la majeure partie du
littoral traditionnellement dominée par des complexes portuaires.
La négociation engagée de l'ONTD avec
l'autorité nationale de l'aviation civile pour le transport
aérien de touriste vers les stations balnéaires confirme que le
secteur du tourisme balnéaire coopère et s'investisse pour son
développement. La mise en place d'un nouvel équipement qui s'est
soldée par la création d'un terminal de croisière à
proximité de l'ancien port démontre systématiquement que
le transport
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maritime rentre aussi en concurrence voire en conflit d'usage
avec le tourisme balnéaire.
Entre complémentarité et concurrence
déloyale, deux grandes branches de l'économie maritime du pays
entretiennent une relation plus ou moins ambivalente, Ils participent
néanmoins à la transition socio-économique du pays avec
des conséquences environnementales parfois désastreuses que seul
l'État a la capacité de gérer en instaurer une
prévention grâce à sa politique
environnementale.1
1 Convention de Mgo bay, est une
convention internationale sur le droit de la mer qui a
été signée à Montego Bay en Jamaïque le 10
décembre 1982, il y a 30 ans.. Elle définit les espaces
maritimes, les droits et les devoirs des Etats dans ces espaces, notamment ceux
de la navigation et de l'exploitation des ressources. La convention
définit également les obligations en matière de protection
du milieu marin. Elle a permis de crée le tribunal international de la
mer dont le siège est à Hambourg.
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