Chapitre 3 : Tourisme littoral et environnemental dans
le golfe de Tadjourah
Dans les paysages côtiers et marins du golfe de
Tadjourah en mutation spatiale, un nouveau secteur de l'économie
maritime, s'accapare des espaces et se développe lentement. Le tourisme
de mer, prosaïquement appelé le tourisme de balnéaire,
devint une nouvelle activité économique rentable et
concurrentielle. Ce nouveau secteur s'impose comme une évidence et
embellit le futur horizon du développement local. Toutefois ce nouveau
phénomène encore embryonnaire dans le pays nourrit l'espoir chez
les promoteurs soucieux de le développer sur les rivages du golfe dans
l'esprit le plus capitaliste qu'écologique a priori.
3.1. Une émergence lente et difficile dans la
société djiboutienne
Classifier par les linguistes et les ethnologues comme une
famille de langues couchitiques orientales, les Afars et les Issas forment
aujourd'hui respectivement deux grands groupes ethniques de la
république de Djibouti.
Peuple de Pount « pays de dieux » dans
l'Égypte antique, leurs histoires plongent ses racines à la haute
Antiquité au temps de la IVeme dynastie du pharaon
Comme d'autres peuples nomades, la tradition séculaire
et pastorale, le nomadisme et la transhumance rythment le mode de vie depuis la
nuit des temps de ces peuples et guerriers et mythiques de la grande
vallée du rift.
Rivaux et belliqueux dans les pays voisins notamment en
Éthiopie, les Afars et les Issas vivent harmonieusement à
Djibouti grâce à la coexistence pacifique doper par leurs
sentiment d'appartenances à une seule nation. Dans cette
société nomade longtemps confinée dans les
arrière-pays arides, l'activité du tourisme de mer a connu une
émergence historiquement lente et difficile.
Pour des raisons diverses, ces peuples nomades tournent
tardivement vers la mer et ses ressources. En effet, il aurait fallu attendre
à la fin du XXeme siècle plus particulièrement
à partir des années 1980 pour que l'on puisse parler de
l'émergence
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de phénomène du tourisme de mer sur les rivages
de Djibouti qui se résumait à l'époque aux plages
Djibouti-ville la capitale d'un nouvel État en gestation.
L'idée et le rêve de l'introduction du tourisme
à Djibouti ne datent pas d'aujourd'hui et remonte bien avant
l'indépendance du pays en 1977. A cet effet, le gouvernement de
l'assemblée territoriale de la TFAI lance une initiative
pionnière pour la création en 1969 de l'office du tourisme de
Djibouti (ODT). Un document d'archives datant des années 1970 environ
relate « c'est en 1968 que l'idée de développer le tourisme
à Djibouti prit corps sous la forme d'une délibération de
la chambre des députés, réservant le meilleur terrain de
bord de mer de Djibouti à la construction d'un hôtel ». Comme
les activités portuaires générées par le port de
Djibouti, ce nouveau pays mise encore sur le développement de
l'économie maritime pour diversifier son économie fragile et
entièrement dépendante de l'aide extérieure.
Dans ce contexte que naît le rêve du
développement des activités balnéaires d'abord au tour de
la capitale ensuite dans d'autres sites du pays. En 1982, M. Aden Robleh Awaleh
alors ministre du commerce, du transport et du tourisme déclarait :
« Le tourisme est l'un des secteurs de notre économie pour lesquels
nous prévoyons une croissance considérable dans les années
à venir. Bien entendu, nous devons faire preuve de réalisme et
reconnaître nos limites. Djibouti ne sera jamais un but touristique en
soi, ne serait-ce parce que nous sommes un petit pays et qu'il y fait
extrêmement chaud à certaines époques de l'année.
Nous sommes situés sur des routes aériennes très
fréquentées comme celles qui vont aux Seychelles ou à
l'île Maurice et nous pouvons donc raisonnablement espérer devenir
un arrêt-séjour de courte durée pour les touristes qui les
empruntent ».
Une volonté politique encouragée et soutenue
dès les années 1980 par des promoteurs du tourisme de masse,
« un pays jeune, en plein développement ; de vastes
possibilités quant à la création d'une industrie
touristique moderne et rentable » souligne en 1986 l'un des responsables
de la chaîne hôtelière américaine.
Depuis son adhésion à l'organisation mondiale du
tourisme (OMT) en 1997, l'absence des infrastructures, le climat rude et
l'instabilité régionale n'empêchent pas la
République de Djibouti de se tourne peu à peu vers le
développement et la valorisation de ce potentiel touristique. L'ancien
office tourisme de Djibouti devenu,
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office national du tourisme à Djibouti (ONTD) et
demeure la pièce maîtresse de l'essor de cette industrie. «
Avant, je crois qu'il faut recentrer un peu. Jusqu'en 1999, le tourisme
djiboutien était un peu balbutiant, on naviguait à vue.
En 1999, le texte a été adopté et au
début des années 2000, nous disposons d'un plan
stratégique pour le développement du tourisme,
élaboré en collaboration avec l'Organisation mondiale du
tourisme, qui nous a envoyé des experts sur financement du PNUD.
Figure F : Mascotte de la publicité de l'ONTD
Source : Ministère de formation professionnelle et du
tourisme, 2013.
Ce plan cadre le futur développement touristique de la
République de Djibouti, et nous apporte des réponses
concrètes à des faits que nous connaissions, mais que cette
étude sérieuse a permis de préciser et de confirmer
», nous confie monsieur directeur Mohamed Abdillahi, WAIS
général de l'ONTD, dans notre interview.
Schémas n°6, tourisme, un nouveau secteur de gain de
pain
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Source : Djilani YOUSSOUF ALI, univ-le havre, 2016
Au de l'initiative du développement du tourisme,
souvent émanant des idées des politiciens et des promoteurs
étrangers, la fréquentation de mer par les Djiboutiens à
de fin touristique est un nouveau phénomène dans le pays.
Il existe plusieurs paramètres socio-économiques
et naturels sont à l'origine de cette « ruée » ou de
cette convergence massive vers les plages des grandes villes et des villages du
littoral durant les périodes estivales.
Quant, à la signification de la terminologie du vocable
« tourisme balnéaire », son usage ne guère
approprié et usé dans les langues maternelles du pays. En
revanche, il est fréquemment employé soit par les agences de
circuit touristique soit par ceux qui sont adaptés et travaillent dans
le secteur (étudiant, employé de l'hôtel, agent de voyages
etc.).
Désormais, le hasard du temps à fait que les
progénitures des guerriers nomades et farouches qui sillonnaient
autrefois la terre aride de la Corne de l'Afrique nagent en apnée avec
un groupe de requin-baleine au large du golfe de Tadjourah. C'est certainement
l'un des secrets envoutant d'une Afrique en constante évolution, bref,
actuellement, le tourisme balnéaire est à son début de
l'essor dans le pays
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notamment sur le rivage du golfe de Tadjourah (Henry de
MONFREID, le secret de la mer rouge, 1961).
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