Activités de reconstruction économique et sociale pour l'autonomisation de la femme à Bangui et ses environs.( Télécharger le fichier original )par Ulrich Martial Bienvenu SANDY Université de Bangui - Master 2 en Action Humanitaire et Développement 2015 |
II. PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONSII.1. Perspectives d'avenirLa RCA est un pays riche, à fort potentiel économique jusque-là encore inexploité. La période actuelle pourrait être bénéfique pour ce pays si on parvient à transformer la situation de période de crise telle que vécue depuis Décembre 2013 en une opportunité pour qu'il devienne véritablement un pays émergent. Il va falloir pour cela des ressources humaines efficaces, capables de transformer l'impossible en possible en se basant sur les principes du leadership transformationnel. Nombreuses femmes sont d'avis que la vie reprenne son cour normal et ont des réactions fascinantes avec un engagement ferme de pouvoir être en mesure de se relever des crises. La RCA était une économie exportatrice de produits agricoles, miniers et forestiers. L'économie est faiblement industrialisée avec quelques industries agro-alimentaires (Brasserie, Huilerie, sciage du bois, etc.). Le secteur primaire, notamment l'agriculture et l'élevage occupe l'essentiel des actifs avec plus de 70% de la population et contribue à plus de la moitié de la richesse nationale produite. Le secteur tertiaire, en particulier les services, vient en 2ème position avec des acteurs informels de plus en plus nombreux aussi bien à Bangui qu'à ses périphériques. Dans de nombreux pays en développement, notamment en Afrique et en Asie, les petits producteurs, dont la majorité sont des femmes, produisent 80 % des aliments consommés. Les petites exploitations agricoles familiales pourraient faire de l'agriculture un facteur clé de la croissance économique durable et de la réduction de la pauvreté. a. Population féminine, potentielle source de développement économique De manière générale, l'effectif des femmes (50,2%) constitue la plus importante proportion de la population. L'espérance de vie à la naissance est passée de 49 ans en 1988 à 47,7 ans en 2011 (DSRP 2) avec une meilleure amélioration chez les femmes. L'économie centrafricaine dispose plusieurs atouts à exploiter en vue d'amorcer une croissance économique bénéfique à l'ensemble de la population, notamment une réserve importante de terres propices à l'agriculture et à l'élevage, le secteur de service (commerces) peu développé. Dans cette économie paralysée, caractérisée par une faible offre de services publics, l'Etat reste malheureusement le principal acteur en termes d'offre d'emploi et de distribution de revenus. La mise en valeur de l'agriculture et de l'élevage constitue une réponse à la crise que connaît le pays et facilitera un accroissement économique du pays. Les activités agricoles couplées avec le renforcement des capacités de la femme sur les initiatives entrepreneuriales sont des pistes envisageables pour répondre aux besoins des communautés. b. L'effet des investissements sur l'économie des ménages et du pays Dans un contexte très volatil comme celui de la RCA, les activités de relèvement doivent viser, en plus d'assistance immédiate, un appui à la reconstruction économique et à la stabilisation des communautés sur le moyen et le long terme en contribuant à la fois à l'augmentation du revenu des ménages bénéficiaires et à l'amélioration de l'économie du pays en général. En effet, la RCA est un pays à une forte main-d'oeuvre agricole. Malheureusement, à la différence des pays développés qui ont une main-d'oeuvre agricole ne dépassant jamais 10% de la population active ; dans les services au dessus de 50% de la population active, la RCA collectionne au contraire tous les indices de la pauvreté avec une main d'oeuvre agricole représentant 78% de la population active, dans les services 5,2%, plus spécifiquement 4,5% dans le commerce. Cette situation résulte de la faiblesse des investissements publics et privés, de l'inexistence de l'esprit d'entreprise chez beaucoup de centrafricain (préférant le fonctionnariat au détriment de l'entrepreneuriat) et de l'absence de la logique d'accumulation de capital. C'est pour cette raison que WADANGALY I. et HEWATON A. ont proposé une stratégie dite stratégie « d'attaque frontale34(*) » qui consiste, selon eux, à investir simultanément sur plusieurs secteurs à la fois en considérant qu'un investissement dans : ü l'agriculture : produit une valeur ajoutée de coefficient un (1) ; ü l'industrie et les mines : de coefficient deux (2) ; ü les services : produit une valeur ajoutée de coefficient trois (3). C'est-à-dire que pour une somme d'argent investie dans les services, on obtient une valeur ajoutée de plus de trois (03) fois la somme investie. Un investissement dans l'agriculture (25%), l'élevage (25%) et le service/commerce (50%) contribue à l'amélioration des revenus des bénéficiaires et aura une incidence positive sur le PIB de la RCA dans les cinq prochaines années qui suivent le processus. Cela permet d'obtenir une population active comparable à celle des nouveaux pays industrialisés (N.P.I.), c'est-à-dire en chute dans l'agriculture et en hausse dans les services. c. Mécanisme de suivi et stratégie de pérennisation des activités d'appui au relèvement économique des femmes En matière d'offre de formation adaptée aux réalités centrafricaines, la structure de l'Etat qui intervient dans le domaine est l'ACFPE. En dehors de l'ACFPE, la majorité des interventions en entrepreneuriat se font en dehors de la réglementation et pour la plupart, par l'ignorance et une insuffisance du professionnalisme (absence de système de contrôle, de plan d'affaire, difficultés de la tenue des caisses, ...). Il n'existe pas de cadre de formation diplômante en entrepreneuriat ni en auto-emploi à l'Université de Bangui, ni au niveau de la chambre de commerce. Pour atteindre le but programmes de reconstruction et éviter que leurs acquis terminent en fin de projet, une approche globale et pluridisciplinaire est nécessaire. Il est question d'organiser des réunions d'information, de sensibilisation et de plaidoyer avec les autorités locales et les leaders communautaires lors desquelles il faut toujours revenir sur la notion de la participation communautaire. Ces acteurs sensibilisés serviront de personnes ressources pour l'identification des bénéficiaires dans le cadre du projet et seront toujours prêts à leur apporter tout appui nécessaire. L'identification des bénéficiaires se fera à travers l'implication des leaders communautaires, les responsables des organisations féminines et de jeunesse, les responsables des Koli et Walis Gara (pour les AGR). Les populations elles-mêmes doivent être impliquées durant tout le processus du projet. Pour le Cash For Work, il serait judicieux de travailler en partenariat avec une organisation locale partenaire par zone de Projet. Cette organisation dont les membres sont issus des communautés aideront dans l'identification des activités à faire en collaboration avec les autorités locales de leur circonscription. Les responsables de ces organisations feront un suivi externe pour l'avancement des travaux et rendent compte. Il est important aussi de mener une campagne de sensibilisation sur l'hygiène et l'assainissement le long des sites des travaux peu avant leur réalisation. Les activités d'appui à la formation professionnelle peuvent se faire en collaboration avec le Centre de formation de la Jeunesse Pionnière Nationale (JPN) à Bangui comme dans l'arrière-pays ou avec l'ACFPE qui a pour principale mission le renforcement des capacités des ressources humaines centrafricaines et leur insertion socio-professionnelle à travers quatre grands axes notamment : i. la gestion et la promotion de l'emploi ; ii. la promotion de la Formation Professionnelle ; iii. l'appui/conseil en entreprise et iv. le développement de la libre Entreprise. L' l'ACFPE dans le volet Appui à la création des PME et à la formation professionnelle. En plus de la formation qu'elle dispense et de son expertise prêtée pour la réalisation de ce volet, ACFPE continuera à suivre les entrepreneures à la fin du projet pendant les 5 premières années d'exercice. L'ACFPE dispose à cet effet un fond de garantie de crédit à la création des PME dans les Etablissements de Microfinance de la place. * 34 WADANGALY I. et HEWATON Alexandre, 2003 « Quelle stratégie pour le décollage socio-économique de la RCA ? », Investir au coeur de l'Afrique N° 001 Août 2003, p. 9. |
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