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Les tensions entre l'union africaine et la cour pénale internationale à  l'occasion de la poursuite des chefs d'état africains

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par Stephanie Laure Anguezomo Ella
Université de Limoges - Master 2 2015
  

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Chapitre II : L'allégation de poursuites sélectives

En sus d'être accusée d'être discriminatoire par les dirigeants africains, l'UA fait grief à la Cour d'opérer une « sélection des cas » à poursuivre, parfois motivée par des considérations plus politiques que juridiques. Cette « sélection des cas », expression employée très souvent par les autorités de l'Union, suppose que le Procureur dans sa politique de poursuite choisisse les « cas » et donc les personnes à l'encontre desquelles la justice internationale va s'appliquer. A noter qu'à la différence de la première accusation portant sur l'exclusivité de sa compétence en Afrique, le Procureur va ici au sein d'une même affaire ou d'une même situation, le cas échéant africaine, décider de ne poursuivre que certaines personnes et pas d'autres. Cela peut être aussi bien un camp plutôt qu'une autre. Il ne s'agit donc plus de traitement inégal par rapport au continent africain mais par rapport aux responsables d'exactions. La question que l'on se pose est de savoir si ce choix des personnes à poursuivre est guidé par des motivations politiques comme le prétendent les dirigeants africains par

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le biais de l'UA ? Dans cette optique, l'on peut s'apercevoir qu'au sein du même affaire ayant à l'évidence plusieurs accusés, la CPI va choisir de ne réprimer que les actes commis par certains et pas ceux commis par d'autres. Il ne sera dorénavant plus question de préférer une affaire africaine à une affaire non africaine même lorsqu'elles pourraient découler d'une même situation mais d'opérer un choix de la personne à poursuivre en raison de facteurs politiques. C'est en cela que cette sélection fondée sur des bases juridiques devient biaisée.

L'objet de ce chapitre nous permettra de comprendre les enjeux et impacts de ce phénomène de sélection et les intentions de l'UA dans ce qu'on pourrait qualifier d'expression juridique de revendications politiques. Pour ce faire, nous verrons les interférences politiques dans le choix des poursuites (Section I) et l'immixtion du Conseil de sécurité dans ce choix (Section II).

Section I/- Les interférences politiques dans le choix des poursuites

Partant du postulat que nul n'est au-dessus de la loi, la justice vise aussi bien le perdant que le vainqueur mais dès lors que les vainqueurs utilisent le pouvoir pour contourner cette justice, elle perd de sa valeur et par ricochet de son impact sur la communauté affectée. Par transposition, ce raisonnement qui devrait en théorie s'appliquer aux États faibles comme aux États puissants, souffre en pratique de l'interférence du rapport de force entre les États pour assujettir les uns à la justice et pas les autres. Il y a en effet une interaction évidente entre le droit (la justice) et la politique car pour que la répression pénale nationale ou internationale soit déclenchée, il faut nécessairement une volonté politique. L'absence de celle-ci conduit à une inertie, un blocage dans la mise en oeuvre des mécanismes de répression46. Cette dimension politique est omniprésente et nécessite de procéder au préalable à une analyse pour s'assurer que des facteurs politiques ne feront pas avancer, retarder ou empêcher la répression. On en conclut que le juridique ne se suffit pas à lui-même, il y a toujours des données politiques qui entrent en jeu. L'une des critiques les plus vives de l'UA est celle de la politisation de la justice par la CPI dans le choix des poursuites.

Conséquemment, certains affirment que l'intervention de la CPI n'est pas toujours fortuite mais incitée par des pressions politiques et plus exactement des pays puissants comme les États-Unis et la France (les plus cités). Dans ce cas, l'on dira que « lorsque la politique fait son entrée, la justice s'enfuit par la fenêtre » puisqu'en tout état de cause pour la CPI il semblerait qu'il ne s'agisse plus

46Francisco. DJEDRO MELEDJE, Séminaire sur la Justice Pénale Internationale: Droit pénal interafricain, du 19 au 20 octobre, Université de Limoges

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concrètement de rendre justice mais d'agir en respectant un agenda politique face auquel elle est impuissante.

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