Paragraphe II) L'amélioration de la
coopération avec les États africains
La coopération est l'élément crucial de
l'efficacité des procédures devant la Cour. Sans la
coopération des États ne peut correctement fonctionner. En effet,
la CPI est une institution sans police au point de dépendre des
États pour les enquêtes, l'arrestation et la remise des
accusés etc.
A l'origine, les États africains ont
démontré leur acceptation de la justice pénale
internationale par une coopération sans faille avec la Cour dans les
affaires renvoyées par certains États africains. De plus, les
États africains ont en parti coopérer à l'extradition de
GBAGBO et BLE GOUDE à la CPI, car s'ils s'y étaient
opposés comme ils le font actuellement pour le président EL
BECHIR. Ils étaient plus dévoués et plus disponible
à intégrer la JPI en Afrique. Mais au fil du temps, cette
coopération même sélective dans certains cas, s'est
dégradée en raison du fait que les États africains se sont
rendus compte que la justice pénale internationale ne fonctionne que
dans un sens. A l'heure actuelle, les rapports entre la CPI et l'UA sont tels
les États africains ont décidé par le biais de l'UA de ne
plus coopérer avec celle-ci malgré leur obligation légale
de le faire en vertu du Statut. L'exemple du Président El Béchir
illustre parfaitement cette difficulté de coopération.
Au regard des décisions prises par l'UA, la CPI par la
création d'un groupe africain indépendant souhaite renforcer
cette coopération jadis totale avec les États africains car sans
celle-ci, son action judiciaire serait inefficace. D'ailleurs c'est ce manque
de coopération qui a conduit au retrait des charges contre le
président en exercice Uhuru KENYATTA et son vice-président car
les États n'étaient pas disposés à permettre des
enquêtes ou à la protection des témoins si bien que dans
cette affaire certains témoins ont soit disparus ou se sont
miraculeusement désistés. En abandonnant ces affaires
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fautes de preuves, la procureure avait non seulement
dénoncé de « vastes initiatives concertées pour
harceler, intimider et menacer les témoins155», elle
avait également noté la présence de nombreux obstacles
à ses enquêtes. Concernant le procès de William RUTO par
exemple, un témoin très important pour la défense à
savoir Meshack YEBEI, homme d'affaires kenyan a été
assassiné. Le problème de subordination des témoins et du
manque de coopération des autorités kenyanes a montré la
faiblesse de la Cour dans le déroulement de ces affaires. D'ailleurs le
président de la FIDH, Karim LAHIDJI eut à déclarer que
:
« Nous déplorons que les pressions sans
précédent exercées contre des témoins importants de
l'accusation aient joué le rôle significatif dans le manque de
preuves suffisantes apportées pour étayer les charges à
l'encontre des accusés. L'impunité persistante au Kenya l'emporte
sur l'établissement des responsabilités et continue à
passer sous silence les victimes (...) des violences post
électorales156
».
L'UA devrait également contribuer à consolider
les liens entre la CPI et l'Afrique car cette institution est nécessaire
pour assurer la paix en Afrique. En tant qu'organisation panafricaine,
même si sa démarche dans le fond est légitime, dans la
forme celle-ci n'a pas la même résonance. Elle devrait au
contraire trouver des moyens plus appropriés pour renforcer plus
efficacement les instances nationales pour que comme le souhaite les
États africains, la CPI cesse de s'occuper de l'Afrique. Par ce
renforcement des capacités des instances nationales, passe la
coopération entre la CPI et les États africains car si les
États pouvaient et voulaient juger les auteurs de crimes, il est
évident que l'état actuel des choses serait différent.
Cependant, la création d'une CAJDH ne signifie pas un obstacle à
la coopération entre l'Afrique et la CPI puisse que celle-ci travaillera
en complémentarité avec une institution régionale qui sera
pourvue de la pleine coopération des États.
En plus de ce choix louable du renforcement des
capacités des tribunaux africains, il est indispensable à l'heure
actuelle que la CPI élargisse la portée de son action
judiciaire.
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