2.2. Causes de la
vulnérabilité à l'insécurité alimentaire et
nutritionnelle
La vulnérabilité des nigériens à
l'insécurité alimentaire trouve ses origines dans les
déficits céréaliers et fourragers enregistrés
régulièrement depuis quelques décennies, les comportements
alimentaires inappropriés et dans la pauvreté structurelle de
certains groupes sociaux.
2.2.1 Déficit
céréalier au moins une année sur deux
Le Niger, qui était autosuffisant en denrées
alimentaires et même exportateur de céréales jusqu'à
la fin des années soixante, est devenu fortement déficitaire. Le
pays est passé d'une situation excédentaire en
céréales dans les années 60 (+21-49 kg/habitant) à
une situation structurellement déficitaire au cours de la
décennie 90 (-19 kg/habitant entre 93 et 962 à -40 kg entre
86-903). Pour la décennie 90, au moins une année sur deux, le
Niger a été déficitaire. La situation ne s'est
guère améliorée au cours de la première
décennie du nouveau millénaire. En dix ans, le Niger a
enregistré3 années où la production nationale disponible
ne couvre pas les besoins des populations : -30 kg/hbt en 2000-2001, -40 kg/hbt
en 2004-2005 et -28 kg/hbt en 2009-2010. L'année 2009-2010 a
été particulièrement dramatique pour près d'une
personne sur deux (47,7%) qui était dans une situation
d'incapacité à s'assurer une alimentation suffisante et de
qualité tous les jours. En fait, en 50 années
d'Indépendance, le Niger a enregistré une année
déficitaire sur deux. Tous les déficits céréaliers
ne se traduisent pas, heureusement, par des crises alimentaires graves, comme
celles enregistrées en 2005 et en 2010. Toutefois, il est important de
faire remarquer que même dans les années de production
équilibrée ou excédentaire, une frange importante de la
population se trouve dans une situation d'insécurité alimentaire
plus ou moins sévère. Environ 6 ménages sur 10 ne peuvent
couvrir leurs besoins alimentaires que pour 3 mois. L'insécurité
alimentaire et nutritionnelle chronique annuelle touche 11 à 25% de
nigériens.
2.2.2 Production
fourragère pas toujours suffisante
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L'insuffisance de la production fourragère affecte
toutes les régions du pays tout en entraînant des mouvements de
transhumances vers les zones de pâturages. L'analyse de la dynamique
pastorale révèle également que l'absence de pluies conduit
au tarissement rapide des points d'eau limitant l'accès à l'eau
du cheptel. Les causes fondamentales de l'insécurité alimentaire
du cheptel sont : une insuffisance qualitative et quantitative des aliments
pour bétail, une insécurité foncière, un coût
de production et d'acquisition des intrants élevé, une
insuffisance du système d'abreuvement et une difficulté
d'accès aux sous-produits agro-industriels et aux sous-produits
agricoles. Pour les ménages vivant des sous-produits de
l'élevage, la vulnérabilité est encore plus grande, les
années où le déficit céréalier est
doublé d'un déficit fourrager. Le cheptel et les populations des
zones pastorales ont été particulièrement affectés
par les grandes crises alimentaires des années 1969-73, 1984 et celles
plus récentes de 2005, 2010 et 2012. En 2011, la production
fourragère a enregistré un déficit de plus de 10 millions
tonnes de matières sèches soit 50 % des besoins du cheptel
national séjournant dans le pays.
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