2.5.2. Exode
rural
L'exode rural, se définit comme étant un
phénomène de migration des populations rurales vers les villes.
Il s'agit de l'une des conséquences de la pauvreté et de la crise
agricole qui sévissent en milieu rural. Etant à l'origine d'une
urbanisation poussée dans le pays, ce phénomène a un grand
impact sur le cadre de vie des haïtiens et l'environnement en
matière de consommation de ressources naturelles et de production de
déchet (Angrand, 2011).
Dans le contexte actuel du phénomène, la
majorité des migrants cherchent à s'établir dans la
capitale haïtienne. Ils recherchent fondamentalement une meilleure
éducation et des opportunités de travail. Dans les quartiers
populaires de Port-au-Prince, au moins 72 % des personnes seraient des migrants
et 70 % d'entre eux d'origine paysanne. Les flux migratoires vers les milieux
urbains, notamment à la capitale, se sont intensifiés durant les
années 70. Le courant migratoire, de loin le plus important à
cette époque, est celui du Sud vers l'Ouest. Il représentait
presque autant de personnes que le total des autres destinations. En une
génération, le Sud a perdu 10 % de sa population en direction de
l'Ouest. En 1982, environ 815 800 personnes, soit 16.14 % du total de la
population haïtienne à l'époque, avaient été
recensées dans un lieu différent de celui de leur lieu de
naissance. C'est ainsi qu'annuellement plus de vingt mille personnes
laissent leur milieu natal pour s'acheminer vers Port-au-Prince (Eliccel,
2002).
La migration se fait parfois en deux grandes étapes.
D'abord les gens transitent dans les grandes villes comme Cayes, Cap-Haitien,
et Gonaïves, ensuite se débarquent à Port-au-Prince. Une
fois arrivés, ils se dirigent vers des parents ou des proches en
attendant leur installation définitive dans l'un des bidonvilles de la
place qui se trouvent pour certains d'entre eux directement sur le littoral.
Dans certains cas, les nouveaux migrants se font accompagner également
de quelques membres de leur famille venant encore de la province pour
constituer des ménages de très grande taille. C'est ainsi que
l'aire métropolitaine de Port-au-Prince voit son taux d'urbanisation
passé de 52.3 % en 1971 à 64.2 % en l'an 2000 avec des gens en
provenance des différents départements géographiques du
pays comme la Grand'Anse, le sud, et le reste de l'ouest qui ont fourni
respectivement 22.81 %, 19.02 %, 16.60 % des migrants à la population
métropolitaine (Paul, 2000) cité par (Angrand, 2011).
Selon Eliccel (2002), la zone métropolitaine connait
ses plus grandes étapes de bidonvilisations surtout à partir des
trois importantes vagues migratoires :
Ø L'instauration des travaux de bicentenaire en 1949
qui attirait des visiteurs paysans et qui, pour la plupart, ne sont pas
retournés en province ;
Ø Les gens qui devaient venir à Port-au-Prince
pour fêter les 22 septembres de chaque année de 1957 à
1970 ;
Ø La dernière et la plus importante vague
migratoire s'opère à partir de l'installation à
Port-au-Prince des industries de sous-traitance au cours des années 70
qui offrent des salaires plus intéressants, alors que le secteur
agricole faisait face à de sérieux problèmes.
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