I.2 Caractéristiques et
indicateurs d'attractivité territoriale
L'attractivité d'un territoire étant
généralement assimilée à la capacité de ce
territoire à attirer et à retenir les facteurs mobiles de
production et/ou la population. Nous définirons ainsi que cette
attractivité comme la capacité d'un territoire à
être choisi par un acteur comme zone de localisation (temporaire ou
durable) pour tout ou une partie de ses activités. Cette
définition fait apparaitre un problème concret, c'est celui des
caractéristiques et de la mesure de l'attractivité. Nous
analyserons ici, les caractéristiques et les différents
indicateurs de mesures de l'attractivité territoriale.
I.2.1 Les
caractéristiques de l'attractivité d'un territoire
Les acteurs soumis à l'attraction des territoires,
ainsi que les facteurs auxquels ils sont sensibles seront successivement
examinés.
I.2.2. Les acteurs soumis
à l'attraction des territoires
Deux types d'acteurs sont susceptibles d'être
attirés par un territoire : les personnes physiques
résidentes et les responsables ou équipes dirigeantes des
organisations (entreprises, administrations, institutions de types association
ou organisation non gouvernementale, etc...) qui investissent dans le
territoire et y créent des emplois.
i. L'attraction d'un
territoire sur les personnes physiques
L'attraction d'un territoire sur les personnes physiques (les
ménages et les individus) se traduit par une localisation temporelle et
résidentielle. La localisation d'un ménage correspond à
une installation temporaire ou définitive ; dans ce dernier cas, le
ménage, ou les individus, y installent leurs résidences
principales.
Pour ce qui est de l'installation temporaire, exceptionnelle
ou régulière, elle concerne généralement des
franges "typées" de la population : touristes, étudiants,
personnes en stages ou toute personne séjournant plusieurs jours sur un
territoire et qui y dispose d'un logement. Pour distinguer une installation
temporaire d'une installation durable (considérée quelquefois
comme définitive), on retient, comme en comptabilité nationale,
un critère de durée, habituellement un an. L'activité
économique de certaines villes dépend étroitement de ce
type de population ; c'est le cas des villes universitaires qui accueillent une
importante population étudiante. L'installation temporaire peut avoir
un caractère exceptionnel ou régulier ; les séjours, dans
un territoire, auront souvent un caractère exceptionnel pour les
touristes.
Cependant, l'installation aura un caractère durable si
le ménage demeure pendant plus d'un an dans son logement. On peut donc
dire que le territoire a donc un caractère uniquement
résidentiel, si le ménage n'y possède que son lieu de
résidence, le lieu de travail étant situé sur un autre
territoire, par exemple une autre commune.
Une personne se trouve en situation de localisation temporaire
lorsqu'elle ne dispose pas de logement dans le territoire
considéré. Les motifs de ce séjour temporaire sont
variés : acheter des biens ou des services, se promener en
bénéficiant des aménités du site, travailler ...
Une localisation a un caractère régulier ou exceptionnel. Les
séjours auront le plus souvent un caractère régulier
lorsqu'il y a une grande proximité géographique entre le
territoire d'accueil temporaire et le territoire où est situé le
logement. Les localisations pour le travail ont un degré
élevé de régularité. En revanche, les visites
touristiques, comme pour les installations temporaires, ont un caractère
irrégulier, voire exceptionnel.
Cette analyse des installations temporaires ou durables,
nous amène à évoquer une nouvelle forme d'économie
: l'économie résidentielle ou présentielle. Une
économie résidentielle représente,
généralement, une économie qui dépend de la
présence, sur ce territoire, de personnes disposant de revenus qui ont
été générés en dehors de ce territoire. Il
s'agit principalement des résidents, qui travaillent sur un autre
territoire, des personnes retraitées et des touristes. Il faut y
adjoindre l'ensemble des personnes qui bénéficient de transferts
sociaux. Ces personnes, présentes sur le territoire, mais qui n'y
travaillent pas, contribuent, par leur consommation, au développement de
l'économie locale et à la création d'emplois, notamment
dans le domaine de la distribution et des services. L'économie de
nombreux territoires est uniquement une économie résidentielle,
car les activités de production, destinées à vendre en
dehors de ce territoire des biens ou des services, sont très faibles
ii. Attraction des
territoires sur les investisseurs
Deux cas de figures caractérisent l'attraction des
territoires sur les investisseurs ; l'attraction s'exerce sur des entreprises
déjà implantées, qui agrandissent leurs
établissements ou en créent de nouveaux, ou sur des entreprises
extérieures au territoire. Les emplois créés ont un
caractère basique ou non basique. Les emplois basiques correspondent aux
unités qui produisent des biens et des services destinés à
l'exportation, c'est-à-dire à la vente de biens et de services
hors du territoire. Dans la mesure où ces emplois augmentent le volume
de la population résidente, des emplois non basiques seront
créés, principalement de services, destinés à
satisfaire les besoins de la population locale. On fait ainsi apparaître
un multiplicateur d'emplois ; la création d'emplois basiques est alors
à l'origine d'une chaîne de création d'emplois non
basiques, dont le volume augmente progressivement. Il y a création
massive d'emplois non basiques, quand, sur un territoire, il y a eu un afflux
de retraités ou de personnes dont les revenus sont versés en
dehors de ce territoire. Les emplois à caractère basique et non
basique appartiennent au secteur de production de biens et de services, mais
aussi aux administrations publiques ou aux diverses institutions, comme les
associations, classées en comptabilité nationale dans le secteur
des institutions sans but lucratif au service des ménages. Les emplois
créés dans l'administration sont susceptibles de fournir des
services à l'ensemble des autres zones de la région, ou
même au niveau national ; ces emplois basiques auront, comme les emplois
industriels de cette nature, un effet d'entraînement sur le processus de
création d'emplois sur le territoire.
I.2.3. Les facteurs de
l'attractivité d'un territoire
Les facteurs d'attractivité d'un territoire concernent,
d'une part, l'ensemble des ménages ou des groupes spécifiques de
ménages et, d'autre part, les investisseurs lorsqu'ils veulent
implanter, ou développer, leurs activités sur un territoire.
i. Les facteurs de
l'attraction sur les ménages
Un territoire, comme une ville par exemple, sera d'autant plus
attractif pour les individus qu'il permet à ces derniers de
bénéficier de plus fortes capacités (ou
capabilités) au sens d'Amartya Sen (2000). Il s'agit, selon cet auteur,
de la capacité d'être (liberté de se nourrir, de se
vêtir, de se loger, d'être en mesure d'échapper aux maladies
évitables etc.) et de la capacité d'agir (liberté de se
déplacer, d'accéder à l'éducation, d'accéder
au marché du travail, de bénéficier de loisirs ou de
participer à la vie sociale et politique etc.) Il ne convient pas
d'assimiler les capacités d'être et d'agir avec les consommations
ou les investissements effectués par les individus (achat de nourriture,
dépenses de logement, dépenses en services de loisirs etc.). Pour
Sen, ce qui importe, c'est la capacité, ou la liberté
réelle, de l'individu de mener une activité donnée. En
fonction des ressources dont il dispose, l'individu choisit entre les diverses
combinaisons d'activités (de fonctionnements selon les termes d'A. Sen,
2000, Op.cit.) Qu'il est capable de réaliser. Le territoire, notamment
la ville, joue un rôle essentiel dans le processus de conversion des
ressources individuelles (ressources financières, intellectuelles,
relationnelles, humaines) en libertés réelles d'être et
d'agir. Le territoire apporte des ressources complémentaires à
l'ensemble des ménages sous forme d'aides, d'espaces urbains à
caractère récréatif, comme les parcs ou les zones de
loisir, de richesses culturelles accessibles gratuitement ou à un prix
réduit, de formations professionnelles ou d'activités culturelles
librement accessibles.
De nombreux classements de villes ou de territoires font
explicitement référence à cette théorie des
capacités d'A. Sen, ou de façon implicite ; pour
apprécier les facteurs d'attractivité du territoire. Les
indicateurs retenus sont, pour certains, des indicateurs de consommation. Les
auteurs de ces analyses supposent, implicitement, qu'une forte consommation
d'un produit ou d'un service donné reflètent une offre importante
en volume et en variété et que, par conséquent, les
résidents disposent de capacités élevées
d'être et d'agir. La capacité d'être correspondrait
principalement sur un territoire à celle de se loger aisément, de
se maintenir en bonne santé et d'échapper aux maladies
évitables, de bénéficier de la sécurité et
d'un cadre de vie agréable. La capacité d'agir rassemblerait les
capacités à se déplacer à travers le territoire,
à accéder à l'éducation, au marché du
travail et à des loisirs variés.
Avoir la liberté d'être et d'agir implique la
liberté de choisir entre plusieurs alternatives différentes. Cela
comprend le processus de choix lui-même et les possibilités
disponibles, c'est-à-dire les options différentes offertes
à l'individu. Un territoire devrait offrir à ses habitants la
possibilité de se loger à un prix abordable et de choisir dans
une large gamme de logements disponibles afin qu'ils puissent obtenir
l'appartement ou la maison individuelle qui convient le mieux à leurs
besoins. Se maintenir en bonne santé et échapper aux maladies
évitables supposent que le territoire bénéficie d'un
environnement non pollué et offre aussi un système sanitaire,
constitué d'hôpitaux et de cliniques, efficace. Un taux d'actions
malveillantes (par rapport à la population locale) contre les biens et
les personnes caractérise le degré de sécurité
offert par le territoire et par conséquent le sentiment de
sécurité ressenti par ses habitants. La cadre de vie est
appréciable de façons très diverses :
bénéficier d'un climat agréable, d'un ensemble
architectural et de monuments historiques etc.
La principale capacité d'agir, qui conditionne toutes
les autres sur un territoire, est sans doute la liberté de se
déplacer aisément d'un point à l'autre de ce territoire,
ce qui suppose l'existence d'un système de transport performant.
À cet égard, des zones rurales, connaissent un certain isolement,
limitant fortement la liberté, pour leurs habitants, de profiter des
mêmes opportunités que les citadins. La liberté
d'accéder à l'éducation est d'autant plus grande que le
système scolaire et universitaire est plus développé et
offre aux élèves et aux étudiants un large éventail
de filières. La liberté d'accéder au marché du
travail dépend de nombreux facteurs : le nombre et la qualité des
emplois proposés, ainsi que le degré de concurrence entre les
demandeurs d'emploi. La qualité des emplois peut être
appréhendée par la proportion d'emplois à durée
indéterminée occupés par les actifs, par la proportion
d'emplois précaires (indicateur inverse de la qualité de
l'emploi), ou par la proportion d'emplois qualifiés du territoire. Quant
à la liberté de bénéficier de loisirs, elle est
liée à la variété de l'offre du territoire dans ce
domaine : loisirs sportifs, activités culturelles etc.
Un territoire, véritablement attractif, offrira
à ses résidents de plus grandes libertés que les autres,
ce qui contribue à retenir la population et à attirer les
habitants des autres territoires. L'attractivité d'un territoire varie,
toutefois, d'un groupe à l'autre de la population. Des catégories
de ménages, qui recherchent des maisons individuelles, par exemple,
seront très sensibles à la proportion de maisons individuelles
disponibles dans l'habitat total. Avoir la liberté d'acquérir,
dans des conditions relativement avantageuses, une maison individuelle
deviendra, pour ces ménages, le seul facteur d'attractivité. Par
ailleurs, des ménages, qui souhaiteraient s'implanter durablement sur un
territoire, seront sensibles à tous les facteurs agissant sur leurs
capacités actuelles et futures.
ii. Les facteurs de
l'attraction sur les investisseurs
L'attraction sur les investisseurs est la capacité d'un
territoire à leur offrir des conditions d'implantation de leurs
activités, les incitants à se localiser sur ce territoire. Cette
attractivité dépend de trois facteurs principalement : les
caractéristiques de la demande des entreprises soucieuses de
développer leurs projets, les caractéristiques du territoire
lui-même et l'intensité de la concurrence entre les
territoires.
L'ensemble des critères économiques et sociaux
est pris en compte si les investisseurs envisagent de créer un nouveau
circuit de distribution. Au contraire, l'implantation d'un laboratoire par
exemple, exige une main-d'oeuvre spécialisée qui n'est pas
disponible sur tous les territoires. La présence, au sein d'un
territoire, de professionnels aux connaissances spécifiques, ou de
cabinets d'experts, est primordiale dans le choix de la localisation du
laboratoire. Plus les exigences techniques des entreprises sont
«pointues», plus le choix devra s'opérer entre un petit nombre
de territoires, souvent éloignés géographiquement les uns
des autres.
Les facteurs susceptibles d'attirer les entreprises sont
nombreux : coût et qualification de la main-d'oeuvre, infrastructure de
transport ou de télécommunication, services aux entreprises
disponibles, fournisseurs potentiels, marché suffisamment large, si
l'entreprise n'exporte pas sa production en dehors du territoire (en cas
notamment, de prestations de services). Aucune entreprise ne se limite à
prendre en considération un facteur unique quand il s'agit de
déterminer un lieu d'implantation. Si elle recherche des coûts de
main-d'oeuvre faibles, elle ne peut pas, cependant, se dispenser
d'infrastructures suffisamment efficaces, de certains services aux entreprises
et même de certains fournisseurs.
L'attraction d'un territoire sur les entreprises ne
dépend pas uniquement de facteurs techniques, liés aux conditions
de production et à la demande des marchés locaux. Une entreprise
a parfois besoin de main-d'oeuvre qualifiée qu'il lui faudra attirer, en
provenance d'autres territoires. Les ménages, souhaitant s'installer
définitivement dans un nouveau territoire, seront très sensibles
aux ressources offertes par ce dernier et aux libertés d'être et
d'agir. Ainsi, un lycée international par exemple pour lui, est un atout
essentiel pour un territoire dont les responsables souhaiteraient attirer des
investisseurs étrangers
I.2.4. Approches et
indicateurs de l'attractivité territoriale
Nous présenterons d'un part, les grandes
catégories d'approches telles qu'identifiées par Fabrice Hatem
(2004), ensuite les différents indices permettant de percevoir le niveau
d'attractivité des pays.
i. La différente
approche de l'attractivité territoriale
En partant d'une définition simple du concept
d'attractivité territoriale, à savoir :
« capacité d'un territoire à une période
donnée, à attirer les investissements, facteurs de production et
les activités économiques ». Hatem (2004) identifie
ainsi cinq catégories d'approches pour appréhender ce concept.
L'approche
« macro » par les indicateurs globaux
Cette approche vise à identifier les
déterminants globaux expliquant la plus ou moins bonne
attractivité « moyenne » du territoire considéré
(en général un pays ou une grande région) pour l'ensemble
des investissements internationaux, c'est-à-dire sa capacité
à attirer une part de ces investissements plus importante que d'autres
territoires. Cette approche peut être considérée comme une
descendante de la théorie du commerce international, dans une vision
où l'hypothèse de fixité du capital productif est
levée. Il s'agit désormais d'expliquer, non plus seulement les
conditions de spécialisation des territoires dans certaines productions,
à dotations données en facteurs fixes, et donc une certaine
configuration de leur commerce international, mais, plus en amont, les
déterminants de la localisation d'un facteur de production mobile : le
capital. C'est ce passage d'une problématique de spécialisation
« à facteurs fixes » vers une problématique d'accueil
d'un facteur mobile (le capital productif) qui légitime ici l'apparition
de la notion d'attractivité territoriale, en complément de celle
de compétitivité. Il apparaît bien cependant que les deux
notions sont étroitement liées, l'attractivité ne
constituant en fait que l'une des étapes (accueil des facteurs de
production) de la dynamique de construction de la compétitivité
territoriale. Cette approche a donné lieu à plusieurs
catégories de travaux distincts : des approches
économétriques, des approches par enquêtes d'opinion
auprès des investisseurs et enfin, la réalisation des
« baromètres » ou indicateurs d'attractivité
ou de la compétitivité par
différents instituts.
L'approche « méso » par
les effets d'agglomération ou clusters
Il s'agit ici de comprendre pourquoi une catégorie
spécifique d'activités (secteur, fonction) sera davantage
attirée par une zone particulière (de niveau en
général régional ou infrarégional). Le fondement
théorique de cette approche remonte jusqu'aux travaux d'Alfred Marshall
(1890). Originellement, ce courant d'analyse n'est pas focalisé sur la
question des investissements étrangers, ni même sur celle de la
localisation du capital productif considéré comme un facteur
mobile, mais plutôt sur l'analyse des dynamiques locales permettant
l'émergence endogène d'un pôle de production et de
compétitivité. Ce cadre d'analyse peut cependant être
élargi de manière relativement aisée à la prise en
compte des comportements de localisation du capital productif.
Cette approche a donné lieu à des
développements dans deux domaines distincts. D'une part, les travaux de
l'école dite de la « nouvelle économie géographique
» cherchent à réintégrer la dimension spatiale dans
les modèles d'équilibre économique. Ils formalisent pour
cela les comportements de localisation des agents économiques en
fonction de deux séries de forces : centripètes et
centrifuges. Les premières favorisent les effets d'agglomération
autour des centres d'activité existants, et les seconds au contraire,
favorisent la dispersion des activités. Exprimée en termes
dynamiques, cette approche propose une explication théorique aux
phénomènes d'agglomération, puis de déversement
d'activités une fois que les forces centripètes l'emportent sur
les forces centrifuges. D'autre part, les approches en termes de «
clusters » développés, dans la lignée directe
d'Alfred Marshall, par de nombreux auteurs dont le plus connu est Michael
Porter (1993), privilégient, contrairement aux
précédentes, des études de cas de préférence
à une approche théorique très formalisée. Elles
conduisent de ce fait à des analyses beaucoup plus accessibles aux
non-spécialistes et aux décideurs politiques locaux, et qui ont
de fait bénéficié d'un retentissement bien au-delà
des seules sphères académiques. Ces analyses insistent notamment
sur l'importance des synergies potentiellement existantes entre des
activités complémentaires réunies en un même lieu :
laboratoires de recherche-développement et centres de formation,
entreprises ensemblières, sous-traitants et fournisseurs, acteurs
publics du développement. Selon cette vision, le renforcement de ces
« pôles de compétences locaux » passe donc par une
intensification de la coopération entre ces différents acteurs :
réseaux d'entreprise, partenariat public-privé. La question de
l'attractivité est dans cette approche abordée selon deux angles
complémentaires : d'une part, l'accueil d'activités nouvelles
exogènes est considéré comme l'un des outils permettant de
renforcer le pôle de compétitivité (effet de masse
critique, arrivée de « chaînons manquants » dans les
filières locales) ; d'autre part, la politique de promotion peut
elle-même prendre argument de l'existence de ces « pôles de
compétitivité » afin de faire valoir aux entreprises
spécialisées dans l'activité concernée l'existence
d'une « offre territoriale différenciée »
adaptée à leurs besoins.
L'approche
« micro » par la comparaison de rentabilité selon
les sites
Dans cette approche, il s'agit de déterminer le
meilleur site de localisation possible pour un projet particulier. Ni
l'approche par les indicateurs globaux ni celle par l'offre territoriale
différenciée ne permettent en effet de porter un jugement
définitif sur la rentabilité escomptée d'un projet
d'investissement individuel sur un site donné. Pour parvenir à
évaluer celle-ci, il convient de reconstituer de la manière la
plus fine les conditions concrètes de fonctionnement du projet. Aux
approches issues de la théorie économique (économie
spatiale ou économie internationale) se substituent alors des techniques
inspirées de l'analyse financière, avec l'utilisation de
business-plans plus ou moins détaillés, couplés
éventuellement avec des scénarios permettant de prendre en compte
les incertitudes liées aux différents facteurs susceptibles
d'influer sur le niveau des coûts et des recettes. Cet exercice
présente l'avantage de prendre en compte de manière très
précise et réaliste les conditions concrètes
d'investissement et d'exploitation d'un projet donné. Par contre, il a
l'inconvénient symétrique de ne pas aboutir directement à
un diagnostic général sur l'attractivité territoriale,
puisque seuls des cas particuliers sont étudiés. Cette limite
peut cependant être surmontée en évaluant les conditions de
rentabilité d'un panel de projets individuels suffisamment large et
représentatif. On utilise pour cela des bases de données
détaillant les principaux coûts en fonction des lieux de
localisation potentiels afin d'évaluer, à travers un
business-plan stylisé, la rentabilité escomptée de chaque
projet pour chacun des différents sites en compétition. Les
résultats ainsi obtenus peuvent être éventuellement
agrégés pour obtenir un classement des différents
territoires et/ou sites d'accueil potentiel en fonction de la
rentabilité escomptée en moyenne pour l'ensemble des projets
considérés.
L'approche en termes
d'image
Elle vise à analyser la manière dont un
territoire donné, en créant un effet d'image dans l'esprit du
décideur, peut accroître son attractivité, un peu comme
l'existence d'une « image de marque » peut stimuler la vente d'un
produit. Cette approche est très fortement liée à
l'approche « méso », dans la mesure où les
effets d'image peuvent difficilement prendre forme en l'absence d'une
réalité industrielle et technologique de type « cluster
» ou « districts industriels ». Mais il faut également
souligner que la problématique de la communication territoriale s'est
développée au cours des années récentes de
manière très autonome par rapport aux études
économiques stricto sensu. Dans l'esprit des consultants en
communication, au moins aussi écoutés que les économistes
par les décideurs politiques, l'existence de pôles de
compétence ne constitue qu'une base utile, mais pas totalement
indispensable à la mise en place d'un discours marketing visant à
créer autour du territoire concerné une image positive et si
possible différente, c'est-à-dire insistant sur sa
capacité à attirer un type d'activités particulier.
L'approche par le
processus de décision
On s'intéresse ici au processus à travers lequel
l'investisseur choisit le site sur lequel il localisera son projet. On peut
donc considérer qu'il s'agit d'une variante de l'approche « micro
» précédemment décrite, dans la mesure où son
objet est l'analyse d'une décision spécifique par un agent
individuel. Mais elle en diffère fondamentalement dans la mesure
où c'est ici la logique de choix de l'investisseur qui est placée
au centre de l'analyse, plutôt que les caractéristiques
comparées des territoires en compétition.
ii. Les indicateurs ou
« baromètres » de l'attractivité
territoriale
Les caractéristiques et constructions des indicateurs
d'attractivité territoriale ont été recensées par
Anne Musson (2010). Ainsi, nous présenterons d'abord les
catégories d'indicateurs, et ensuite nous dresserons sous forme de
tableau les indicateurs utilisés par certaines institutions
internationales.
Les catégories
d'indicateurs d'attractivité territoriale
Les indicateurs simples : Afin de décrire
l'attractivité d'un territoire, certaines organisations choisissent un
indicateur, un seul, celui qu'ils jugent le plus caractéristique du
concept. Ainsi, la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le
Développement (CNUCED) publie l'Indice de Performance des IDE qui classe
les pays selon les IDE reçus relativement à leur taille, et nous
informe donc sur l'attractivité du pays vis-à-vis des
investisseurs étrangers, mais non sur la raison de celle-ci.
Les indices composites : À l'opposé de ce
type de mesure de l'attractivité, consistant en un indicateur unique,
certaines organisations, les mêmes parfois, construisent des indicateurs
qui, en fait, sont la combinaison de nombreux autres, imbriqués de telle
façon à ce qu'ils ne fassent plus qu'un. Plusieurs indices sont
élaborés par certains organismes et bureaux d'expertises
internationaux, c'est le cas le cas de l'Indice de Compétitivité
Mondiale, calculé chaque année par l'IMD Lausanne. Celui-ci fait
l'objet d'un rapport annuel, le « World Competitiveness
Yearbook «, dans lequel sont évaluées les performances
de 57 pays en matière d'attractivité à travers quatre
thèmes principaux : la performance économique,
l'efficacité du gouvernement, l'efficacité des affaires et les
infrastructures. L'autre indice de référence est celui du World
Economic Forum (WEF), et est connu sous le nom de l'Indice de
Compétitivité Global/Mondial (GCI). Cette organisation
internationale indépendante définit la
compétitivité comme « l'ensemble des institutions, des
politiques et des facteurs déterminant le niveau de productivité
d'un pays » (World Economic Forum, 2009), cela même
définissant son attractivité. AT Kearney, cabinet privé de
conseil en stratégie et management, selon le même principe
d'agrégation des données, propose un calcul différent pour
mesurer l'attractivité. En effet, pour calculer l'Indice de
Globalisation, trois grands piliers sont dessinés :
intégration économique, connectivité technologique et
engagement politique (AT Kearney, 2006).
La Banque Mondiale publie chaque année le
médiatique Doing Business, qui s'attache à mesurer, à
travers pas moins de 8967 indicateurs, la réglementation des affaires
dans 183 pays. Cette série de rapports annuels est censée
informer les entrepreneurs sur les réglementations nationales qui
facilitent ou compliquent la vie d'une entreprise. Dix thèmes sont ainsi
abordés, et à travers ceux-ci et les indicateurs qu'ils
contiennent, la Banque Mondiale a pour objectif d'analyser les résultats
économiques, de déterminer quelles réformes ont
été ou seront efficaces, où et pourquoi, le tout en
comparant les pays. Les données utilisées pour construire les
indicateurs sont issues d'enquêtes, le questionnaire reposant sur
l'étude de cas (World Bank, 2009). Enfin, La CNUCED, à
côté de l'Indice de Performance des IDE, construit
également son indicateur composite d'attractivité, dans le cadre
de la publication annuelle du World Investment Report (WIR). Cependant,
l'indicateur, appelé Indice d'IDE potentiels, n'est pas
réactualisé tous les ans. Ainsi, 12 variables sont prises en
compte pour mesurer l'attractivité potentielle d'un territoire
vis-à-vis des investisseurs étrangers : entre autres, le PIB
par habitant, l'énergie commerciale utilisée, les dépenses
de Recherche et Développement dans le PIB, la proportion
d'étudiants de 3e cycle, etc. (UNCTAD, 2002). Plusieurs autres indices
de perceptibilité de l'attractivité d'un territoire sont
construits par bon nombre d'autres institutions.
Méthodes de
construction des indicateurs d'attractivité territoriale
Pour la construction d'un indicateur d'attractivité
territoriale, les moyens les plus communément utilisés
sont :
D'une part, les enquêtes d'opinions auprès des
acteurs utilisant la ressource territoriale (investisseurs, ménages,
entreprises, etc...). Ainsi, il peut leur être demandé, de classer
les critères de localisation et de donner un classement relatif des
différents territoires d'accueil potentiel par rapport à ces
critères. C'est le cas notamment du baromètre
d'attractivité d'Ernest Young. Ce dernier set publié
annuellement, et, porte sur une enquête auprès des dirigeants
d'entreprises multinationales. En 2007, l'enquête d'Ernest Young a
interrogé 809 décideurs de firmes multinationales, elle recense
les annonces d'implantation internationale et d'extensions
d'activités.
Et d'autre part, les approches économétriques,
qui prennent comme variable à expliquer les IDE et comme variables
explicatives les différents facteurs ou critères de localisation.
Les variables explicatives sont en général des indicateurs
macroéconomiques ou des indicateurs agrégés
utilisés comme proxy des variables explicatives issues du modèle
théorique. Notons que l'intérêt de ces approches
économétriques, est qu'elles permettent de dégager les
variables jugées significatives, ce qui permet d'expliquer
l'attractivité comparée des différents territoires.
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