SECTION II : L'ATTRACTIVIE ET
LA CONSTRUCTION DU PROJET TERRITOIRE
La mondialisation et la décentralisation ont
énormément contribué à ce que, les
Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD)
s'intéressent au développement économique, et soient
désormais obligées de mettre l'ingénierie et la culture
économique au service du développement local. La mondialisation a
mise en lumière la volatilité des investissements, obligent par
la même occasion les CTD dans un environnement de plus en plus
concurrentiel, à recourir aux moyens de positionnement efficace sur le
marché du territoire.
II.1 L'attractivité au sens
des territoires
II.1.1
L'attractivité d'un territoire
L'attractivité pour un territoire renvoie à un
concept multidisciplinaire, qui est à la croisée de
l'économie du développement, de l'économie
financière, du droit comparé, de la géographie voir de la
science politique.
L'attractivité renvoie aux notions d'attraction et de
mobilité d'acteurs. Elle est utilisée en science physique comme
en géographie, en économie spatiale et territoriale voir en
aménagement du territoire. Elle cible plus exactement la mobilité
des personnes physiques, morales, des investissements et autres. Dans un
contexte de compétitivité ou de concurrence, ravivé
aujourd'hui par la notion de globalisation.
P. Weltz (2005) voit dans l'attractivité une notion
complexe, qui dans le cadre des territoires doit tenir compte des facteurs
aujourd'hui inaltérable, c'est-à-dire : la mondialisation
industrielle et ses caractéristiques qui se conjuguent avec la
globalisation financière, la métropolisation et la polarisation
de l'économie, le mode d'organisation de toutes les entreprises qui sont
aujourd'hui organisées sur la base de la flexibilité. En effet,
la notion d'attractivité suggère à la fois, une attraction
affective (capacité à attirer pour une période
donnée les hommes, touristes et à les fixer sur le territoire),
et une attraction potentielle (aptitude à être désirable).
On peut donc ajouter que l'attractivité territoriale reflète donc
la performance de ce territoire durant une période donnée, et les
déterminants de l'attractivité sont recherchés pour rendre
le territoire compétitif.
Comme le souligne B. Pecqueur (2009), le développement
local a promu et renforcé une approche ascendante partant des acteurs
locaux. Cette démarche peut être qualifiée de
« développement par la base ». On comprend
dès lors que le territoire doit compter sur ses propres forces et doit
ainsi faire l'objet d'un développement endogène.Il est important
de prendre en compte les moyens matériels mais aussi les moyens
immatériels qui favorisent l'attractivité territoriale.
De manière synthétique, la notion
d'attractivité pour ce qui est d'un territoire renvoie donc à une
problématique qui est fondée sur la dynamique des mouvements de
composition-recomposition des facteurs exogènes. Néanmoins, elle
ne s'appréhender sans une approche relevant « marketing
territorial », qui signifie l'effort de valorisation des
territoires à des marchés concurrentiels, pour influencer en leur
faveur le comportement de leur public par une offre dont la valeur est
durablement supérieure à celle des concurrents. D'ailleurs, cette
attractivité est pilotée par des agences de
développement.
II.1.2 Les composantes de
l'attractivité d'un territoire
Les sources d'attractivité du territoire sont
multidimensionnelles, on distingue ainsi les composantes dites classiques, des
composantes endogènes au territoire.
i. Les composantes dites
« classiques » d'un territoire
L'attractivité d'un territoire fait souvent
référence à des facteurs géographiques et des
facteurs organiques. Les facteurs géographiques d'un territoire font
référence à ces ressources naturelles et humaines :
situation géographique, morphologie du territoire, proximité des
ressources naturelles et matières premières, climat,
démographie, proximité des grands réseaux
d'échanges et de communication.
Les ressources naturelles du territoire comprennent aussi les
ressources exploitables, les infrastructures, la main-d'oeuvre disponible, la
technologie, le service public, l'environnement socioéconomique et
politique. Nous pouvons aussi constater la présence des composantes
organiques qui font référence à l'histoire, la culture et
l'organisation d'un territoire. C'est ainsi qu'il parle de
« ressources identitaires et symboliques » (le
degré de participation des acteurs, le poids de la culture et de la
diversité, le climat social, les dynamiques
événementielles, etc...).
ii. les composantes
endogènes d'un territoire
Contrairement aux facteurs « classiques »,
il existe aussi des facteurs plus spécifiques et moins pris en compte
par les différents acteurs qui ont pour objectif de mesurer
l'attractivité. Il s'agit des concentrations géographiques
d'acteurs qui représentent un ou plusieurs secteurs d'activités
économiques. Ceci crée alors une présence renforcée
de savoirs faire et de compétence qui peuvent être un facteur
d'attractivité essentiel d'un point de vue économique. C'est
ainsi que Pecqueur (2000, Op.cit.) cite dans son ouvrage F. Perroux en ces
termes : « ce ne sont pas les firmes qui, par la nature de
leur production, sont motrices, et produisent des effets d'entrainement, ce
sont toutes les institutions géographiquement concentrées dans
l'urbain qui produisent la connaissance, laquelle est au coeur des processus
actuel d'innovation ».
iii. le « soft
power »
Le « soft power » a une place grandissante
au sein des facteurs d'attractivité. C'est un terme américain qui
est le contrairement du « hard power ». A l'inverse de
mettre des forces militaires et économiques pour attirer des capitaux
financiers et humains, le « soft power » est un moyen
d'attirer et de maintenir des acteurs (populations, entreprises, etc...) par
l'attraction et l'influence.
C'est « influencer le comportement d'autres
acteurs par des moyens non coercitifs et intangibles ». Il
s'agit d'une attractivité endogène issue d'une démarche
défensive.
Les facteurs d'attractivité sont propres à
chaque localisation. Ainsi, un territoire dispose d'Avoirs naturels et/ou
construits. Ceux-ci doivent évoluer dans le temps et dans l'espace de
manière à renforcer la durabilité de l'attractivité
du territoire.
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