DEUXIEME PARTIE :
INFLUENCE DES FACTEURS DE
L'ATTRACTIVITE SUR LES STRATEGIES DE LOCALISATION DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES
DANS LES COLLECTIVITES TERRITORIALES DU CENTRE AU CAMEROUN
CHAPITRE III : LA
LOCALISATION DES ACTIVITES INDUSTRIELLES
Introduction
De nombreux travaux se sont intéressés à
la localisation des activités industrielles. Il existe donc une
multiplicité de travaux théoriques et empiriques, et une
multiplicité d'angles d'analyses. Ce chapitre a ainsi pour objectif
d'identifier les facteurs explicatifs de la localisation et de la
répartition des activités économiques, et plus
précisément des activités industrielles.
Dans la première sous partie, nous présenterons
les principaux travaux théoriques, en commençant sur les travaux
des précurseurs, ce qui nous conduira à voir les modèles
d'économie urbain qui trouve les origines dans les travaux de Von
Thünen (1826), pour expliquer les localisations des résidents et
des firmes en milieu urbain. Et clôturer cette sous partie par un
modèle d'économie géographique basé sur les
externalités.
Dans la deuxième sous partie nous présenterons
les facteurs qui influencent, d'une part la localisation des industries et
d'autres part les différentes stratégies de localisation qu'elles
adoptent.
SECTION I : LES THEORIES DE
LA LOCALISATION DES ACTIVITES INDUSTRIELLES
La documentation sur la localisation des activités est
riche et diverse. Elle a été enrichie au fil des années
par des analyses soumises chacune à un contexte particulier. De la
localisation des activités agricoles de Von Thünen (1826, Idem)
jusqu'aux théories de l'économie urbaine, chacune de ses
études a essayé d'appréhender la localisation des firmes
en fonction d'un contexte spatiale et temporel précis. Cette section
sera donc constituée d'une première partie portant sur un essai
d'appréhension de la notion de distance, qui constitue le principal
facteur de séparation spatial. Puis, dans un second temps, nous
étudierons les théories de l'économie urbaine et de
l'économie géographique, concernant les localisations des
activités économiques.
I.1 La notion de distance, un
élément fondamental dans la localisation
La distance est utilisée dans toute les théories
de la localisation où elle constitue d''ailleurs le principal facteur de
séparation spatiale, même si elle peut être
considérée comme un facteur frictionnel ou de limitation. Car les
échanges diminuent ou augmentent avec la distance.
De manière général, l'on conçoit
que l'espace géographique est un espace bidirectionnel (deux
dimensions), dans ce contexte, la « distance est avant tout un
écart spatial ». Elle témoigne de la
séparation spatiale entre les unités (entités
situées sur un espace). Par ailleurs, il faut préciser que selon
le type d'espace considéré, la distance présente plusieurs
formes.
i. Typologie des
distances
Il existe plusieurs types de distance,
La distance physique ou topographique : il
s'agit de la distance cadastrale ou géodésique. Elle
sépare généralement deux points i et j. Ici, on utilise
généralement le système métrique, même si on
sait qu'il existe d'autres systèmes comme les miles, les pieds, etc...
On peut aussi utiliser le système décimal, qui est le plus
précis. C'est ce qui justifie sa plus large diffusion dans le monde.
La distance temps : elle est encore
appelée distance temporelle et signifie avant tout que la
mobilité se trouve plus affectée par le temps du trajet que la
distance physique. La valeur du temps augmente parallèlement avec
l'objectif social. C'est que la distance temps se substitue de plus en plus
à la distance physique pour deux raisons, d'une part, le temps colle au
plus près les réalités des organisations
économiques, d'où le proverbe anglo-saxon « time is
money ». D'autre part, elle rétrécie de plus en
plus grâce aux progrès technologiques. C'est pourquoi
Essombé Edimo (2007) affirma que « c'est la fin de la
tyrannie de la distance parce que nous avons aujourd'hui l'économie de
la proximité ».
La distance cognitive et culturelle : celle-ci
fait référence au fait que la perception que nous pouvons avoir
la distance est largement tributaire de la pratique que nous avons de l'espace,
et, aussi du degré d'habileté à lire l'espace, la
distance, ou localisation (quand on aime une chose, on la voit toujours
proche).
Et la distance coût : elle mesure le
coût nécessaire pour parcourir une distance séparant deux
lieux. C'est celle-ci fait l'objet de multiples utilisations et analyses.
ii. les sens de la
distance
Le mot distance a pour racine « sta », ce
qui est le lieu. Dans distance, il y'a deux « sta », deux
objets-là, A et B, et un entre lieu : la distance set entre lieu.
Donc en soi un vide, un non-lieu. D'une certaine façon, elle n'existe
pas, sauf comme source d'agacement, comme incommodité. C'est ainsi que
l'ont vue bien de penseurs. C'est donc pour les mêmes raisons que
l'espace fut étymologiquement entendu comme le
« pas », ou une absence à franchir. En principe la
distance a une dimension, mais distance et espace sont souvent synonymes, ne
serait-ce que par le biais de l'espacement (l'espace entre deux mots d'un texte
est un vide et une distance, comme l'intervalle est également synonyme
de distance).
Or si l'on considère la distance comme autre chose
qu'un vide, c'est l'on a plusieurs raisons. Chacune s'exprimant dans un
« projet » (pro-jet : ce que l'on jette devant soi).
Quel projet ? Il en est de plusieurs sortes : aller d'un lieu
à un autre, donc me faire transporter ; obtenir ou tenir quelque
chose qui est là-bas dans un autre lieu ; ou bien prendre mes
distances, mettre la distance entre les autres et moi en vue de me
protéger (me servir de la distance comme obstacle), etc...
Bref, si l'on se fixe sur la distance comme sur l'espace avec
les lieux qu'ils séparent et qu'ils unissent, la distance apparait alors
par elle-même, et sous plusieurs aspects. En tant que défi :
comment obtenir ce qui est là-bas ? ou comment aller
là-bas ? en tant difficulté du temps, de coût, de
quelque chose à surmonter, parfois aussi comme une protection. Au point
même que, la distance peut se transformer en simple
« borne » des deux lieux A et B qu'elle sépare ou
unit. La distance a pourtant des effets, car les actions qu'elle
déclenche, ont leurs lois. La distance est même directement en
cause dans l'une des lois de base de la géographie, qui est la
« loi de l'attraction » : en terme simple, plus c'est
gros et plus c'est près, plus ça attire. Le
« ça » le plus souvent considéré est
la ville, comme lieu d'emplois ou de services. L'hypothèse est que la
puissance de l'attraction (a) est proportionnelle à la masse de la ville
(m) mesurée en nombre d'habitants, d'emplois, de volume commerciale ou
tout autre critère similaire, et inversement proportionnelle à la
distance (d), mais celui-ci jouant exponentiellement. C'est qui donne :
De nombreuses études faites par des géographes
et économistes ont montré que s'était là une bonne
approximation des comportements réels avec n = 2. En somme, dans
l'équation d'Einstein, la distance étant en effet un principe
à l'inverse de temps d'accès (donc de la vitesse c dans son
équation e = m.c²). Ce qui est quelque chose de très facile
à comprendre et à observer dans les pratiques quotidiennes.
Ainsi, peut-on vérifier qu'entre une ville grande et une autre petite,
le point de partage pour maints déplacements (d'achats, ou
d'habitat-travail) sera plus près de la petite ville que de la grande.
Néanmoins, cette loi de la distance joue entre certaines limites, et sa
traduction dans l'espace géographique donne des résultats
discontinus, selon la formule « l'attraction d'une ville ne
serait jamais nulle ». Dans la pratique, elle l'est à
partir d'une certaine distance. Il est en effet des distances seuils, que l'on
n'accepte pas de dépasser (nombre de kilomètre
représentant statistiquement une limite d'extension de l'habitat
périurbain). Le fait de choisir en fonction de la distance une
destination ou une autre (ville, port, site d'implantation, etc...), se traduit
par des discontinuités : ce sont elles, qu'expriment les concepts
de « tombées urbaines », d'aires d'attraction, de
zone d'emploi ou encore de bassin d'emploi.
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