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Attractivité territoriale et stratégies de localisation des entreprises industrielles dans les collectivités territoriales de la région du centre au Cameroun

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par Marius Trésor MENGUE OYONO
Université de Yaoundé 2 - SOA - Master 2 en Economie du Territoire et de la Décentralisation 2015
  

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DEUXIEME PARTIE :

INFLUENCE DES FACTEURS DE L'ATTRACTIVITE SUR LES STRATEGIES DE LOCALISATION DES ENTREPRISES INDUSTRIELLES DANS LES COLLECTIVITES TERRITORIALES DU CENTRE AU CAMEROUN

CHAPITRE III : LA LOCALISATION DES ACTIVITES INDUSTRIELLES

Introduction

De nombreux travaux se sont intéressés à la localisation des activités industrielles. Il existe donc une multiplicité de travaux théoriques et empiriques, et une multiplicité d'angles d'analyses. Ce chapitre a ainsi pour objectif d'identifier les facteurs explicatifs de la localisation et de la répartition des activités économiques, et plus précisément des activités industrielles.

Dans la première sous partie, nous présenterons les principaux travaux théoriques, en commençant sur les travaux des précurseurs, ce qui nous conduira à voir les modèles d'économie urbain qui trouve les origines dans les travaux de Von Thünen (1826), pour expliquer les localisations des résidents et des firmes en milieu urbain. Et clôturer cette sous partie par un modèle d'économie géographique basé sur les externalités.

Dans la deuxième sous partie nous présenterons les facteurs qui influencent, d'une part la localisation des industries et d'autres part les différentes stratégies de localisation qu'elles adoptent.

SECTION I : LES THEORIES DE LA LOCALISATION DES ACTIVITES INDUSTRIELLES

La documentation sur la localisation des activités est riche et diverse. Elle a été enrichie au fil des années par des analyses soumises chacune à un contexte particulier. De la localisation des activités agricoles de Von Thünen (1826, Idem) jusqu'aux théories de l'économie urbaine, chacune de ses études a essayé d'appréhender la localisation des firmes en fonction d'un contexte spatiale et temporel précis. Cette section sera donc constituée d'une première partie portant sur un essai d'appréhension de la notion de distance, qui constitue le principal facteur de séparation spatial. Puis, dans un second temps, nous étudierons les théories de l'économie urbaine et de l'économie géographique, concernant les localisations des activités économiques.

I.1 La notion de distance, un élément fondamental dans la localisation

La distance est utilisée dans toute les théories de la localisation où elle constitue d''ailleurs le principal facteur de séparation spatiale, même si elle peut être considérée comme un facteur frictionnel ou de limitation. Car les échanges diminuent ou augmentent avec la distance.

De manière général, l'on conçoit que l'espace géographique est un espace bidirectionnel (deux dimensions), dans ce contexte, la « distance est avant tout un écart spatial ». Elle témoigne de la séparation spatiale entre les unités (entités situées sur un espace). Par ailleurs, il faut préciser que selon le type d'espace considéré, la distance présente plusieurs formes.

i. Typologie des distances

Il existe plusieurs types de distance,

La distance physique ou topographique : il s'agit de la distance cadastrale ou géodésique. Elle sépare généralement deux points i et j. Ici, on utilise généralement le système métrique, même si on sait qu'il existe d'autres systèmes comme les miles, les pieds, etc... On peut aussi utiliser le système décimal, qui est le plus précis. C'est ce qui justifie sa plus large diffusion dans le monde.

La distance temps : elle est encore appelée distance temporelle et signifie avant tout que la mobilité se trouve plus affectée par le temps du trajet que la distance physique. La valeur du temps augmente parallèlement avec l'objectif social. C'est que la distance temps se substitue de plus en plus à la distance physique pour deux raisons, d'une part, le temps colle au plus près les réalités des organisations économiques, d'où le proverbe anglo-saxon « time is money ». D'autre part, elle rétrécie de plus en plus grâce aux progrès technologiques. C'est pourquoi Essombé Edimo (2007) affirma que « c'est la fin de la tyrannie de la distance parce que nous avons aujourd'hui l'économie de la proximité ».

La distance cognitive et culturelle : celle-ci fait référence au fait que la perception que nous pouvons avoir la distance est largement tributaire de la pratique que nous avons de l'espace, et, aussi du degré d'habileté à lire l'espace, la distance, ou localisation (quand on aime une chose, on la voit toujours proche).

Et la distance coût : elle mesure le coût nécessaire pour parcourir une distance séparant deux lieux. C'est celle-ci fait l'objet de multiples utilisations et analyses.

ii. les sens de la distance

Le mot distance a pour racine « sta », ce qui est le lieu. Dans distance, il y'a deux « sta », deux objets-là, A et B, et un entre lieu : la distance set entre lieu. Donc en soi un vide, un non-lieu. D'une certaine façon, elle n'existe pas, sauf comme source d'agacement, comme incommodité. C'est ainsi que l'ont vue bien de penseurs. C'est donc pour les mêmes raisons que l'espace fut étymologiquement entendu comme le « pas », ou une absence à franchir. En principe la distance a une dimension, mais distance et espace sont souvent synonymes, ne serait-ce que par le biais de l'espacement (l'espace entre deux mots d'un texte est un vide et une distance, comme l'intervalle est également synonyme de distance).

Or si l'on considère la distance comme autre chose qu'un vide, c'est l'on a plusieurs raisons. Chacune s'exprimant dans un « projet » (pro-jet : ce que l'on jette devant soi). Quel projet ? Il en est de plusieurs sortes : aller d'un lieu à un autre, donc me faire transporter ; obtenir ou tenir quelque chose qui est là-bas dans un autre lieu ; ou bien prendre mes distances, mettre la distance entre les autres et moi en vue de me protéger (me servir de la distance comme obstacle), etc...

Bref, si l'on se fixe sur la distance comme sur l'espace avec les lieux qu'ils séparent et qu'ils unissent, la distance apparait alors par elle-même, et sous plusieurs aspects. En tant que défi : comment obtenir ce qui est là-bas ? ou comment aller là-bas ? en tant difficulté du temps, de coût, de quelque chose à surmonter, parfois aussi comme une protection. Au point même que, la distance peut se transformer en simple « borne » des deux lieux A et B qu'elle sépare ou unit. La distance a pourtant des effets, car les actions qu'elle déclenche, ont leurs lois. La distance est même directement en cause dans l'une des lois de base de la géographie, qui est la « loi de l'attraction » : en terme simple, plus c'est gros et plus c'est près, plus ça attire. Le « ça » le plus souvent considéré est la ville, comme lieu d'emplois ou de services. L'hypothèse est que la puissance de l'attraction (a) est proportionnelle à la masse de la ville (m) mesurée en nombre d'habitants, d'emplois, de volume commerciale ou tout autre critère similaire, et inversement proportionnelle à la distance (d), mais celui-ci jouant exponentiellement. C'est qui donne :

De nombreuses études faites par des géographes et économistes ont montré que s'était là une bonne approximation des comportements réels avec n = 2. En somme, dans l'équation d'Einstein, la distance étant en effet un principe à l'inverse de temps d'accès (donc de la vitesse c dans son équation e = m.c²). Ce qui est quelque chose de très facile à comprendre et à observer dans les pratiques quotidiennes. Ainsi, peut-on vérifier qu'entre une ville grande et une autre petite, le point de partage pour maints déplacements (d'achats, ou d'habitat-travail) sera plus près de la petite ville que de la grande. Néanmoins, cette loi de la distance joue entre certaines limites, et sa traduction dans l'espace géographique donne des résultats discontinus, selon la formule « l'attraction d'une ville ne serait jamais nulle ». Dans la pratique, elle l'est à partir d'une certaine distance. Il est en effet des distances seuils, que l'on n'accepte pas de dépasser (nombre de kilomètre représentant statistiquement une limite d'extension de l'habitat périurbain). Le fait de choisir en fonction de la distance une destination ou une autre (ville, port, site d'implantation, etc...), se traduit par des discontinuités : ce sont elles, qu'expriment les concepts de « tombées urbaines », d'aires d'attraction, de zone d'emploi ou encore de bassin d'emploi.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon