1-2: L'analyse des agrégats
macroéconomiques
L'évolution du taux de croissance nominal par
tête au Tchad est caractérisée par une forte
instabilité, comparée à celles des pays africains au sud
du Sahara (ASS) et du monde. Les épisodes de fortes baisses et hausses
correspondent à des événements internes et externes que le
Tchad a connus. L'ampleur des fluctuations est faible de 1960 jusqu'au
début des années 1970 qui est par ailleurs marquée par le
premier choc pétrolier. Ce dernier représente des hausses rapides
et très fortes du prix du pétrole, occasionnant un ralentissement
économique dans les pays industriels en raison de leur dépendance
du pétrole. Compte tenu de la faible dépendance du Tchad au
pétrole en cette période, cette crise aurait pu avoir un faible
effet sur la croissance du PIB/hab n'eut été l'augmentation des
coûts des produits industriels importés, induite par la hausse des
prix du pétrole. La deuxième forte baisse de la croissance et la
plus importante de l'histoire du Tchad date de 1979. A cette date, le PIB/hab a
connu une baisse de 23% par rapport à son niveau de 1978. Un consensus
se dégage dans la communauté des économistes pour imputer
cette chute historique à la guerre civile de 1979. Il a fallu attendre
l'année 1981 pour que le taux de croissance du PIB/hab redevienne
positif pour se situer à 3%, puis 13% en 1983. La littérature sur
les effets des guerres civiles prédit en effet
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une chute de la production pendant les années des
conflits et une inversion juste après la fin des conflits. Certains
auteurs ont même montré que la probabilité de survenance
d'un conflit armé peut réduire la production.
L'application des PAS, inspirés des théories
libérales, résumés sous le nom de Consensus de Washington
et ayant pour but la stabilisation macroéconomique, conduisit à
la dévaluation du franc CFA en 1994 afin de doper les exportations des
pays africains dont la compétitivité était peu reluisante.
Compte tenu, d'une part, du fait que les PED n'exportent en majorité que
les matières premières et du fait de leur faible tissu industriel
d'autre part, la dévaluation du FCFA ne peut que déprimer la
production. Ce qui est corroboré par le taux de croissance du PIB/hab
négatif en ASS (-1,84%) et au Tchad (-1,83%) sur la période
1995-2000.En 2004, le Tchad enregistra une forte et historique croissance du
PIB/hab de 28,7%. Tout porte à croire que les ressources
pétrolières ont contribué fortement à cette hausse
historique. Ensuite, elle oscille entre 10,2% en 2010 à -2,9% en 2011 et
une évolution rythmée par les fluctuations des fondamentaux du
pétrole (offre et demande). D'une manière globale, le taux de
croissance du PIB/hab sous l'ère pétrolière est de 5,12%
par an alors qu'il était de -0,4% avant l'ère
pétrolière (1960-2002).
Par ailleurs, il convient de rappeler que parmi les sources de
financement d'une économie figurent les ressources internes (emprunts
internes, ressources publiques propres et seigneuriage) et externes (emprunts
externes, dons, aide publique au développement (APD), Investissements
Directs Etrangers (IDE) et transferts de migrants). En ce qui concerne l'APD,
son évolution est stable sur la période 1960-2011. Elle a connu
une légère hausse sur la période 1980-2000, atteignant son
pic en 1991 à 28,09% du PIB. Il n'est pas hasardeux de lier cette hausse
périodique aux PAS. Par contre, la dette intérieure n'a jamais
dépassé 20% du PIB sur la période 1960-2011. Elle a
atteint son apogée sur la période 1980 - 1990, période
marquée par l'exécution des PAS. Ensuite, elle a chuté sur
le reste de la période 1991-2011, n'excédant jamais 7% du PIB.
L'insuffisance de l'épargne des ménages et la faible
bancarisation constituent une explication possible du côté de la
demande.
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