Paragraphe 2 : L'économie tchadienne à
l'ère pétrolière
Depuis longtemps, le Tchad est resté un pays à
vocation agro-pastorale. Son économie est basée essentiellement
sur l'agriculture et l'élevage. Dernier né des Etats
pétroliers, avec une capacité de production de 250 000
barils/jour, le Tchad s'est ouvert aux nouveaux acteurs, à l'occasion du
programme d'exploitation pétrolière inauguré à l'an
2000. Depuis la
71
construction de l'oléoduc Doba-Kribi en 2003 long de 1
070 kilomètre, le Tchad a vu son taux de croissance économique
faire un bond spectaculaire passant de 1% en 2001 à 15% en 2004 et 8% en
2005.Selon Geoffrey H. Bergen représentant résident de la Banque
Mondiale au Tchad (2008), les statistiques officielles montrent que les PIB ont
nettement dépassé les taux de croissance démographique
2,8% ces dernières années du fait de l'exploitation du
pétrole129. Cependant, l'injection des ressources
pétrolières dans l'économie a entraîné une
hausse généralisée du niveau des prix en raison de la
faible capacité d'absorption de l'économie tchadienne et de
l'offre nationale. Il s'est accru en moyenne de 3,2% par an avec des fortes
fluctuations expliquées par les déficits pluviométriques
entraînant des baisses importantes de la production
agricole130. Après avoir fait un rappel historique du pays,
il est nécessaire de comprendre à quoi ressemble cette
économie à l'ère pétrolière. Cependant, il y
a lieu d'aborder dans ce paragraphe d'une part les caractéristiques de
l'économie tchadienne à l'ère pétrolière
(2-1) et d'autre part l'impact de l'exploitation du pétrole sur
l'économie tchadienne (2-2).
2-1: Les caractéristiques de l'économie
tchadienne à l'ère pétrolière
L'économie tchadienne se caractérise par la
dominance du secteur primaire, de l'informel et par un secteur privé
faible. Cependant, le secteur primaire comprend l'agriculture,
l'élevage, la pêche et dans une moindre mesure l'exploitation
minière. Ce secteur contribue fortement à la création des
richesses. Il représente en moyenne 61,2% du PIB entre 2006 et 2011.
Cette part importante se répartit de la manière suivante: 10,5%
pour l'agriculture, 9% pour l'élevage, 2,2 % pour la sylviculture, la
pêche et les mines et 39,3% pour l'exploitation pétrolière
131 ; le secteur secondaire regroupe les activités liées à
la transformation des matières premières issues du secteur
primaire et comprend des activités très variées dont,
entre autres: l'industrie, l'artisanat, l'eau, l'électricité
ainsi que les bâtiments et travaux publics (BTP). Ce secteur
représente en moyenne 7,7% du PIB pour la période
retenue132 et enfin le secteur tertiaire regroupe toutes les
activités économiques de services tels que les banques, le
commerce, le transport, l'administration, l'assurance, l'enseignement, les
associations, le tourisme, etc. Au Tchad, en termes de contribution dans le
PIB, ce secteur vient en deuxième position après le secteur
primaire avec une part moyenne de 31,1% (de
129DJERABE Kélos. (2009), op. Cit., pp.
25-26.
130 Rapport INSEED. (2014), Essai d'analyse de la
pauvreté non monétaire.
131 Conseil national du patronat tchadien, Livre blanc, Edition,
2012.
132 Idem
72
2006 à 2011). Le taux de croissance du secteur
tertiaire s'établit à 5,7%. Cette performance se traduit par le
développement des activités
précitées133.
Tableau 2: Indicateurs de croissance économique au Tchad
entre 2012-2016
Indicateurs de croissance
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016 (e)
|
PIB (milliards USD)
|
12,38
|
12,95
|
13,95e
|
11,69e
|
12,82
|
PIB (croissance annuelle en %, prix
constant)
|
8,9
|
5,7
|
6,9
|
6,9
|
4,2
|
PIB par habitant (USD)
|
1.152
|
1.176
|
1.236e
|
1.011
|
1.081
|
Endettement de l'Etat (en % du PIB)
|
17,9
|
18,7
|
24,6
|
25,2e
|
23,8
|
Taux d'inflation (%)
|
7,7
|
0,2
|
1,7
|
4,3
|
3,1
|
Balance des transactions courantes (milliards USD)
|
-1,08
|
-1,19e
|
-1,24e
|
-1,22e
|
-1,19
|
Balance des transactions courantes (en % du PIB)
|
-8,7
|
-9,2e
|
-8,9
|
-10,4
|
-9,3
|
Source : FMI - World Economic Outlook Database - 2014.
Note : (e) Donnée estimée
Ce tableau montre qu'après avoir subi un ralentissement
en 2013 du fait du recul de la production agricole et de problèmes
techniques survenus dans les champs pétroliers, la croissance
économique s'est accélérée en 2014 (9,6% du PIB),
tirée par les revenus pétroliers. En ce qui concerne la balance
des transactions courantes, cela montre que le Tchad importe plus qu'il
n'exporte c'est-à-dire que le pays dépend fortement de
l'extérieur; sa balance des transactions courantes est négative
sur toutes les périodes. En outre, le produit intérieur brut par
habitant n'a jamais dépassé le 1% sur l'ensemble des
périodes retenues et les dettes publiques augmentent d'une
période à une autre.
|
|