2-1: La stratégie de financement
La Chine a mis en place en 2007 un fonds sino-africain pour
encourager ses entreprises à investir en Afrique. Ce fonds a pour but de
soutenir la coopération stratégique dans les domaines politique,
économique et diplomatique. Il est doté d'un milliard de
dollars
88 T. Dzaka. (2011), L'investissement chinois
en Afrique centrale, Outre-Terre2011/4 n° 30, p. 207-226.DOI:
10.3917/oute.030.0207.
89 Idem
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de la part de la Banque chinoise de développement, un
capital qui devrait atteindre cinq milliards de dollars dans les prochaines
années. Le plan d'action adopté à l'issue du sommet
Chine-Afrique de 2006 indique que ce fonds« soutient les entreprises
chinoises performantes et crédibles et les encourage à investir
en Afrique surtout dans les projets qui permettent aux pays africains
d'améliorer le niveau technologique, de créer des emplois et de
contribuer au développement durable économique et social
»90. Le président du fonds, Gao Jia, a
indiqué que cet établissement va se concentrer sur les secteurs
susceptibles de développer l'Afrique, comme l'agroalimentaire,
l'électricité, les infrastructures routières et les
systèmes d'adduction d'eau.
En outre, la Chine dispose d'une réserve de change
colossale de plus 1 900 milliards de dollars pour l'essentiel à la
disposition de l'Exim Bank (China Export-Import Bank) de façon à
mener sa politique d'investissement à l'étranger. Cette banque
étatique joue un rôle essentiel dans la rétrocession de
prêts gouvernementaux étrangers à des conditions
préférentielles et elle négocie des contrats de travaux
publics ou tout type d'investissement à l'étranger, ceci
s'appliquant en particulier à l'Afrique. C'est une banque à
caractère politique créée en 1994, entièrement
détenue par l'État et qui relève directement de
l'autorité du Conseil des affaires de l'État. Sa notation
internationale de solvabilité est identique à la notation
souveraine de la Chine. L'Exim Bank dispose dans le monde, d'un bureau de
représentation pour le Sud-Est de l'Afrique, d'un bureau à Paris
et d'un autre bureau à Saint-Pétersbourg. Elle a noué des
relations par le biais de quelque 300 représentations à travers
le monde. Cette structure bancaire et financière est un acteur majeur du
développement économique et commercial de la Chine à
l'étranger. Elle est le principal canal de financement à
caractère dit politique des exportations de produits mécaniques
et électroniques, des installations clés en main et des
livraisons de produits hautes technologies, ainsi que des contrats de travaux
publics et de tous types d'investissements à l'étranger, jouant
ainsi un rôle essentiel dans la rétrocession de prêts
gouvernementaux étrangers de même qu'elle est chargée par
l'État chinois de proposer des prêts à des conditions
préférentielles à l'étranger.
Dans son déploiement à l'étranger,
Pékin, sur le plan opérationnel, a mis à contribution les
secteurs essentiels de l'économie. Ainsi, dans le domaine des
matières premières énergétiques, la china national
petroleum corporation(CNPC) et la china petroleum and chemical
corporation(SINOPEC) pour ne citer que ces deux majors, mettent en oeuvre une
politique d'approvisionnement énergétique par l'exploitation
à des conditions
90Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., pp.
144-145.
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avantageuses de champs pétroliers dans nombre de pays
africains. En effet, la Chine est présente au Tchad principalement par
le biais de sa société la china national petroleum corporation
(CNPC). La CNPC est une entreprise pétrolière appartenant
à l'État chinois dont l'essentiel de ses activités ont
été transférées à une filiale cotée
en bourse, la Petro China. Elle est présente dans 30 pays d'Afrique,
d'Asie et d'Amérique. Tout comme au Kazakhstan où elle a fait
l'importante acquisition de la société canadienne Petro
Kazakhstan pour 4,18 milliards de dollars. En 2010, la CNPC a
réalisé un chiffre d'affaires de 240, 192 milliards de dollars,
devenant ainsi la 6e compagnie pétrolière au monde.
Ainsi, comme nous avons souligné plus haut, la Chine qui semblait
être intéressée par le pétrole a racheté par
l'entremise de la CNPC l'ensemble des permis d'exploration
pétrolière de la société canadienne ENCANA. Elle
exploitera cette raffinerie à travers la CNPC à hauteur de 60 %
contre 40 % de la société des hydrocarbures du Tchad.
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