Paragraphe II : Les
autres types de menaces existantes
Par autres types de menaces existants, il faut noter les
menaces liées auxrevendications identitaires, territoriales et
économiques (A) et les menaces inhérentesà l'environnement
et à la démographie (B).
A- Les menaces liées aux
revendications identitaires, territoriales et économiques
Parmi les sources majeures des conflits se retrouvent de plus
en plus fréquemment des tensions et des rivalités liées
à l'identité. L'un des échecs persistants dans
l'édification politique de nombre d'États est l'absence de
réponse adéquate apportée à la « question
nationale ».
Par opposition à la construction de l'État
à travers ses institutions, celle de la « nation » est un
processus plus complexe. Il suppose la constitution d'une allégeance
nationale nouvelle, unificatrice, sans pour autant effacer des appartenances
spécifiques. À défaut, une politisation de
l'ethnicité, caractéristique visible de la plupart des conflits
contemporains, se fait jour. L'exacerbation du sentiment religieux, lorsqu'il
recoupe des clivages ethniques, reste un facteur aggravant de la violence.
Ainsi, les violences et les exactions en République Centrafricaine
(2013-2014) ont transformé le pays en champ de batailles communautaires
entre les éléments de la coalition Séléka
(majoritairement musulmane) et ceux des milices anti-Balaka
(chrétiennes).
Dans ce contexte, l'inégal développement de
certaines régions est, de plus, une cause profonde de
déséquilibre. Les marginalisations économiques induisent
des frustrations dont il ne faut pas négliger le fort potentiel de
révolte. Le cas de la République Centrafricaine n'est pas sans
rappeler contraire aux situations qui furent à l'origine de violences en
Guinée, en Haïti ou en Côte d'Ivoire.
Le risque souvent latent, mais parfois manifeste, d'une telle
marginalisation est que les frustrations qu'elle engendre au sein des
populations concernées n'entraînent des conflits à
dominante identitaire, qui eux-mêmes sont susceptibles de conduire
à des divisions et sécessions territoriales. Ce
phénomène n'est pas sans rappeler l'exacerbation des logiques
communautaires au Proche-Orient, par exemple au Liban, où l'opposition
entre populations sunnites et chiites reflète un état
d'ostracisme confessionnel réel. La volonté de faire
coïncider territoire, langue et/ou religion a pour conséquence une
politique d'homogénéisation du territoire et, à terme, une
séparation de territoire. Ce risque n'est pas propre à une
région du monde. Il est le fruit d'une politique et se profile toujours
sur une histoire complexe de construction territoriale. De fait, le
détachement de la Crimée et la situation prévalant dans la
partie orientale de l'Ukraine dessinent des trajectoires similaires. La
Transnistrie présente toutes les caractéristiques pour un
éventuel scénario similaire à celui qui a pris forme dans
certaines parties de l'Ukraine. Aucune généralisation n'est
possible pour circonscrire de telles situations et les traiter de
manière indistincte. Néanmoins, les facteurs qui les composent
combinent des éléments propres à un développement
économique souvent déficient, des particularismes identitaires
tendant vers des revendications d'autonomie, voire d'irrédentisme, et un
environnement régional qui favorise des stratégies
d'ingérence et de manipulation de la part d'États frontaliers ou
voisins.
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