II- La criminalité
transnationale organisée
Dans des contextes nationaux où la vie
économique et sociale était désorganisée, une
économie mafieuse accompagnée d'une violence endémique
propice aux trafics et aux rackets a pu prospérer. Aux violences et aux
guerres sont venues s'ajouter des rivalités liées au trafic de
diamants et de métaux précieux, ou encore au contrôle et au
pillage des ressources forestières, minières ou agricoles.
Loin d'être un épiphénomène, ces
activités criminelles sont devenues inséparables des milices et
des rébellions qu'elles alimentent et sur lesquelles, en retour, elles
s'appuient pour mieux se protéger. De même, la sous région
CEMAC voit se développer des activités liées au trafic
humain.
De façon similaire, le développement de la
piraterie maritime affecte de plein fouet la stabilité de nombreux
États francophones. En 2013, plus d'une cinquantaine d'attaques de
pirates ont été recensées en Afrique de l'Ouest par
exemple. Le golfe de Guinée est une des plus grandes zones à
risque au monde, notamment la frontière entre le Ghana et le Togo et
celle entre le Gabon et le Congo. Le golfe d'Aden et l'océan Indien, le
bassin somalien en particulier, constituent une autre cible d'attaque pour les
pirates qui, de mieux en mieux armés, s'en prennent à des bateaux
de pêche, de commerce ou de plaisance. Tout comme les enlèvements
opérés sur la terre ferme, la prise d'otages (Mali, Cameroun) est
une source de financement pour des bandes armées. Toutefois, au large
des côtes somaliennes, grâce à des opérations
maritimes menées par l'Union Européenne et l'Organisation du
Traité de l'Atlantique Nord(OTAN), les attaques de pirates ont
reculé de 40 % entre 2011 et juin 2014.
Plus généralement, dans des contextes politiques
déjà fragiles, les pratiques du crime organisé ont un
impact social négatif énorme en ce qu'elles contribuent à
saper les fondements de la sociabilité, de l'intégration et de la
cohésion sociale. Outre l'économie souterraine qu'elles
engendrent, avec son lot de corruption et de fuite de capitaux, ces pratiques
créent une culture parallèle, anticivique qui double
l'État, ou ce qui est supposé le représenter, pour tracer
un parcours d'insubordination et de marginalité.
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